Vendredi, sous le coup de 14h00, le bâtisseur de Djékanou a été inhumé dans l’intimité familiale dans son village, après un grand hommage à la hauteur de son rang.
Il a vécu. Il a bâti. Il a partagé le bonheur autour de lui. Et il est parti. Le doyen Abdoulaye Diallo a été inhumé à Djékanou, ce vendredi, après la prière de 13h à la mosquée du village.
De nombreuses hautes personnalités du pays ont effectué le déplacement à Djékanou, pour prendre part aux obsèques. Au nombre de celles-ci, Raymonde Goudou-Coffie, ministre-gouverneur et Amédé Kouakou, ministre en charge de l’Équipement et de l’Entretien routier (président du comité d’organisation), le président du Sénat, Jeannot Ahoussou-Kouadio, le ministre de la Réconciliation et de la Cohésion nationale, le ministre en charge du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des Pme Souleymane Diarrassouba.
Aux côtés de ces autorités, c’est une foule d’Ivoiriens qui a effectué le déplacement à Djékanou pour prendre part à l’ultime hommage de la Côte d’Ivoire à cet ancien proche collaborateur du premier Président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny.
La grande curiosité des funérailles d’Abdoulaye Diallo, c’est son caractère inhabituel. Musulman, le défunt a eu droit à un enterrement musulman. Mais, les chrétiens ne l’ont pas oublié.
En effet, vers 11h, pendant qu’à la porte de sa maison, des guides religieux musulmans faisaient des bénédictions, juste de l’autre côté de la principale voie, en face de sa résidence, les chrétiens catholiques étaient réunis dans la paroisse Sainte Catherine de Sienne pour suivre une messe pour le repos de son âme.
L’autre caractéristique des funérailles d’Abdoulaye Diallo qui n’a échappé à personne, c’est le volet traditionnel, un autre fait inhabituel dans les obsèques d’un musulman.
En effet, des danses traditionnelles ont entretenu l’ambiance dans la cour de sa résidence pendant toute la journée d’hier jusqu’à l’enterrement. Explications : L’homme était très attaché à la tradition.
Ses parents et tout Djékanou ne pouvaient pas faire autrement que de lui offrir des funérailles traditionnelles. C’est d’ailleurs le sens de la grande veillée de la nuit du jeudi à vendredi qui a tenu toutes ses promesses.
On est venu de Yamoussoukro, de Toumodi, et des villages environnants... pour danser, chanter jusqu’au petit matin. 3 mille, 4 mille, 5 mille... Combien étaient-elles ces personnes qui ont investi la cour du patriarche, dès 20h pour prendre part au show ? Tant l’esplanade de la résidence du défunt était pleine à craquer. Principaux animateurs de « la fête » : les chanteurs tradi-modernes de la musique Baoulé.
A 22h 45 min, alors que le show battait déjà son plein, « une revenante » – Savane Allah – a mis le feu aux poudres. Cela fait des années qu’elle a disparu de la scène. L’agréable surprise est de taille pour le public. Il ne boude pas son plaisir. Pendant 10 min, on chante en chœur avec elle.
Après Savane Allah, suivent, entre autres, N’Guess Bonsens et Amani Johnny qui relèvent le niveau des textes en Baoulé. Avec eux, les femmes envahissent l’arène. Ce qui ressemblait jusque-là à un concert vire enfin au bal poussière, la norme.
« Il s’agit de la veillée traditionnelle d’un vieux. C’est une fête. Ici nous ne sommes pas là pour pleurer. Mais pour danser », explique un homme, la quarantaine, instituteur dans le village, très occupé à filmer la scène à l’aide de son téléphone.
Alors, les « fêtards » ont dansé jusqu’au petit matin... Non seulement aux sons des chanteurs tradi-modernes, mais aussi aux rythmes de quelques groupes traditionnels. Comme cette belle danse venue de Bouaflé et exécutée essentiellement par les femmes.
Envoyé spécial à Djékanou • Goly, Zaouli, tambours parleurs pour dire au revoir à "Baba Djallo"
Les danses Goly, Zaouli, les tambours parleurs et la fanfare auront rivalisé pour animer, de manière exemplaire, les obsèques de Baba Djallo, comme l’appellent affectueusement certains à Djékanou. Toute la journée de vendredi, c’est-à-dire, le jour de l’enterrement, a été la leur.A partir de midi, soit une heure avant le départ de la dépouille à la mosquée, la dizaine de danses traditionnelles en haie dans la cour a fait monter le mercure. Pour saluer l’entrain et la qualité de leurs prestations, le maire, Ibrahim Diallo, fils du défunt, s’est levé de son siège pour féliciter ces généreux danseurs.
Pendant une quinzaine de minutes, on l’a vu fixer l’un des masques Zaouli dans ses prouesses, en hochant la tête de temps en temps comme pour dire : « C’est bien. Merci ».
C’est dans cette ambiance de danses traditionnelles que la Mercedes-corbillard beige est sortie de la résidence à 12h 45 min. La fanfare accompagnera le cortège funèbre jusqu’à la mosquée située à 800 mètres environ.
Après 10 minutes de marche, c’est l’arrivée. Silence de la fanfare et place aux bénédictions et prêches qu’on entend des haut-parleurs de la mosquée.
Puis, ce sera la prière du vendredi et la prière mortuaire. 13h 30 min, c’est le chemin retour en fanfare au domicile familial pour l’inhumation. A 13h 45 min, dès l’apparition du corbillard à l’entrée de la cour, les danses traditionnelles arrachent l’ambiance à la fanfare.
Les groupes de danse Goly, notamment, assurent l’accueil et l’accompagnement du véhicule mortuaire jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’endroit de l’inhumation. 13h55. Les tambours et flûtes se taisent. C’est le silence. Baba Djallo va rejoindre sa dernière demeure.