Riches ou pauvres, intellectuelles bardées de diplômes ou analphabètes, le cancer du sein peut toucher toutes les femmes. Venu le mois d'octobre, elles se mobilisent pour faire reculer une pathologie particulièrement éprouvante sur les plans physique, psychologique et financier. En Côte d’Ivoire, année après année, l’espoir grandit !
Un autre mois d’octobre, un autre mois pour faire le point d'une guerre sans concession, renforcer la stratégie et consolider l'espoir. Les vastes campagnes de sensibilisation et de dépistage font avancer la lutte. Depuis de nombreuses années, les organisations de la société civile soutiennent le personnel médical pour faire bouger les lignes. Engagées, les associations parcourent les grandes villes et les petites localités pour encourager les femmes à se faire dépister. Rappelant le thème de la campagne de sensibilisation Octobre rose 2023 « Découvert tôt, le cancer se guérit ». Selon le coordonnateur du Programme national de lutte contre le cancer (PNLC), Pr Innocent Adoubi, en Côte d’Ivoire, 70% des femmes arrivent à un stade tardif. Alors que dépisté tôt, le cancer se guérit totalement dans 9/10 cas. Durant tout le mois d’octobre, le Centre National d'Oncologie Médicale et de Radiothérapie Alassane Ouattara (CNRAO), situé au CHU de Cocody, recevra 200 personnes par jour pour le dépistage du cancer du sein.
Avec plus de 3 300 nouveaux cas et près de 1 800 décès chaque année, le cancer du sein, premier cancer de la femme en Côte d’Ivoire, représente 19% de tous les cancers.
Le gouvernement qui a fait de la prise en charge de cette pathologie une priorité, renforce l’arsenal thérapeutique par la construction de structures spécialisées et par l’accessibilité des traitements. L’ouverture du CNRAO en 2018 a marqué un important tournant grâce entre autres à la radiothérapie. Avec ce centre de référence qui est à la pointe du combat, on peut citer le service de cancérologie et l’unité d’oncologie pédiatrique du CHU de Treichville, le service d’hématologie du CHU de Yopougon, l’unité d’oncologie médicale du CHU de Bouaké. Ce dispositif est soutenu par l’institut de médecine nucléaire d’Abidjan qui permet d’améliorer le diagnostic et le traitement de diverses infections, notamment celles liées au cancer. Sans oublier le deuxième centre d’oncologie et de radiothérapie qui devrait ouvrir ses portes en 2025 à Grand-Bassam.
Aujourd’hui, comme le soutiennent les experts, le cancer peut se traiter entièrement en Côte d’Ivoire et dans de bonnes conditions avec un plateau technique qui répond aux normes internationales et une équipe pluridisciplinaire.
Avec l’ouverture d’un diplôme d’études spécialisées en cancérologie en Côte d’Ivoire, le nombre de spécialistes aussi augmente.
Dans la lutte contre le cancer, l’accès aux traitements est une avancée majeure. Et pour y arriver, l’État a signé des partenariats avec des firmes pharmaceutiques pour faciliter l’accès des populations aux soins. Une dizaine de médicaments sont gratuits. Il faut noter que dans le cadre des conventions avec des laboratoires, le gouvernement a aussi réussi à faire baisser considérablement le coût des protocoles thérapeutiques. Avec des protocoles innovants dont les coûts pouvaient atteindre 3 voire 4 millions par séance.
La politique sociale mise en place permet de donner à toutes les couches sociales les mêmes chances de survie face au cancer.
« L'État a mis en place une politique sociale qui permet à toute personne, même sans argent, de se soigner et de payer après, et de payer à son rythme. Aucun traitement n'est retardé pour des difficultés financières », assure Pr Judith Didi-Kouko Coulibaly, directrice du CNRAO.
« On peut sesoigner et payer après. Cette politique sociale est un grand soulagement pour de nombreux patients qui ne sont plus obligés de lancer des SOS pour assurer leurs soins », confirme BK, suivie au CNRAO depuis 2019.
Le gouvernement a consenti d’importants investissements qui ont augmenté le taux de guérison. Avec un appui qui se chiffre à 3,5 milliards de FCFA, dont 1 milliard de FCFA de prise en charge institutionnelle à 100% délivrée par l’État. Selon les chiffres disponibles en octobre 2022, depuis son ouverture en 2018, ce sont 755 patients qui ont été traités gratuitement au CNRAO.
Les efforts conjugués du gouvernement, du personnel soignant et des associations ont permis au CNRAO après seulement 4 ans et demi de fonctionnement, de réduire le risque de décès par cancer du sein de 25%. En cancérologie, le patient est déclaré guéri après dix ans de suivi sans récidive.