La classe politique en Côte d'Ivoire saluait vendredi la décision prise la veille par le président Alassane Ouattara de gracier 51 prisonniers, pour la plupart des acteurs des crises traversées par le pays depuis 2010.
L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo (2000-2011), a exprimé sa "satisfaction pour cet acte qui constitue une avancée positive vers la réconciliation nationale tant attendue".
Dans un communiqué, sa formation politique d'opposition, le Parti des peuples africains Côte d'Ivoire (PPA-CI) "salue cette décision" tout en évoquant "un goût d'inachevé" pour "ceux qui demeurent encore emprisonnés".
Parmi les 51 personnes graciées par le chef de l'Etat pour "oeuvrer résolument à la consolidation de la paix" figurent des acteurs de la crise post-électorale de 2010-2011 où les affrontements entre le camp de M. Gbagbo et celui de M. Ouattara avaient fait plus de 3.000 morts.
Leur libération était réclamée depuis plusieurs années par Laurent Gbagbo, lui-même gracié en août 2022.
"Je voudrais saluer cette mesure de grâce qui a été prise par le chef de l'Etat et dire merci pour cette initiative courageuse qui a été prise", a de son côté déclaré Charles Blé Goudé, lors d'un point de presse.
Le président du Congrès panafricain pour la justice et l'égalité des peuples (Cojep) a toutefois regretté que des citoyens "et non des moindres" aient été "omis", évoquant notamment son cas personnel. "Mon temps viendra", a-t-il ajouté.
Acquitté par la justice internationale pour son rôle pendant la crise de 2010-2011, tout comme son ex-mentor Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé reste sous le coup d'une condamnation dans son pays à 20 ans de prison, une peine qui n'est pas exécutée depuis son retour en 2022.
Il ne figure pas sur la liste des 51 graciés.
On y trouve en revanche Brunot Dogbo Blé, condamné en avril 2017 à 18 ans de prison pour son implication dans l'affaire des "disparus du Novotel", le meurtre de quatre personnes dont deux Français en avril 2011, au plus fort de la crise.
Des proches de l'ex-Premier ministre Guillaume Soro, ex-allié d'Alassane Ouattara désormais en disgrâce et en exil, sont également concernés.
Mais pour certains défenseurs des droits des victimes de la crise, ces mesures sont une déception.
"Cela met fin à toutes les possibilités que l'on avait pour obtenir réparation judiciaire pour les victimes" de la crise, déplore Willy Neth, président de la la Ligue ivoirienne des droits de l'homme (Lidho).
"Seule la justice peut apporter une réconciliation durable", ajoute t-il à l'AFP.
En 2018, le gouvernement ivoirien avait déjà pris une vaste loi d'amnistie au nom de la réconciliation nationale.
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