''Crises dans les pays de l'Alliance des États du Sahel (Aes) et pression migratoire sur la Côte d'Ivoire : impacts et adaptation des infrastructures socio-économiques’’, c'est autour de ce thème que des experts en questions migratoires, sécuritaires, et déplacements de personnes en situation de crises ont débattu. C'était à l'occasion du 6e Club du Cep initié par le Centre d’études prospectives (Cep), think tank dirigé par le ministre des Ressources animales et halieutiques, Sidi Tiémoko Touré, le jeudi 18 juillet 2024, à Abidjan-Plateau.
Le flux migratoire vers la Côte d’Ivoire lié aux crises que connaissent les pays de l'Alliance des États du Sahel (Aes) préoccupe plus d'un.
En l'entame de ce débats d'idées, les trois panélistes, à savoir Dr Hamed Tiécoura Coulibaly, chef de division au Bureau national de la prospective et de la veille stratégique, Francis Djaha, cadre au Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (Hcr) et Akpa Germain Yao, Conseiller technique au Conseil national de sécurité (Cns) ont fait l'état des lieux a été dressé.
Représentant Sidi Touré, le ministre de l’Enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’apprentissage, N’Guessan Koffi, membre fondateur du Cep, a relevé que depuis toujours et de façon naturelle, les déplacements de personnes dans l’espace ouest africain n’ont jamais été remis en cause. « C’est la libre circulation des personnes et des biens. Ceci constitue un exemple d’intégration réussie. En outre, les pays entretiennent avec les pays côtiers de l’Afrique de l’Ouest des relations commerciales de très longues dates. A cet effet, chaque membre a su trouver des solutions idoines pour accueillir sur son sol des cohortes de personnes à la recherche de bien-être salvateur, pour l’exercice des activités ou tout simplement pour s’installer », a expliqué le mandant de Sidi Touré. Poursuivant, il a souligné que dans ce sens, ''la Côte d’Ivoire fournit inlassablement des efforts à travers les dispositions adaptées en vue de rassurer les peuples frères de notre région qui arrivent dans notre pays conformément aux accords établis''.
Aux dires du ministre N’Guessan Koffi, la Côte d’Ivoire ne cessera de partager avec ses frères, les services de santé, d’éducation, de sécurité, etc. En ce sens, il a rappelé l’assistance à apporter aux cohortes de migrants sur le sol ivoirien. Cependant, dit-il durant ces dernières années, les effectifs des personnes connaissent une croissance, liée, en partie, aux questions d’insécurité dans les pays du Sahel confrontés à une lutte sans précédent contre le terrorisme et ses impacts sur les populations. ''Ce fléau et les instabilités socio-politiques enregistrées au sein de l’espace Cedeao engendrent des mouvements de populations mais aussi une crise de confiance relativement prononcée entre les pays. A cet égard, le président de la République, Alassane Ouattara a toujours prôné la voie de la concertation et la diplomatie active mais discrète comme méthodes de résolutions des problèmes dans notre espace commun », a-t-il indiqué, espérant qu’avec le temps, des solutions adaptées aux sensibilités africaines émergeront afin que les peuples retrouvent le vivre ensemble.
Francis Djaha du Hcr a pour sa part fait savoir qu’en Côte d’Ivoire, 62 000 personnes sont entrées pour chercher l’asile. Il a noté que 53 900 personnes ont été enregistrées de façon biométrique et sont reconnues comme des demandeurs d’asile dans le Nord du pays. Ces personnes, à l’écouter, viennent essentiellement du Burkina Faso et du Mali voisins, avec un taux de 81% de personnes à besoins spécifiques. ''Il s’agit pour la plupart de femmes et d’enfants souvent seuls et des personnes malades ou faibles qui ont besoin d’assistance. D’ici à fin décembre, le nombre de personnes fuyant le Burkina Faso vers la Côte d’Ivoire passera à 80 000, si l’on s’en tient à la moyenne de 2000 personnes qui arrivent en terre ivoirienne chaque mois.'', a expliqué le cadre du HCR.
Parlant pour le compte du Cns, Conseiller technique Akpo Germain Yao a rappelé les efforts du gouvernement pour gérer ce flux massif de personnes. Selon lui, des écoles, des centres de santé, des forages d’eau potable, près de 2000 abris ont été construits pour permettre aux demandeurs d’asile d’avoir le minimum. Cependant, il a annoncé que d’ici la fin de l’année, des mesures seront prises pour les faire retourner dans leurs pays. Il a indiqué que les activités liées à la terre ont été proscrites pour ces personnes qui pour la plupart sont des agriculteurs. Cela, pour éviter de nouvelles crises foncières en Côte d’Ivoire.
Cyprien K.