La Cour pénale internationale (CPI) va fermer en 2025 son bureau en Côte d'Ivoire, tout en continuant d'enquêter sur les crimes commis pendant les crises des années 2000, a appris l'AFP mercredi auprès d'une source proche du dossier.
Selon cette source, une délégation de la CPI est à Abidjan jusqu'à jeudi pour formellement notifier à la Côte d'Ivoire la fermeture de ce bureau.
Dans son projet de budget pour 2025, la Cour a indiqué qu'elle compte "supprimer sa présence physique à Abidjan au milieu de l'année".
La CPI enquête depuis 2011 sur des crimes commis pendant la crise post-électorale de 2010-2011 qui a fait plus de 3.000 morts et sur des crimes commis lors de la crise politico-
militaire entre 2002 et 2010.
La première phase de ces enquêtes avaient conduit à l'émission de mandats d'arrêt contre l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo (2000-2011) et son ancien bras droit Charles Blé
Goudé.
Tous deux ont été incarcérés plusieurs années au centre de détention de la CPI de la Haye et finalement acquittés en 2019 de crimes contre l'humanité. Ils sont rentrés depuis en Côte d'Ivoire.
La CPI continue d'enquêter sur un deuxième volet, ciblant cette fois des personnalités du camp de l'actuel président Alassane Ouattara. Elle devrait rendre ses conclusions l'année
prochaine.
Selon son projet de budget, la Cour achèvera également en 2025 son programme d'assistance auprès des victimes de ces crises, après avoir "réparé le préjudice" subi par
quelque 8.000 d'entre elles.
"Si le bureau de la CPI estime qu'il a fini sa mission ici et qu'il doit fermer, nous ne pouvons que nous en réjouir. Cela montre bien que nos juridictions nationales marchent bien et ont pris la place", a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement Amadou Coulibaly.
"Les enquêtes sont toujours en cours sur le deuxième volet, cette annonce de fermeture est dificile à comprendre. C'est un mauvais signal. Les victimes attendent que la CPI aille au bout de ses enquêtes", a déploré Willy Neth, président de la Ligue ivoirienne des droits de l'homme (Lidho).
En février, le président Ouattara avait gracié une cinquantaine de prisonniers, pour la plupart des acteurs de crises traversées par le pays depuis 2010.
En 2018, le gouvernement ivoirien avait déjà pris une vaste loi d'amnistie au nom de la réconciliation nationale.
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