San Pedro, 05 oct 2024 (AIP) – Les pharmaciens ivoiriens ont consacré les assises de la 11e Journée de l’Ordre national des pharmaciens de Côte d’Ivoire (JONPCI), tenue du jeudi 03 au vendredi 04 octobre 2024 à San Pedro, à analyser la situation de la phytothérapie et à dégager les perspectives concernant le rôle qu’ils pourraient jouer dans la phytothérapie ou les soins par les plantes.
Plus de 800 pharmaciens praticiens, des acteurs de la phytothérapie et des consultants ont identifié divers défis à relever pour développer la phytothérapie en Côte d’Ivoire, notamment le manque d’instituts de recherche et de laboratoires nationaux pour tester et homologuer les produits, la disponibilité des plantes constituant la matière première, la formation des praticiens et le financement des unités de production de médicaments à base de plantes.
Les tests de qualité, de sécurité et de toxicité des médicaments traditionnels se font jusqu’à présent à l’étranger, à des coûts élevés pouvant atteindre quatre à cinq millions FCFA pour un seul produit.
Le président du conseil national de l’ordre des pharmaciens de Côte d’Ivoire, Dr Arouna Diarra, a annoncé que les pharmaciens sont favorables au soutien de la construction d’un institut de recherche, pour lequel l’État a déjà acquis un terrain de 30 hectares.
Pour résoudre le problème de disponibilité et de qualité de la matière première, le conseil national de l’ordre des pharmaciens envisage de créer des plantations d’essences aux vertus thérapeutiques pour la médecine humaine et animale, en collaboration avec le Centre national de recherche agronomique (CNRA) et la direction de la forêt et des faunes.
Dr Arouna a souligné que l’objectif est de produire, en collaboration avec les praticiens de la médecine traditionnelle et les fournisseurs de produits à base de plantes locales, des médicaments améliorés pour la santé et le bien-être des populations.
Le directeur coordonnateur du programme national de promotion de la médecine traditionnelle, Dr Kroa Ehoulé, a indiqué que les plantes médicinales locales ne sont pas toutes utilisables pour la fabrication de médicaments. En effet, des analyses de laboratoire ont révélé dans des échantillons prélevés sur les marchés ivoiriens la présence de molécules de pesticides et d’engrais ainsi que des métaux lourds tels que le mercure, le plomb et le cadmium, responsables de maladies comme le cancer.
Il a encouragé les pharmaciens à changer de paradigme et à investir dans des unités de production de médicaments homologués à base de plantes, plutôt que de laisser le secteur à la charge des praticiens de médecine traditionnelle du monde rural.
Le président de l’Organisation nationale des praticiens de médecine traditionnelle de Côte d’Ivoire, Mamadou Ouattara, s’est réjoui de l’intérêt que les pharmaciens portent à la phytothérapie.
Il a indiqué qu’après l’adoption en 2015 de la loi portant réglementation de la médecine traditionnelle, plus de 20.000 praticiens de la médecine traditionnelle ont été identifiés et sont encadrés dans 113 districts sanitaires du pays.
La 11e journée de l’ordre national des pharmaciens de Côte d’Ivoire (JONPCI) a été marquée par des tables rondes et des communications en lien avec le thème central, “La place du pharmacien dans la phytothérapie et les thérapeutiques alternatives”.
Les ordres des pharmaciens du Burkina Faso, du Cameroun, du Benin, du Togo, de la Guinée Conakry, du Niger et du Mali, ont pris part cette rencontre.
nbf/fmo