Une délégation ivoirienne, composée, notamment, du Délégué Régional du Conseil du Café-Cacao à Soubré, Doumbia Siaka, de la Chef de Service Gestion Environnementale et Sociale, de la Direction de l’Appui au Développement Agricole du Conseil du Café-Cacao, Konan Déborah, des Chefs de Services, Chargés d’études et agents du MINADER, MINEF, et des structures sous tutelle ainsi que des présidents de Conseil d’Administration de Coopératives agricoles a effectué un voyage d’étude du 13 au 18 octobre 2024, au Cameroun.
Cette mission, portant sur « les systèmes agroforestiers et paiements pour services environnementaux (PSE) » a été organisée par le Centre d’Investissement de la FAO.
La première journée a été marquée par une rencontre de la délégation ivoirienne avec le Secrétaire Exécutif du Conseil Interprofessionnel du Café et du Cacao (CICC) du Cameroun lequel, pour l’occasion, aura présenté la structuration et les initiatives du CICC dans le pays.
La délégation ivoirienne, quant à elle, a exposé les lignes directrices pour l’agroforesterie dans la cacaoculture en Côte d’Ivoire, particulièrement, en s’appuyant sur la Norme ARS 1000 pour un cacao durable, ainsi que les actions et initiatives portées par Le Conseil du Café-Cacao dans le domaine. Ce même jour, la délégation ivoirienne a échangé avec l’Office National du Cacao et du Café (ONCC) du Cameroun et effectué une visite guidée de leur laboratoire central. À cette occasion, le Directeur de la Qualité et de la Durabilité a présenté l’ONCC, soulignant le potentiel du cacao dans l’agriculture et l’économie du Cameroun, ainsi que les activités du Comité Cacao Durable du pays. La délégation ivoirienne s’est rendue à Lembe Yezoum, à 150 km de Yaoundé, le second jour pour rencontrer la Société Coopérative des Producteurs Certifiés de Minkama.
Lors de cette visite, les Ivoiriens ont pu visiter le centre d’excellence de Lembe Yezoum dédié au traitement post-récolte du cacao, ainsi qu’une plantation de cacao en agroforesterie.
Le troisième a été consacré à la visite de deux (2) autres parcelles, une à N’Tui et l’autre à Biatsota. Ces parcelles sont la représentation de trois (3) postulats d’itinéraire technique à la culture du cacaoyer qui promeut l’agroforesterie dans 3 milieux. Il s'agit de la Forêt dense où l’installation de la cacaoyère se fait en plusieurs étapes. La première année, un nettoyage sous-bois est réalisé suivi de l’introduction de la culture du maïs pour préparer l’introduction de la cacaoyère. L’année suivante, suit le bananier. Un problème phytosanitaire est observé dans ce milieu, une forte présence de pourriture brune. Ensuite, de la Forêt galerie où l’installation de la cacaoyère suit le même itinéraire que celui en forêt dense. La cacaoyère est installée sous-bois. Lors de sa croissance, il est procédé à l’abattage sélectif des arbres pour équilibrer l’ombrage naturel et l’exposition du cacaoyer à la lumière. Ce procédé permet de diversifier les sources de revenus du producteurs, grâce à l’exploitation de diverses essences d’arbres tels que l’iroko, l’apki, le fraké, l’avocatier. Enfin la savane où la culture de cacao est réalisée en plein soleil. Avec un rendement élevé. Grâce à l’utilisation de semences sélectionnées permettant des récoltes toutes les 4 à 6 semaines avec peu d’arbres.
Un atelier à Yaoundé sur l’agroforesterie à base de cacao qui visait à échanger sur la durabilité du cacao au Cameroun s'est tenu le quatrième jour. A travers la caractérisation des systèmes agroforestiers, les initiatives nationales pour une production durable et les outils pour accompagner la transition agro-écologique. L’objectif était donc de partager les connaissances et d’encourager les pratiques agroforestières. Les présentations portaient sur : la caractérisation des systèmes agroforestiers camerounais à base de cacao ; le référentiel de cacao agroforestier camerounais ; la vision et les initiatives du Cameroun sur la durabilité du cacao ; le guichet transition agro-écologique. Cet atelier aura permis, notamment, d’identifier des stratégies pour promouvoir la durabilité du cacao au Cameroun, en mettant l’accent sur les systèmes agroforestiers, les référentiels de bonnes pratiques et les mécanismes de financement pour soutenir la transition agro-écologique.
Au cinquième jour de ce voyage d'étude la FAO et l’ONCC ont organisé deux visites à l’usine chocolatière Ca’Oly (AFRICA PROCESSING COMPAGNY SA) et au siège du FODECC, dans le cadre des initiatives visant à renforcer la durabilité dans le secteur du cacao. Ces visites avaient pour but de permettre à la délégation ivoirienne de découvrir les pratiques camerounaises en matière de transformation locale du cacao, ainsi que les dispositifs de financement soutenant les projets agro-écologiques. Lors de la visite de l’usine, Lisette Claudia Tame, présidente-directrice générale de Ca’Oly a souligné que l’approvisionnement en fèves de cacao s’effectue principalement par le biais des coopératives locales.
La délégation ivoirienne a, quant à elle, soulevé plusieurs sujets d’intérêt, notamment, le système de traçabilité mis en place pour assurer la qualité et la transparence des produits, les stratégies marketing adoptées pour se positionner sur les marchés cibles, ainsi que les mesures envisagées pour atténuer les problèmes d’approvisionnement énergétique qui affectent également les installations artisanales.
Lors de la seconde visite, Donatien Samuel Nengue , administrateur du FODECC, a brièvement exposé les initiatives prometteuses de la Côte d’Ivoire en matière de recherche et développement dans le secteur du cacao, visant à améliorer la productivité de cette filière stratégique. La délégation ivoirienne a également introduit le Conseil du Café-Cacao, en précisant ses rôles et ses responsabilités. Les collaborateurs de l’administrateur ont exprimé un vif intérêt pour les pratiques exemplaires du Conseil du Café-Cacao, particulièrement en ce qui concerne la promotion de la qualité, les mécanismes de formulation des projets à vocation sociale et les initiatives visant à renforcer la reforestation.
Par ailleurs, les discussions ont porté sur le système de traçabilité et les modalités de commercialisation du cacao, ainsi que sur les mesures de lutte contre la maladie du Swollen Shoot, qui constitue une menace importante pour la production.
Au terme de cette mission d’étude, les relations entre la Côte d’Ivoire et le Cameroun dans le secteur du cacao ont été renforcées, surtout par un partage d’expériences enrichissant sur les stratégies de transformation locale et les dispositifs de financement pour promouvoir la durabilité.
Cyprien K.