L’Ordre des géomètres-experts de Côte d’Ivoire a participé aux 9e universités de perfectionnement des géomètres francophones à Kigali, au Rwanda, du 27 au 29 novembre 2024.
Vous rentrez de Kigali où vous avez pris part à la 9e édition des universités de perfectionnement des géomètres francophones. De quoi était-il question lors de cette rencontre de la capitale rwandaise ?
Les universités de perfectionnement des géomètres francophones est une association affi liée à la Francophonie.
Sa mission première est de rassembler les géomètres francophones pour traiter des questions relatives au métier de géomètre au sein de la Francophonie.
À Kigali, nous nous sommes retrouvés pour un partage d’expériences. Les géomètres étant souvent confrontés aux problèmes d’aménagement du territoire et aux questions existentielles du foncier, chaque pays propose des solutions
que des confrères peuvent mutualiser sur d’autres territoires.
Comme son nom l’indique, c’est une université où nous allons pour apprendre et donner le savoir. Kigali a été donc le rendez-vous du donner et du recevoir.
Qu’est-ce que la Côte d’Ivoire a apporté aux débats et que ramenez-vous de Kigali ?
Kigali a été le lieu pour les géomètres-experts de Côte d’Ivoire de partager l’expérience de la sécurisation foncière de la Côte d’Ivoire.
Qui a une grande expérience en matière de gestion du foncier rural et urbain. J’ai pris la parole pour mettre en exergue cette expérience, relativement à la loi de 1998 sur le foncier rural et tous les projets qui ont suivi. Ce qui fait qu’aujourd’hui, l’Afor qui est une structure étatique, initie des projets de grande envergure pour sécuriser les parcelles des détenteurs des droits coutumiers en Côte d’Ivoire. L’expérience de notre pays a été très bien accueillie par nos confrères.
Que dit la loi de 1998 que vous venez de citer ?
La loi de 1998 sur le foncierrural a créé un nouveau cadre de gestion du foncier rural en Côte d’Ivoire. Avant cette année, le foncier en général était géré par le décret-loi du 26 juillet 1932 qui réglementait l’immatriculation en Afrique occidentale française (Aof). Avec la loi de 1998, la notion de détenteur de droits coutumiers est apparue dans le mécanisme juridique et institutionnel ivoirien. Ainsi, les Ivoiriens qui pouvaient justifi er d’une autochtonie étaient détenteurs de droits coutumiers.
En clair, l’État a reconnu, à partir de cette année-là, le droit coutumier aux populations ivoiriennes. La loi décrit également le mécanisme par lequel un prétendu détenteur de droits coutumiers peut devenir propriétaire.
Autre fait marquant, vous avez obtenu l’organisation de la 10e session des universités de perfectionnement, en 2025, à Abidjan.
Quels sont les arguments qui ont milité en faveur de la Côte d’Ivoire ?
La Côte d’Ivoire a déjà organisé l’édition 2016 des universités de perfectionnement de la Fédération des géomètres francophones (Fgf). Fort de cette expérience, nous avons candidaté de nouveau. Aussi, la Côte d’Ivoire regorge aujourd’hui d’importantes infrastructures capables d’abriter ce types d’événements. Notamment le Parc des expositions et le Sofi tel Abidjan Hôtel Ivoire, en plus des routes. Il y a Ainsi, nous lançons un appel à la mobilisation de tous nos
confrères. À l’État de Côte d’Ivoire, nous demandons un appui institutionnel, pour que nous soyons les conseillers
des autorités dans toutes les régions. Cela, pour l’assurance de la bonne exécution des tâches en matière foncière.
Que réservez-vous à vos confrères, à Abidjan, en 2025 ?
Le rendez-vous d’Abidjan sera axé sur le spatial. Comment avec les outils de l’Intelligence artificielle (Ia), peuvent être traitées les questions de l’occupation du sol avec agilité et effi cacité.
Pour cela, nous allons organiser des conférences thématiques, des expositions, des rencontres B to B... Ce sera
un marché où les besoins et les offres se rencontreront. Abidjan 2025 sera un cadre de partage et de réfl exion sur des questions pertinentes qui ont trouvé des solutions ailleurs. Sont concernés par ce rendez-vous, à part les géomètres-experts qui bénéficient d’un monopole dans l’exercice de leur métier et qui ont une mission de délégation de service public en matière foncière, tous les géomètres qui sont au cadastre, à la conservation foncière, au Bnetd, à l’Agence
foncière rurale...
Retenez aussi que 2025 sera une année chargée d’activités pour les géomètres-experts. Nous célébrons les 55 ans de notre organisation ordinale et le 20e anniversaire du Fgf, en plus des 10e universités de perfectionnement qui ont une mission de délégation de service public en matière foncière, tous lesgéomètres qui sont au cadastre, à la conservation foncière, au Bnetd, à l’Agence foncière rurale...
Quelle est la différence entre les géomètres-experts et les autres à qui vous faites allusion ?
Le géomètre-expert, c’est le géomètre qui a suivi un processus, un stage réglementaire, qui a prêté serment et qui est inscrit au tableau de l’Ordre des géomètres-experts de Côte d’Ivoire. Il est le seul habilité à créer les parcelles foncières dans le domaine rural et urbain.
Les autres géomètres sont ceux qui ont fait des études de sciences géographiques et qui ont un diplôme de géomètre.
Permettez-moi de profi ter de notre entretien pour faire un plaidoyer auprès de nos concitoyens relativement aux difficultés liées au foncier que nous constatons ça et là. Ils doivent impérativement s’adresser aux géomètres-experts. Ce sont des personnes bien formées et qui ont la qualité suffissante pour traiter les questions foncières. En s’adressant aux intermédiaires, ils prennent le risque de perdre leur patrimoine. Je demande également à nos autorités
de reconnaître que le géomètre-expert est le seul professionnel qualifié pour créer la parcelle et faire le bornage.
En autorisant des personnes non habilitées et non qualifiées pour exercer ce métier au vu et au su de tout le monde, c’est comme si on permettait aux vendeurs de médicaments de la rue de s’approvisionner à la pharmacie. donc un environnement que je qualifierais d’émergent pour accueillir n’importe quel rendez-vous à Abidjan.
INTERVIEW RÉALISÉE PAR MARC YEVOU