À l'occasion de la Journée internationale des langues maternelles, célébrée chaque année le 21 février, l'ONG Ma Langue, Mon Héritage a lancé un appel poignant à la préservation des langues ivoiriennes, un patrimoine culturel en voie de disparition. Ci-dessous sa déclaration :
DECLARATION DE L’ONG MA LANGUE, MON HÉRITAGE À L’OCCASION DE LA CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES LANGUES MATERNELLES
A l’instar des terres cultivables de notre pays qui se raréfient avec l’avancée du désert au Nord et du littoral majestueux au Sud qui connait jour après jour une érosion continue, nos langues maternelles, socle de notre éducation sont également en voie de disparition, vouées ainsi à une incertitude existentielle.
Des recherches menées par Institut de Linguistique Appliquée de l’Université Felix Houphouët-Boigny d’Abidjan, font état de plusieurs langues ivoiriennes menacées d’extinction. Parmi ces langues, on compte l’ESSOUMA, langue déjà morte et d’autres à savoir : l’Ega dans l’enclave de Divo, le Sokia ou Kouya à l’Ouest, le bêrê, le mona, le toura, le djeli, le bron etc.
Cette situation appelle une intervention urgente pour revitaliser et faire la promotion de ces langues locales qui constituent un pan important du patrimoine ethnolinguistique de la Côte d’Ivoire à préserver.
L’importance de ces langues pour les populations a conduit l’UNESCO depuis 1953 à encourager l’enseignement en langue maternelle dans les premières années de la scolarisation. Pour cette institution, les enfants apprennent mieux dans leur langue maternelle.
Les causes de cette disparition des langues ivoiriennes sont diverses et se situent à plusieurs niveaux. Il s’agit notamment de :
- La Rupture de la transmission intergénérationnelle entre les parents et leurs enfants qui empêchent la pratique quotidienne de la langue et sa conservation ; le choix du français comme unique langue officielle dans la Constitution ; L’Exode des populations vers des zones urbaines ; les Conflits intercommunautaires, l’urbanisation etc.
Notre objectif ne vise nullement ici à remettre en cause l’usage du français dans l’espace public ivoirien au profit des langues locales. Notre démarche consiste à mettre en avant l’apport substantiel des langues ivoiriennes comme sources de richesses, de Valeurs de vie communautaire, d’épanouissement et de développement de l’estime de soi.
A l’occasion de la journée internationale des Langues maternelles célébrée ce vendredi 21 Février 2025, l’ONG, Ma Langue, Mon Héritage voudrait inviter les populations ivoiriennes à s’approprier ou se réapproprier leurs langues maternelles qui regorgent de valeurs culturelles et sociales. Ainsi que le gouvernement à travailler à l’actualisation du fichier des langues ivoiriennes, vivantes, mortes ou en mutation pour en définir le nombre exact.
Car La langue est également une des forces motrices qui conduit l’ensemble de la nation vers le progrès et le développement. Il est alors plus que nécessaire de faire place aux langues ivoiriennes dans tous les domaines de la vie publique en Côte d’Ivoire afin d’ouvrir la voie à un développement harmonieux et efficient. Comprendre et pratiquer sa langue maternelle est non seulement synonyme de fierté, mais également estime de soi qui permet de mieux se connaitre, de véhiculer des Valeurs de vie communautaires mais surtout d’appréhender l’Autre.
Mme Korona SÉKONGO
Journaliste, Présidente de l’ONG Ma Langue, Mon Héritage
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