Avec un chiffre d’affaires estimé à près de 50 milliards de FCFA, le marché des paris sportifs en Côte d’Ivoire connaît une croissance fulgurante. Lors de la deuxième journée des Matinales de la Lonaci, tenues ce vendredi 16 mai 2025 à Abidjan-Marcory en marge de la 4e édition du B2B Day, un panel s’est penché sur cette dynamique, non pas seulement pour en célébrer les performances économiques, mais surtout pour interroger les impacts sociaux et les responsabilités qui en découlent.
Pour Sidick Bakayoko, fondateur de Paradise Game, cette explosion des paris en ligne découle directement de la transformation digitale de la société ivoirienne. « Le numérique rend les paris plus accessibles, plus interactifs. Les parieurs ne misent plus au hasard, ils s’appuient sur des données sportives précises : statistiques de joueurs, performances passées, historiques de rencontres », explique-t-il.
Cette nouvelle forme de participation transforme les habitudes de consommation et attire une population jeune, connectée et souvent avide de gains rapides. Le taux de croissance annuel du secteur, estimé entre 10 et 15 %, reflète cet engouement.
Mais à cette croissance s’ajoute une zone d’ombre : le risque d’addiction et d’endettement, notamment chez les jeunes. « Il ne faut pas perdre de vue que ces jeux comportent des risques. La recherche du gain ne doit pas se transformer en piège. Il faut éduquer, encadrer, sensibiliser », alerte Sidick Bakayoko.
Un message que partage Ballacosse Ouattara, responsable des jeux et du back-office à la Loterie nationale de Côte d’Ivoire (Lonaci), qui insiste sur l’interdiction stricte des jeux aux mineurs. « Nous avons des outils pour bloquer leur accès. La protection des plus vulnérables est une priorité absolue », déclare-t-il.
Tout en renforçant son engagement pour un jeu responsable, la Lonaci prévoit d’intensifier ses efforts numériques. De nouveaux projets digitaux seront lancés dans les mois à venir pour répondre aux attentes d’un public de plus en plus tourné vers les plateformes en ligne. « Mais chaque innovation doit s’accompagner d’un cadre éthique et de mécanismes de contrôle efficaces », précise Ballacosse Ouattara.
La Lonaci mise également sur la redistribution sociale des gains issus des jeux, via sa fondation. Centres de santé, infrastructures scolaires et maternités sont autant d’initiatives financées grâce à ces revenus. « Ce secteur ne doit pas être vu uniquement comme une source de profits. Il peut aussi être un vecteur de solidarité nationale », affirme-t-il.
À travers les échanges de ce panel, une conviction émerge : le développement des paris sportifs en ligne doit s’accompagner d’une vigilance collective. État, entreprises, éducateurs, parents – tous ont un rôle à jouer dans l’établissement d’un cadre éthique, pédagogique et réglementaire.
Cyprien K.
