Le rapport régional « Parcours vers la prospérité pour les adolescentes en Afrique », est officiellement lancé le mardi 10 juin à Abidjan-Plateau. Fruit d’une collaboration entre la Banque mondiale, le Population Council, le Center for Global Development (CGD) et le gouvernement ivoirien, ce rapport propose une feuille de route ambitieuse pour transformer les défis démographiques du continent en opportunités économiques durables.
L’Afrique compte actuellement 145 millions d’adolescentes, et la Côte d’Ivoire se trouve au cœur de cette dynamique, avec près de 50 % de sa population âgée de moins de 25 ans. Cette jeunesse, si elle est bien accompagnée, peut devenir un levier majeur pour le développement du pays. Mais les obstacles sont encore nombreux : mariages précoces, décrochage scolaire, accès limité aux soins de santé reproductive, inégalités économiques et fractures numériques freinent l’épanouissement du potentiel féminin.
Le rapport dévoile des statistiques saisissantes. Si 60,2 % des filles de 12 à 15 ans sont scolarisées au premier cycle du secondaire, ce taux chute à 24,5 % pour les filles de 16 à 18 ans. Près d'une adolescente sur quatre (23 %) a déjà été enceinte, et seulement 31,8 % ont utilisé Internet, contre 50,5 % des garçons.
Sur le plan économique, 27,1 % des adolescentes travaillent, mais la plupart sont cantonnées à des emplois informels, souvent précaires. Côté juridique, la Côte d’Ivoire affiche un score encourageant de 77,5/100 sur l’indice « Women, Business and the Law » de la Banque mondiale, mais un faible 24,2/100 en matière de mise en œuvre concrète des dispositifs de soutien.
La situation varie considérablement selon les régions. Les adolescentes des districts du Woroba (56,6 % de vulnérabilité) et du Zanzan (54,9 %) sont particulièrement exposées, tandis que celles de Yamoussoukro (24,7 %) s’en sortent relativement mieux.
L'écart entre filles et garçons reste préoccupant : 25,5 % des adolescentes ne sont ni scolarisées ni en activité, contre 8,4 % des garçons. Les mariages précoces touchent 25,7 % des filles contre 2,2 % des garçons – un facteur majeur de décrochage scolaire.
Le rapport ne se contente pas de dresser un état des lieux : il propose des recommandations ciblées pour la Côte d’Ivoire, parmi lesquelles le renforcement de l’accès à l’éducation, notamment en zones rurales et pour les filles en situation de travail; la garantir des services de santé reproductive et la protection contre les mariages précoces; la promotion de l’inclusion économique des filles par la formation professionnelle et l’accès aux technologies; la mise en œuvre des lois existantes et l'amélioration de la coordination intersectorielle. Enfin, l'amélioration de la collecte de données désagrégées pour orienter les politiques publiques.
Le lancement de ce rapport s’inscrit dans la continuité des efforts menés par la Côte d’Ivoire, notamment avec les programmes « Une fille qui apprend, une femme qui gagne (FAFG) » et SWEDD. Mais il appelle aussi à une mobilisation plus large.
Cyprien K.

