L'homme d'affaires israélien Dan Gertler, ayant fait fortune avec des activités minières en RDC, a longtemps été au centre de controverses liées à des accusations de corruption.
Accusé d'avoir amassé une fortune grâce à ses liens présumés avec l'ancien président congolais Joseph Kabila, Gertler a toujours nié ces allégations.
Des sanctions américaines dans un contexte de lutte contre la corruption
En 2017 puis en 2018, les États-Unis ont imposé des sanctions à Dan Gertler et à plus de 30 de ses sociétés, principalement en raison de ses liens avec Kabila, qu'il aurait aidé à accumuler des richesses via des contrats miniers et pétroliers.
Ces sanctions visaient notamment à limiter ses interactions avec le gouvernement congolais, dans le cadre d'une lutte contre la corruption et la mauvaise gestion des ressources.
Malgré une brève levée en 2020, ces sanctions ont été réinstaurées en mars 2021, suite à des préoccupations concernant son influence persistante sur l'industrie minière en RDC.
Le plaidoyer du président congolais
Arrivé au pouvoir en janvier 2019, le président Félix Tshisekedi a plaidé en faveur de Gertler, notamment dans une lettre adressée à l'administration Biden en mai 2022, demandant la levée des sanctions. Selon Kinshasa, celles-ci n'étaient plus justifiées, mais plusieurs ONG ont contesté cette position, soulignant l'influence continue de Gertler.
Le président congolais a affirmé que ces sanctions, qualifiées de « transformatrices et salvatrices », avaient permis de faire évoluer la situation en poussant Gertler et son groupe à négocier.
Il a indiqué que Gertler aurait renoncé à ses licences d'exploitation minière, pétrolière, tous ses actifs et à une partie de ses revenus futurs, avec une valeur estimée à environ 2 milliards de dollars pour la RDC.
Les accusations des ONGs
Les ONG locales et internationales accusent Gertler de piller les ressources de la RDC, privant l'État de centaines de millions de dollars et contribuant à la pauvreté du pays.
Il lui etait aussi reproché d'avoir dissimulé ses activités via des sociétés-écrans et prête-noms, en dépit des sanctions.
Le consortium « La RDC n'est pas à vendre » publie régulièrement des rapports dénonçant le manque de transparence dans la cession des gisements miniers, vendus indûment à Gertler depuis 23 ans.
Dirk Shaka, un cadre du consortium, insiste sur l'importance de récupérer ces gisements afin de permettre au gouvernement congolais de mieux exploiter ses ressources et de financer des actions sociales.
Dans une déclaration publiée le 21 juillet, le consortium affirme que Gertler continue de percevoir des "royalties qui lui ramènent des sommes considérables et qui ont été obtenues de manière irrégulière."
Gertler face à la justice israélienne
Après une longue bataille judiciaire, une procédure d'arbitrage en Israël impliquant Gertler a connu son verdict.
Cette procédure concernait un litige financier avec les frères Moshe et Mendi Gertner, qui réclamaient près de 1,6 milliard de dollars.
L'arbitre, un ancien président de tribunal israélien, a condamné Gertler à verser aux frères Gertner un montant avoisinant 85 millions USD.
Un différend strictement financier, pas pénal
Il est crucial de préciser que cette procédure d'arbitrage portait exclusivement sur des enjeux financiers, et non sur une enquête pénale.
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Pour ses proches, cette décision marque une étape décisive après deux décennies de soupçons. Elle permet enfin de faire la distinction entre faits et rumeurs, en mettant en lumière ses contributions sociales en RDC.
Carbone Beni, directeur d'ICONIA et président du Mouvement PACTE, appelle à une lecture renouvelée, soulignant que la justice doit aussi devenir sociale et économique.
Selon lui, les sanctions américaines, fondées sur des présomptions, apparaissent aujourd'hui comme dénuées de fondement objectif, et leur maintien freine le développement du pays en privant la RDC de ressources essentielles.
Perspectives et enjeux futurs
Selon ses défenseurs, la voie pourrait être ouverte à ce qu'ils appellent à une réhabilitation de Gertler sur la scène internationale, lui permettant de restaurer ses liens avec les institutions financières et les multinationales.
Le Consortium Le Congo n'est pas à vendre ne l'entend pas de cette oreille. Selon ses soutiens, la décision d'arbirage ne blanchit nullement M. Gertler car n'ayant pas compétence criminelle. Au contraire, ils souhaitent que "ces révélations renforcent la nécessité de maintenir des sanctions et d'envisager des poursuites judiciaires contre l'homme d'affaires."
Il reste cependant à voir si la justice judiciaire en RDC prendra en compte ces nouveaux éléments, afin de dénouer définitivement la complexité de ce dossier.
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