Le Président sortant Alassane Ouattara, a annoncé sa candidature à la prochaine présidentielle ivoirienne d'octobre 2025.
Dans une déclaration solennelle faite à la télévision publique (RTI), Ouattara 83 ans a ''décidé d'être candidat à l'élection présidentielle'' justifiant cette décision par une menace "sécuritaire, économique et monétaire sans précédent".
Investi comme candidat du RHDP (Rassemblement des houpouëtistes pour la Démocratie et la Paix), parti au pouvoir, réuni en Congrès en juin dernier à Abidjan, Alassane Ouattara avait servi une réponse qui entretenait le flou sur ses intentions réelles.
En déclarant qu'il se prononcerait « dans les jours qui viennent », le président ivoirien avait maintenu le suspense sur sa candidature controversée pour un quatrième mandat à la tête de la Côte d'Ivoire.
« Je vous ai compris. Je vous remercie pour votre confiance. Je prendrai dans les jours qui viennent, après mûre réflexion, une décision en mon âme et conscience », a-t-il répondu aux militants qui ont longuement acclamé sa désignation comme candidat du RHDP.
Une réponse intrigante
Pour Arthur Banga, analyste politique ivoirien, ce choix de différer sa réponse était juste une stratégie visant à choisir un moment plus propice pour annoncer sa candidature au peuple ivoirien.
« Derrière cette réaction, il y a une stratégie de Ouattara de chercher une occasion plus solennelle de s'adresser aux Ivoiriens au-delà de son camp politique, le RHDP, pour annoncer sa candidature » dit M. Banga.
« Vous vous rappelez que c'était le cas en 2020. Il avait renoncé devant le parlement réuni en congrès en mars 2020 à se présenter, avant d'annoncer sa candidature le 06 août 2020 dans son adresse à la nation. Il est dans cette même dynamique, s'adresser aux Ivoiriens dans un moment solennel », fait-il remarquer.
Pour lui, « le scénario le plus probable à 90 voire 95 %, ce sera la candidature de Ouattara ».
Un scénario qui s'est confirmé avec cette candidature déclarée.
Tout récemment, le Parti des Peuples Africains de Côte d'Ivoire (PPA-CI) de l'ancien président Laurent Gbagbo et le Parti Démocratique de Côte d'Ivoire, Rassemblement Démocratique africain (PDCI-RDA) de Tidjane Thiam ont lancé le Front commun, une nouvelle coalition pour fédérer leur lutte politique.
Les deux formations exigent la réintégration de leurs leaders sur la liste électorale, le rééquilibrage de la Commission électorale indépendante (CEI), jugée inféodée au RHDP au pouvoir.
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Sur fond de jeux d'alliance
Pendant ce temps, le RHDP a renoué le dialogue avec la Cap CI ( la coalition pour l'alternance pacifique en Côte d'Ivoire) dirigée par l'ancienne première dame Simone Ehivet Gbagbo.
Les deux parties avaient convenu de discuter de toutes les questions relatives au processus électoral dans les jours ou semaines à venir.
La présidentielle ivoirienne va se dérouler selon toute vraisemblance sans les leaders significatifs de l'opposition.
L'ancien président Laurent Gbagbo, a été exclu de la liste électorale à cause de sa condamnation par la justice ivoirienne dans le cadre de la casse de la BCEAO (Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest ) lors de la crise politique de 2010-2011.
Il en est de même pour Charles Blé Goudé aussi condamné à 20 ans de prison pour son rôle dans la même crise politique qui a fait près de 3000 morts.
Quant à Tidjane Thiam, leader du PDCI, il est écarté de la liste électorale pour cause de nationalité française dont il s'était prévalue.
Tidjane Thiam a par la suite renoncé à sa nationalité française.
Une interprétation de la constitution qui divise
"Oui, je suis candidat parce que la Constitution de notre pays m'autorise à faire un autre mandat et ma santé le permet », a déclaré le président Ouattara.
La polémique relative à la candidature d'Alassane Ouattara à la présidentielle ivoirienne pour la quatrième fois a démarré en 2020 lorsqu'il briguait un troisième mandat.
Fortement contesté dans la rue à l'époque par l'opposition, le 3eme mandat avait été validé par le Conseil constitutionnel qui estimait que le changement constitutionnel intervenu en 2016 avait rebattu les cartes en matière de mandats à cause de la non-rétroactivité de la loi.
Pour les partisans du RHDP, cette quête du 4e mandat est dans l'ordre normal des choses, alors que pour l'opposition, cette candidature potentielle est perçue comme une « dérive ».
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