À l’occasion du 65e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le magazine féminin ''BLAMO'O'' a organisé une édition spéciale de son Talk ce samedi à Cocody, sous le thème : '' 65 ans de marche vers l’égalité ''. Un moment d’inspiration et de réflexion porté par des femmes leaders issues de plusieurs institutions et structures, venues partager leurs expériences et défis dans la quête de l’égalité entre les sexes.
Figure de proue de cette rencontre, Evelyne Yapo, ancienne Directrice Générale de l’École Nationale d’Administration (ENA) et initiatrice du mouvement WALI, a marqué les esprits par un discours empreint de conviction et d’authenticité.
''Nous sommes égaux aux hommes mais nous ne sommes pas pareils'', a-t-elle déclaré d’emblée, invitant les femmes à se libérer des carcans psychologiques, culturels et sociaux qui freinent leur pleine expression.
À travers plusieurs exemples concrets notamment celui de la première femme pilote ivoirienne en 2019, elle a insisté sur la nécessité pour les femmes d’être audacieuses, fécondes et équitables dans leurs ambitions. Pour elle, l’égalité doit être perçue comme une espérance et une responsabilité que chaque femme doit s’approprier.
Evelyne Yapo a retracé les avancées juridiques enregistrées en Côte d’Ivoire sur la suppression de la polygamie en 1964, l'égalité dans la gestion du foyer à travers la révision du Code du mariage en 2019, et l'adoption d’une loi imposant un quota de 30 % de femmes sur les listes électorales en 2020.
Cependant, les chiffres actuels montrent une réalité encore contrastée avec 24 % de femmes au Sénat, 12,6 % à l’Assemblée nationale,18,18 % au Gouvernement et seulement 6,45 % dans les Conseils régionaux.
Selon elle, '' la moyenne politique historique est d’environ une femme par gouvernement sur les 39 formés depuis 1960 '', preuve d’une lente évolution vers une véritable parité.
Abordant la question de l’éducation et de l’autonomie économique, Evelyne Yapo a salué la mise en place du Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire (FACI) par la Première Dame Dominique Ouattara, qui a permis à plus de 500.000 femmes de bénéficier de soutiens financiers. Toutefois, elle a pointé du doigt des défis majeurs notamment les violences basées sur le genre, les inégalités salariales et le faible accès à l’éducation pour certaines couches de la population féminine.
''La femme est un réveil, pas une revendication '', a-t-elle insisté, encourageant les femmes à oser, à faire éclore leurs talents cachés, et à prendre leur place dans la société.
La Directrice de publication de ''BLAMO'O'', Marie-Thérèse Boua N’Guessan a souligné que, malgré les progrès depuis l’indépendance, le chemin vers l’égalité reste long. Pour elle, les dispositifs mis en place par l’État sont utiles mais doivent être accompagnés d’une prise de conscience des femmes elles-mêmes.
''L’objectif de BLAMO'O, c’est de les amener à s’approprier ce pouvoir, à impacter leur communauté, et à devenir autonomes pour s’épanouir, ainsi que leur entourage'', a-t-elle affirmé.
Elle a insisté sur l’importance de la sensibilisation et de l’accompagnement à travers des rencontres comme les Talks, qui permettent aux participantes de s’inspirer de modèles de réussite et de développer une nouvelle confiance en elles.
EA

