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Société Publié le mercredi 27 août 2025 | BBC

Senfrais, la startup de la chaîne de froid qui veut alléger les coûts des producteurs grâce au solaire

Senfrais, la startup de la chaîne de froid qui veut alléger les coûts des producteurs grâce au solaire
© BBC
Senfrais, la startup de la chaîne de froid qui veut alléger les coûts des producteurs grâce au solaire
Seydina Issa Seck est l'un des fondateurs de la startup Senfrais, spécialisée dans la réfrigération des aliments à l'aide de l'énergie solaire. Depuis 2023, M. Seck et ses collaborateurs proposent une solution « innovante, économique et écologique », une « alternative » à l'utilisation des compresseurs conventionnels fonctionnant au carburant et à l'électricité.

La start-up Senfrais s'active dans l'industrie du froid en fabriquant des unités de réfrigération solaire.

Elle offre aux usagers du froid des services de conservation de divers produits alimentaires, à l'aide de tricycles frigorifiques solaires, à partir de Bayakh, une localité située à une quarantaine de kilomètres de Dakar.

Cette innovation est née d'un constat, selon Seydina Issa Seck : « Les petits producteurs qui veulent transporter leurs produits dans des températures optimales n'ont pas les moyens d'acquérir les véhicules frigorifiques disponibles sur le marché. Les grandes entreprises qui ont de gros véhicules frigorifiques n'arrivent pas à transporter de petites quantités de marchandises avec les poids lourds. Donc, il n'y a pas de petits véhicules adaptés au transport de petites quantités de marchandises. »

C'est dans un conseil pareil que la start-up Senfrais, créée il y a deux ans, intervient dans la chaîne de froid en proposant des tricycles frigorifiques solaires aux agriculteurs, aux éleveurs, aux commerçants...

Elle leur offre des services de transport de leurs produits ou marchandises (viande, légumes, lait, etc.), « avec une solution à moindre coût, adaptée à leurs besoins spécifiques », précise Seydina Seck.

« L'erreur que font beaucoup d'entrepreneurs, c'est celle de ne pas discuter avec les utilisateurs auxquels ils proposent des solutions. » Ce constat est fait par Seydina Issa Laye Seck. Pour ne pas tomber dans ce piège, il mène une étude de marché sur la chaîne de froid au Sénégal, pour bien connaître les besoins des usagers.

« Nous avons discuté avec les producteurs qui nous ont fait connaître leurs besoins. Ils utilisaient de la glace auparavant, prenaient un taxi ou d'autres moyens de transport, ils mettaient la glace dans la malle et déposaient les poulets dessus. Nous avons étudié leurs besoins. Nous avons ensuite proposé une solution en tenant compte de leurs recommandations. C'est en faisant tout cela que nous en sommes arrivés à la mise en place d'une chambre froide solaire à Bayakh », raconte Seydina.

Cette chambre froide centralise les opérations de la start-up, selon M. Seck.

« Le solaire, c'est l'avenir de l'Afrique »

En matière de réfrigération, deux marques de compresseurs dominent le marché sénégalais, selon le cofondateur de Senfrais. Environ 90 % de ces compresseurs fonctionnent à l'essence, là où Seydina Issa Laye Seck et ses collègues proposent l'énergie solaire.

« Le compresseur de froid est connecté au moteur du véhicule. Si ce moteur n'est pas en marche, le gros froid ne fonctionne pas. La deuxième chose à signaler, c'est que le compresseur consomme environ 30 % du carburant se trouvant dans le réservoir du véhicule, ce qui engendre des coûts d'exploitation très élevés. Nous avons cherché à réduire cette forte consommation d'essence en recourant à un système solaire équipé d'une batterie. »

Toute la base technologique de Senfrais est là, explique M. Seck, précisant que la réfrigération proposée par sa start-up fonctionne à l'aide de panneaux solaires.

Dès lors, « même si le moteur du véhicule n'est pas en marche, la régrigération fonctionne parce qu'elle est autonome. Elle ne dépend ni du carburant ni du moteur du véhicule. C'est une réfrigération adaptable à plusieurs types de véhicules », dit-il.

Grâce à la réfrigération offerte par l'entreprise basée à Bayakh, des agriculteurs et des éleveurs arrivent à transporter leurs produits « dans des conditions optimales ».

« Il nous arrive tous d'aller dans un restaurant et de nous rendre compte que le poulet servi n'est pas de qualité, qu'il dégage quelque chose de mauvais, qui est lié aux conditions dans lesquelles il a été conservé ou transporté. C'est parce que la glace utilisée pour le conserver a fondu à un moment donné. Avec la solution que nous proposons, la réfrigération est garantie à 100 %. Le client n'a pas à s'inquiéter. »

À l'aide de tricycles équipés d'une réfrigération solaire, la start-up transporte du beurre, du lait, des yaourts, etc., entre plusieurs villes du Sénégal.

L'appétit venant en mangeant, Seydina Issa Laye Seck et ses collaborateurs veulent proposer aux éleveurs des chambres froides d'une capacité de 15 000 poulets, pour la conservation de leur viande, par exemple.

« La réfrigération est garantie à 100 %. Notre business model est très intéressant. Le coût de la conservation d'un poulet pendant vingt-quatre heures, dans une chambre froide, est de 25 francs CFA seulement. Le transport de 500 à 700 poulets entre Dakar et Bayakh (une quarantaine de kilomètres) coûte environ 80 000 francs CFA », fait remarquer M. Seck, proposant « environ la moitié de ce prix » aux éleveurs.

Comment Senfrais assure-t-elle le transport des produits nécessitant une réfrigération ?

« Vous mettez votre marchandise dans le tricycle. Nous faisons en sorte qu'elle arrive à destination dans de bonnes conditions », assure M. Seck, précisant que la start-up est sollicitée pour le transport de la viande, des fruits de mer, des produits horticoles, etc.

Selon Seydina Issa Laye Seck, Senfrais se préoccupe de la protection de l'environnement en exerçant ses activités. « C'est totalement écoresponsable quand on parle de solaire, on parle de réduction de la consommation de carburant. Nous sommes totalement dans une solution écoresponsable », soutient-il en évoquant les soucis de la start-up : « On travaille avec des entreprises qui paient en retard. Nous avons des charges, or les banques ne coopèrent pas souvent avec les start-up, les PME. Il y a des problèmes financiers à résoudre, des ressources humaines dont il faut s'occuper en même temps. »

« C'est un plaisir de participer à la construction d'une Afrique meilleure »

« Nous n'avons pas forcément tous les équipements de dernière génération [dont nous avons besoin]. Nous avons aussi de petits problèmes souvent liés à la production », ajoute le cofondateur de Senfrais.

« Le solaire, c'est l'avenir de l'Afrique, parce que l'énergie coûte de plus en plus cher, un peu partout dans le monde. Le coût de l'essence augmente... En Afrique, le Tout-Puissant nous donne du soleil quasiment tout au long de l'année. Il faut en profiter. Certains diront que le solaire prend trop d'espace, mais il existe maintenant des panneaux solaires flexibles », répond Seydina Issa Laye Seck à la question de savoir à quel point l'énergie solaire peut être un atout pour l'Afrique.

La démarche technologique de M. Seck se double d'un engagement citoyen : « Nous ne devons pas attendre que les autres pays développent ces solutions et viennent nous les proposer. Il faut encourager nos États et les chercheurs africains à développer les technologies liées à l'énergie solaire. »

Selon lui, une étude de la Fondation Rockfeller révèle que la quantité de produits alimentaires perdue par an en Afrique pourrait nourrir 300 millions de personnes. « Quasiment le tiers de la population du continent », tient à souligner le cofondateur de Senfrais, estimant que « la chaîne de froid pourrait résoudre une bonne partie de ce problème-là ».

« Nous proposons une solution alternative à la glace, une solution propre », dit-il.

Pour Seydina Issa Laye Seck, il ne suffit pas de faire valoir ses compétences et de gagner sa vie. Il faut s'engager à défendre le Sénégal, voire l'Afrique, dans la sphère technologique mondiale. « C'est bien beau de d'être ingénieur, de rester aux États-Unis ou en France, d'y trouver un très bon emploi et un très bon salaire », reconnaît-il, ajoutant, pour paraphraser un homme d'État : « Nous devons arrêter de nous demander ce que le pays doit faire pour nous. Demandons-nous ce que nous devons et pouvons faire pour le pays. »

« C'est cela ma mentalité. Ce n'est pas un sacrifice, c'est vraiment la moindre chose qu'on puisse faire pour nous-mêmes, pour notre nation aussi. Donc c'est un plaisir d'être là et de participer à la construction d'une Afrique meilleure. »


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