La troisième édition des Assises des Mam’anges, organisée par la Fondation Maman Connect, s’est tenue ce samedi 13 septembre dans la commune de Cocody autour du thème « De la douleur à la résilience : faire entendre la voix des Mam’anges ». Ce rendez-vous, voulu comme un espace de guérison, a réuni parents endeuillés, experts en accompagnement et acteurs de la société civile pour briser le silence autour du deuil périnatal et infantile.
En ouvrant la rencontre, Clémence Kouadio Kouassi, présidente-fondatrice de la Fondation Maman Connect, a livré un message d’espérance puisé dans sa propre histoire. « Ce rendez-vous est un espace de guérison. Nous allons sortir avec des clés pour avancer. Si j’ai pu me relever, vous le pouvez aussi. Tout ce qui ne s’exprime pas, s’imprime en nous comme des maladies psychosomatiques », a t'elle affirmé.
Elle a rappelé que la perte d’un enfant, aussi douloureuse soit-elle, ne définit pas la femme.« Nous sommes là pour dire aux Mam’anges qu’elles ne sont pas seules. La perte d’un enfant ne définit pas la femme. La douleur est réelle, mais elle peut être transformée en force », a-t-elle indiqué.
Évoquant la perte de son fils en 2021, qui l’a poussée à créer cette structure d’accompagnement, elle a insisté sur la nécessité de lever les tabous autour du deuil périnatal et infantile, encore trop souvent minimisé par la société. Elle a également plaidé pour la reconnaissance officielle du 15 octobre comme Journée internationale du deuil périnatal en Côte d’Ivoire, afin de donner visibilité et dignité à cette douleur.
« J’ai été consolée pour consoler à mon tour. Nous avons le droit de pleurer, mais aussi le devoir de guérir pour vivre à nouveau », a-t-elle conclu.
Dans le premier panel, le Coach Jean-François Yoman, a insisté sur l’importance de la résilience psychologique. « Des études ont montré qu’aucune douleur ne peut surpasser celle de perdre un enfant. La meilleure façon de guérir, ce n’est pas d’oublier, mais de trouver la capacité de se reconstruire malgré la douleur », a souligné le coach Yoman.
Il a encouragé les Mam’anges à rechercher un soutien social et professionnel, rappelant que « Le deuil n’est pas la fin d’une relation avec un enfant, mais le début d’une autre forme de relation ».
Coach Yoman a souligné l’importance de la patience et de l’accompagnement professionnel dans le processus de deuil. « Certaines personnes parviennent à remonter la pente seules, d’autres ont besoin d’un soutien psychologique ou spirituel. Ce n’est pas une faiblesse. C’est une étape clé vers la résilience », a-t-il souligné.
Il a mis en avant le rôle des groupes de soutien, de l’écriture ou encore des thérapies personnalisées pour aider à retrouver un équilibre.
De son côté, la psychopédagogue Odile Pohan a insisté sur la nécessité d’accepter et d’exprimer sa souffrance.
« Il est important d’accepter qu’on a mal et de comprendre que la vie ne s’arrête pas. La solitude est la pire des violences. Être Mam’ange n’est pas un délit. La volonté de se lever est déjà la moitié de la guérison », a insisté la psychopédagogue.
Pohan Odile a aussi exprimé la nécessité de reconnaître la douleur des mères et des pères endeuillés. « Ce n’est pas parce qu’un enfant n’a pas vécu longtemps qu’il ne mérite pas d’être pleuré. Minimiser cette perte renforce la culpabilité des mères », a-t-elle indiqué.
Elle a exhorté la société à écouter sans juger, à éviter des phrases blessantes comme « tu en auras un autre », et à offrir au contraire une présence bienveillante.
Les interventions ont rappelé que chaque deuil est unique, qu’il n’existe pas de “temps idéal” pour guérir, et qu’il faut écouter sans juger les parents endeuillés. Des phrases comme « tourne la page » ne font qu’aggraver la culpabilité et la douleur.
Les panélistes ont également mis en avant l’importance de la parole libératrice que ce soit à travers des groupes de soutien, l’écriture ou des thérapies adaptées, parler reste une étape essentielle pour transformer la douleur en résilience.
Par ailleurs, des conseils médicaux pour aider à la réduction du taux de mortalité infantile ont été prodigués par Docteur Guillaume Quenum, Gynécologue et la sage femme Michelle Gonto Kouamé.
Plusieurs Par’anges ont partagé leur vécu. La Mam'ange, Loua Honorine, a rappelé que partager son histoire aide à sortir de l’isolement.
Pour sa part, Jean-Philippe Tanoh, Pap'ange, a souligné que le rôle des hommes est important dans le processus de guérison de leur compagne. « Les hommes aussi ont un rôle à jouer. Nous devons accompagner nos compagnes et leur montrer qu’elles ne sont pas seules », a-t-il souligné.
Nekpato Isabelle épouse N’dé, maman ayant perdu sa fille de 12 ans, a témoigné de sa résilience et de sa volonté de se reconstruire. « La plaie n’est pas refermée, mais grâce à ce soutien, je sens que je peux avancer pas à pas », a-t-elle témoigné.
En deux ans d’existence, la Fondation Maman Connect a déjà accompagné plus de 500 femmes à travers 16 activités.
R-SEKONGO

