Le chef du protocole du président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro a été inculpé de "complot" et écroué lundi après son audition dans une affaire sensible de découverte d’une cache d’armes pendant une mutinerie, a annoncé le procureur d’Abidjan.
Souleymane Kamaraté Koné, dit "Soul To Soul", "a été interpellé ce lundi. Une information judiciaire avec mandat de dépôt a été ouverte contre lui (...) pour complot contre l’autorité de l’Etat", a déclaré le procureur Richard-Christophe Adou. Tout le quartier était quadrillé par la police et la circulation déviée.
Des mutineries d’anciens rebelles intégrés à l’armée ont secoué la Côte d’Ivoire et ébranlé le pouvoir en janvier et en mai 2017. Une cache d’armes avait été découverte en mai lors de la mutinerie à Bouaké, deuxième ville du pays et fief de l’ancienne rébellion des années 2000, qui contrôlait la moitié nord de la Côte d’Ivoire et qui était alors dirigée par Guillaume Soro.
"Dans la nuit du 11 au 12 mai, des armes de guerre neuves dissimulées ont été découvertes dans une villa de Bouaké (...). Les enquêtes ont permis d’établir que la villa est la propriété de M. Koné", a indiqué le procureur.
La cache contenait plus de "six tonnes de diverses armes de guerre et de munitions (lance-roquettes RPG7, mitrailleuses lourdes, fusils d’assaut AK47 - kalachnikovs -, bombes, mortiers...", selon le procureur.
"Les enquêtes ont également révélé que des personnes avaient été informées de l’existence de ces armes dans la villa de M. Koné et invitées à se servir (...) Leurs mises à disposition visaient la déstabilisation de l’Etat", a souligné le procureur.
Le 12 mai, lors de la mutinerie, des mutins avaient exhibé une partie de ces armes devant des journalistes de l’AFP. Un des mutins avait confié à l’AFP que les armes provenaient de la propriété de M. Koné et que cette cache était connue de "plein de gens".
- Brouille Ouattara-Soro? -
"Le président de l’Assemblée nationale, qui séjourne hors du pays, s’est tenu informé de la situation. Il apporte son soutien à la famille de son collaborateur, appelle les Ivoiriens au calme et à la sérénité et espère que la justice fera librement son travail", a réagi lundi soir sur twitter Moussa Touré, le porte-parole de Guillaume Soro.
Pour de nombreux observateurs, les mutineries et l’action judiciaire contre M. Koné s’inscrivent dans la lutte pour la succession en 2020 du président Alassane Ouattara, dont M. Soro est officiellement l’allié.
Les deux hommes ne se sont jamais affrontés ouvertement, affichant au contraire régulièrement leur confiance mutuelle.
Le clan présidentiel a réaffirmé à plusieurs reprises "le principe de l’indépendance de la justice", niant toute intervention dans l’enquête sur la cache.
M. Soro, à qui certains prêtent des ambitions présidentielles, s’était gardé d’intervenir dans les crises, mais de nombreux proches du président Ouattara assurent en privé qu’il joue sa "carte personnelle".
Le début des mutineries en janvier est intervenu après une restructuration de l’Etat voulue par la nouvelle Constitution, approuvée par référendum fin 2016. Cette nouvelle Constitution faisait rétrograder le président de l’Assemblée de la 2e place protocolaire de l’Etat à la 4e.
"C’est difficile d’y voir une coïncidence", avait confié à l’AFP une source diplomatique.
Les proches de M. Soro avaient nié toute implication dans les mutineries.
En mai, l’affaire de la cache d’armes avait à nouveau fait gonfler les rumeurs quant à une brouille.
Ils assuraient en privé que ces armes avaient été achetées lors de la rébellion, en prévention d’une éventuelle reprise des hostilités avec le camp de l’ex-président Laurent Gbagbo. Et que de ce fait, que le président Ouattara en était informé.
Le procureur a toutefois souligné "qu’une décision du conseil national de sécurité de 2013 avait expressément exigé que toute arme détenue de manière illégale soit mise à la la disposition de l’état-major général des armées".
D’autres signes d’une possible brouille sont apparus. Des proches de M. Soro ont été écartés de postes d’influence économiques et politiques en juillet. Puis, en septembre, M. Soro n’a pas participé au congrès du Rassemblement des républicains, le parti du président, dont il est un élu, disant "regretter" de ne pas y avoir été associé.
de-pgf/jh
Souleymane Kamaraté Koné, dit "Soul To Soul", "a été interpellé ce lundi. Une information judiciaire avec mandat de dépôt a été ouverte contre lui (...) pour complot contre l’autorité de l’Etat", a déclaré le procureur Richard-Christophe Adou. Tout le quartier était quadrillé par la police et la circulation déviée.
Des mutineries d’anciens rebelles intégrés à l’armée ont secoué la Côte d’Ivoire et ébranlé le pouvoir en janvier et en mai 2017. Une cache d’armes avait été découverte en mai lors de la mutinerie à Bouaké, deuxième ville du pays et fief de l’ancienne rébellion des années 2000, qui contrôlait la moitié nord de la Côte d’Ivoire et qui était alors dirigée par Guillaume Soro.
"Dans la nuit du 11 au 12 mai, des armes de guerre neuves dissimulées ont été découvertes dans une villa de Bouaké (...). Les enquêtes ont permis d’établir que la villa est la propriété de M. Koné", a indiqué le procureur.
La cache contenait plus de "six tonnes de diverses armes de guerre et de munitions (lance-roquettes RPG7, mitrailleuses lourdes, fusils d’assaut AK47 - kalachnikovs -, bombes, mortiers...", selon le procureur.
"Les enquêtes ont également révélé que des personnes avaient été informées de l’existence de ces armes dans la villa de M. Koné et invitées à se servir (...) Leurs mises à disposition visaient la déstabilisation de l’Etat", a souligné le procureur.
Le 12 mai, lors de la mutinerie, des mutins avaient exhibé une partie de ces armes devant des journalistes de l’AFP. Un des mutins avait confié à l’AFP que les armes provenaient de la propriété de M. Koné et que cette cache était connue de "plein de gens".
- Brouille Ouattara-Soro? -
"Le président de l’Assemblée nationale, qui séjourne hors du pays, s’est tenu informé de la situation. Il apporte son soutien à la famille de son collaborateur, appelle les Ivoiriens au calme et à la sérénité et espère que la justice fera librement son travail", a réagi lundi soir sur twitter Moussa Touré, le porte-parole de Guillaume Soro.
Pour de nombreux observateurs, les mutineries et l’action judiciaire contre M. Koné s’inscrivent dans la lutte pour la succession en 2020 du président Alassane Ouattara, dont M. Soro est officiellement l’allié.
Les deux hommes ne se sont jamais affrontés ouvertement, affichant au contraire régulièrement leur confiance mutuelle.
Le clan présidentiel a réaffirmé à plusieurs reprises "le principe de l’indépendance de la justice", niant toute intervention dans l’enquête sur la cache.
M. Soro, à qui certains prêtent des ambitions présidentielles, s’était gardé d’intervenir dans les crises, mais de nombreux proches du président Ouattara assurent en privé qu’il joue sa "carte personnelle".
Le début des mutineries en janvier est intervenu après une restructuration de l’Etat voulue par la nouvelle Constitution, approuvée par référendum fin 2016. Cette nouvelle Constitution faisait rétrograder le président de l’Assemblée de la 2e place protocolaire de l’Etat à la 4e.
"C’est difficile d’y voir une coïncidence", avait confié à l’AFP une source diplomatique.
Les proches de M. Soro avaient nié toute implication dans les mutineries.
En mai, l’affaire de la cache d’armes avait à nouveau fait gonfler les rumeurs quant à une brouille.
Ils assuraient en privé que ces armes avaient été achetées lors de la rébellion, en prévention d’une éventuelle reprise des hostilités avec le camp de l’ex-président Laurent Gbagbo. Et que de ce fait, que le président Ouattara en était informé.
Le procureur a toutefois souligné "qu’une décision du conseil national de sécurité de 2013 avait expressément exigé que toute arme détenue de manière illégale soit mise à la la disposition de l’état-major général des armées".
D’autres signes d’une possible brouille sont apparus. Des proches de M. Soro ont été écartés de postes d’influence économiques et politiques en juillet. Puis, en septembre, M. Soro n’a pas participé au congrès du Rassemblement des républicains, le parti du président, dont il est un élu, disant "regretter" de ne pas y avoir été associé.
de-pgf/jh