L’armée israélienne est déterminée à faire tomber le Hamas. Malgré les incessants appels à l’arrêt des hostilités, elle est entrée dans les territoires palestiniens. Lancée le 27 décembre dernier, l’opération «Plomb durci» de l’armée israélienne dans la bande de Gaza a atteint son paroxysme le week-end dernier. Dans la soirée de samedi, en effet, cette armée a commencé l’offensive terrestre à l’intérieur du territoire palestinien, en entrant par le nord. De fait, ce sont plusieurs chars, blindés, bulldozers et autres transports de troupes, qui ont avancé en profondeur dans de multiples secteurs de la bande de Gaza. Une pénétration qui s’est tout de même heurtée aux combattants palestiniens, essentiellement ceux du Hamas. Hier dimanche, des blindés et des unités d’infanterie ont été signalés dans le secteur de l’ancienne colonie juive de Nietzarim, à seulement quelque trois kilomètres de la ville de Gaza, capitale du territoire. Les troupes israéliennes sont appuyées par des bombardements d’artillerie, de l’aviation et de la marine de guerre. Hier, l’on estimait à 30 le nombre de Palestiniens tués, dont au moins 17 civils, par l’offensive terrestre. L’on estime à au moins 500 le nombre de Palestiniens morts du fait de l’opération depuis son début. L’opération «Plomb durci» vise, selon ses initiateurs, à mettre fin aux tirs de roquettes depuis Gaza contre les positions israéliennes. Dans un premier bilan officiel qu’il a dressé hier, Israël a indiqué que seulement 30 de ses soldats ont été blessés dans l’offensive terrestre, dont deux grièvement. Alors que des témoins indiquent qu’au moins un soldat israélien a été tué hier. Le porte-parole de l’armée, le général Avi, lui, a déjà salué cette offensive, estimant qu’elle a atteint ses objectifs. Alors qu’un haut gradé du Hamas, Moushir Al-Mousri, lui, s’est félicité que l’armée israélienne n’ait «pas réussi à atteindre ses objectifs». Pour lui, la résistance du Hamas a plutôt surpris Israël. «Le moment venu, l’ennemi annoncera son échec et la résistance proclamera sa victoire», a-t-il prédit. Tandis que les brigades Ezzedine Al-Qassam, la brache armée du Hamas, eux, soutenaient que leurs combattants infligeaient de «lourdes pertes» aux soldats israéliens. L’Afp a rapporté qu’un haut responsable militaire israélien, sous le couvert de l’anonymat, a confié qu’il est possible que l’armée israélienne garde «un certain temps, le contrôle de certains secteurs d’où sont tirées les roquettes, mais l’objectif n’est pas de réoccuper la bande de Gaza». Le Hamas a condamné l’incapacité de l’Onu d’adopter un texte appelant à la fin des hostilités à cause de l’intransigeance des Etats-Unis. En outre, il a estimé que la position de l’Union européenne (dont la République tchèque assure la présidence depuis le 1er janvier) était «partiale et cautionnait la poursuite des crimes commis par l’occupant à Gaza». Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a qualifié de moment «très dangereux» l’offensive terrestre d’Israël dans le conflit qui l’oppose à la Palestine. La Russie, elle, s’est dit «extrêmement préoccupée» par cette opération et a annoncé l’envoi d’un émissaire dans la région pour contribuer à obtenir un cessez-le-feu. Le président français, Nicolas Sarkozy, a aussi ouvertement condamné l’offensive terrestre. Il se rendra aujourd’hui même au Proche-Orient. Toutefois, le président français, dans un entretien à paraître dans trois quotidiens libanais aujourd’hui, a affirmé que le Hamas porte une responsabilité lourde dans la souffrance des Palestiniens à Gaza. Déjà hier, une délégation de l’UE a entrepris une tournée dans la région pour tenter d’obtenir un cessez-le-feu. Pendant ce temps, les manifestations contre l’offensive israélienne se sont multipliées dans le monde. Le pape Benoît XVI a déploré ce qu’il a appelé les «nouvelles dramatiques qui arrivent de Gaza». Pour le Saint Père, cela résulte du «refus du dialogue», à l’origine de situations qui «accablent de manière indicible les populations une nouvelle fois victimes de la haine et de la guerre». La Ligue arabe a appelé à un front unique contre l’offensive qui, selon elle, est une occupation.
Pascal Soro
(Source : Afp)
Pascal Soro
(Source : Afp)