Les organisations professionnelles exigent l'application ici et maintenant des mesures de baisse des prix du carburant à la pompe.
Le manque d'empressement à réduire les prix du carburant à la pompe provoque des vagues de protestation chez les opérateurs économiques et autres associations de consommateurs. «Nous en avons marre...ça suffit maintenant. Il ne reste plus qu'à passer à l'acte, au concret», rugit la Fédération des associations de consommateurs actifs de Côte d'Ivoire (Fac-ci). Le président Marius Comoé ne supporte plus les réticences du gouvernement à répercuter la baisse du baril de pétrole à la consommation. «Si rien n'est fait dans les jours à venir, le climat social risque à nouveau de s'enrhumer», renchérit le président de la Fédération nationale des commerçants de Côte d'Ivoire, Farikou Soumahoro. Les chauffeurs routiers, les conducteurs de taxis et les commerçants ne cachent plus leur exaspération devant ce qu'ils appellent «la ruse des pouvoirs publics». Conformément au protocole d'accord signé à l'occasion de la crise de juillet 2008, la baisse du prix du pétrole à l'international devrait avoir une incidence à la pompe et probablement sur la vie des populations. Durant les cinq derniers mois, le prix du litre a chuté de plus de 5 fois. Parce que le gouvernement ne tient pas parole, les opérateurs économiques menacent de remettre au goût du jour leur projet de grève, exigeant des mesures destinées à abaisser le prix du carburant et pourquoi pas à accorder des subventions pour permettre aux transporteurs de moderniser leur secteur d'activité avec notamment le Fonds de développement des transports. « Le gouvernement ne refuse pas de revisiter les prix, mais nous étudions la proportion», argumente un officiel du ministère de l'Economie et des Finances. «Trop c'est trop. Nous aviserons s'il ne change pas son approche. Ils veulent gagner du temps », rétorque Marius Comoé. De vifs désaccords ont émergé au sein du comité permanent sur la manière de gérer les répercussions, lorsque les représentants du gouvernement directement touchés par les protestations ont appelé à prendre des mesures globales pour lutter contre la hausse des prix. «Dans les jours à venir, je suis convaincu qu'il y aura une concertation massive pour décider de la conduite à tenir», ajoute-t-il. Une menace à prendre au sérieux d'autant que d'éventuelles manifestations contre le prix élevé du carburant pourraient se propager rapidement. Les chauffeurs de taxis s'organisent déjà dans plusieurs communes. Ils prévoient de greffer au problème du carburant à la pompe, d'autres revendications en suspens telles que la construction des gares et les questions d'impôts.
Gbagbo traîne
Au cours de son message à la nation le président Laurent Gbagbo a promis une réduction à la pompe. Toutefois, il a insinué qu'une trop forte diminution provoquerait une décrue significative des recettes de l'Etat à une période où le pays est confronté à des difficultés de trésorerie. Cette analyse rencontre une ferme opposition des opérateurs. Pour Farikou Soumahoro, la marge générée aujourd'hui par la baisse des cours représente un épais matelas qui ne demande qu'à être mieux géré. Quant au président de la coordination nationale des gares routières Adama Touré, il souhaite un desserrement fiscal sur les produits pétroliers. Selon lui au regard de la baisse continue du cours du baril (43 dollars depuis fin décembre), les transporteurs exigent que les nouveaux prix soient fixés à 500 Fcfa le litre pour le super et 400 Fcfa le litre pour le gasoil et le pétrole lampant. Or les propositions du Comité permanent de concertation sont nettement au-dessus des attentes des opérateurs du transport. Ainsi le super pourrait être compris entre 550 et 596 Fcfa au lieu de 695 Fcfa et le gasoil entre 525 et 580 Fcfa au lieu de 625 Fcfa. Le ministère des Mines et de l'Energie lance une mise en garde sur les conséquences à long terme en posant la question : « Que se passera-t-il quand les cours vont remonter?», s'interroge-t-on. Le gouvernement fait remarquer que des réductions d'impôts alourdiraient le déficit budgétaire de l'Etat. « Modifier la fiscalité sur les carburants pour combattre la hausse des prix du pétrole serait un très mauvais signal pour nos finances», ajoutent les décideurs publics. Ce qui est en jeu, c'est la répartition des recettes massives générées par les ventes de carburant. Actuellement, la part du lion de ces recettes va à l'Etat et aux distributeurs qui recueillent collectivement des centaines de milliards de Fcfa de taxes sur les carburants. En 2007, les taxes sur les carburants ont rapporté 84 milliards de Fcfa et représenté 60% des prix à la pompe. En 2008, les taxes pourraient atteindre 70% des prix du carburant à la pompe. «Si la tendance est maintenue, cela laisserait potentiellement à l'Etat le choix d'augmenter encore davantage les prix. Ce qui doperait les recettes et irait augmenter les profits des compagnies pétrolières», analyse Alexandre Ndépo, spécialiste des hydrocarbures.
Lanciné Bakayoko
Le manque d'empressement à réduire les prix du carburant à la pompe provoque des vagues de protestation chez les opérateurs économiques et autres associations de consommateurs. «Nous en avons marre...ça suffit maintenant. Il ne reste plus qu'à passer à l'acte, au concret», rugit la Fédération des associations de consommateurs actifs de Côte d'Ivoire (Fac-ci). Le président Marius Comoé ne supporte plus les réticences du gouvernement à répercuter la baisse du baril de pétrole à la consommation. «Si rien n'est fait dans les jours à venir, le climat social risque à nouveau de s'enrhumer», renchérit le président de la Fédération nationale des commerçants de Côte d'Ivoire, Farikou Soumahoro. Les chauffeurs routiers, les conducteurs de taxis et les commerçants ne cachent plus leur exaspération devant ce qu'ils appellent «la ruse des pouvoirs publics». Conformément au protocole d'accord signé à l'occasion de la crise de juillet 2008, la baisse du prix du pétrole à l'international devrait avoir une incidence à la pompe et probablement sur la vie des populations. Durant les cinq derniers mois, le prix du litre a chuté de plus de 5 fois. Parce que le gouvernement ne tient pas parole, les opérateurs économiques menacent de remettre au goût du jour leur projet de grève, exigeant des mesures destinées à abaisser le prix du carburant et pourquoi pas à accorder des subventions pour permettre aux transporteurs de moderniser leur secteur d'activité avec notamment le Fonds de développement des transports. « Le gouvernement ne refuse pas de revisiter les prix, mais nous étudions la proportion», argumente un officiel du ministère de l'Economie et des Finances. «Trop c'est trop. Nous aviserons s'il ne change pas son approche. Ils veulent gagner du temps », rétorque Marius Comoé. De vifs désaccords ont émergé au sein du comité permanent sur la manière de gérer les répercussions, lorsque les représentants du gouvernement directement touchés par les protestations ont appelé à prendre des mesures globales pour lutter contre la hausse des prix. «Dans les jours à venir, je suis convaincu qu'il y aura une concertation massive pour décider de la conduite à tenir», ajoute-t-il. Une menace à prendre au sérieux d'autant que d'éventuelles manifestations contre le prix élevé du carburant pourraient se propager rapidement. Les chauffeurs de taxis s'organisent déjà dans plusieurs communes. Ils prévoient de greffer au problème du carburant à la pompe, d'autres revendications en suspens telles que la construction des gares et les questions d'impôts.
Gbagbo traîne
Au cours de son message à la nation le président Laurent Gbagbo a promis une réduction à la pompe. Toutefois, il a insinué qu'une trop forte diminution provoquerait une décrue significative des recettes de l'Etat à une période où le pays est confronté à des difficultés de trésorerie. Cette analyse rencontre une ferme opposition des opérateurs. Pour Farikou Soumahoro, la marge générée aujourd'hui par la baisse des cours représente un épais matelas qui ne demande qu'à être mieux géré. Quant au président de la coordination nationale des gares routières Adama Touré, il souhaite un desserrement fiscal sur les produits pétroliers. Selon lui au regard de la baisse continue du cours du baril (43 dollars depuis fin décembre), les transporteurs exigent que les nouveaux prix soient fixés à 500 Fcfa le litre pour le super et 400 Fcfa le litre pour le gasoil et le pétrole lampant. Or les propositions du Comité permanent de concertation sont nettement au-dessus des attentes des opérateurs du transport. Ainsi le super pourrait être compris entre 550 et 596 Fcfa au lieu de 695 Fcfa et le gasoil entre 525 et 580 Fcfa au lieu de 625 Fcfa. Le ministère des Mines et de l'Energie lance une mise en garde sur les conséquences à long terme en posant la question : « Que se passera-t-il quand les cours vont remonter?», s'interroge-t-on. Le gouvernement fait remarquer que des réductions d'impôts alourdiraient le déficit budgétaire de l'Etat. « Modifier la fiscalité sur les carburants pour combattre la hausse des prix du pétrole serait un très mauvais signal pour nos finances», ajoutent les décideurs publics. Ce qui est en jeu, c'est la répartition des recettes massives générées par les ventes de carburant. Actuellement, la part du lion de ces recettes va à l'Etat et aux distributeurs qui recueillent collectivement des centaines de milliards de Fcfa de taxes sur les carburants. En 2007, les taxes sur les carburants ont rapporté 84 milliards de Fcfa et représenté 60% des prix à la pompe. En 2008, les taxes pourraient atteindre 70% des prix du carburant à la pompe. «Si la tendance est maintenue, cela laisserait potentiellement à l'Etat le choix d'augmenter encore davantage les prix. Ce qui doperait les recettes et irait augmenter les profits des compagnies pétrolières», analyse Alexandre Ndépo, spécialiste des hydrocarbures.
Lanciné Bakayoko