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Économie Publié le mercredi 7 janvier 2009 | Fraternité Matin

Port d’Abidjan : Un groupe belge investit 60 milliards

La politique de modernisation et de spécialisation des quais vient d’entrer dans une phase importante. Le groupe belge Sea Invest est en train d’investir plus de 62 milliards de francs CFA (95 millions d’euros) en matériel de manutention de vrac au Port autonome d’Abidjan. Les deux premières grues sont attendues, vers le 15 février 2009. Ce sont des grues Gottwald de 35 tonnes chacune. Elles ont une cadence de 600 tonnes par heure. Le 16 décembre dernier, le directeur général, Marcel Gossio, en compagnie de deux de ses collaborateurs, le directeur général adjoint technique, Yéhiri Christophe, et le directeur du patrimoine et de l’environnement, Affro Théophile, ont pu les contempler au port d’Envers. Elles sont prêtes. Il est prévu qu’elles embarquent le 15 janvier 2009. En fait, dans le cadre de leur politique de modernisation et de spécialisation des quais, les dirigeants du Port autonome d’Abidjan ont obtenu du groupe belge, la mise en place d’un vrai terminal minéralier, moderne et répondant aux standards mondiaux. Les responsables de Sea Invest vont réaliser l’investissement en trois étapes. Après la première étape qui a coûté 15 millions d’euros, le groupe devra débourser successivement 30 et 50 millions d’euros pour les deux autres étapes. L’affaire est bien partie dans la mesure où les dirigeants de la société investisseuse sont très déterminés pour la réalisation du projet. «Le port voulait un bon partenaire, un spécialiste disposé à investir. Eh bien! nous allons investir. Nous allons créer une base de manutention de vrac dédiée aussi bien à l’exportation qu’à l’importation», s’engage, fermement, l’administrateur délégué du groupe, Van De Vyvere Philippe. Le groupe belge a décidé de mettre l’accent sur l’exportation dans le nouveau terminal. Qui, jusque-là, n’a servi quasiment qu’aux cimentiers. Les différents investissements vont doter le port de capacités lui permettant d’exporter, non seulement les minerais produits en Côte d’Ivoire, mais aussi ceux produits dans les pays de l’hinterland. Notamment, le Mali et le Burkina Faso. Les cadences des opérations et les conditions de travail des opérateurs du terminal seront améliorées pour répondre à l’attente des clients. Il est certain qu’avec les investissements attendus, la Côte d’Ivoire va accroître le volume des minerais qui transitent par le port d’Abidjan. Surtout que les dirigeants de Sea Invest ont pris soin de mener une prospection auprès des groupes minéraliers faisant partie de leur portefeuille de clients. Le patron du groupe belge affirme que ces derniers sont disposés à orienter leurs opérations en direction du port d’Abidjan. Aux opérateurs des pays de l’hinterland ivoirien, Sea Invest promet d’offrir «un temps relativement réduit au niveau opérationnel, comparativement aux autres ports environnants». Au-delà du caractère purement économique, le programme d’Investissement de Sea Invest se présente comme un important levier de lutte contre la pollution. Parce que grâce aux nouvelles installations qui seront réalisées, le clinker (matière première du ciment), le manganèse et autres minerais seront de moins en moins transportés par camions. Ce qui aura pour avantage d’éviter l’épandage de poussière comme il est donné de voir actuellement. En effet, le manutentionnaire a investi dans des trémis anti-poussières (espèces de réservoirs en forme de pyramide renversée) qui, associés aux bandes transporteuses étanches, partie intégrante du projet, permettront de préserver l’environnement portuaire de la pollution.
De plus, il est prévu, dans une deuxième phase, la construction d’un grand magasin par lequel toute la manutention se fera, à terme. Ce qui limitera davantage la poussière. De telles informations ne peuvent que réjouir les instances dirigeantes du port. Qui voient ainsi leur programme de spécialisation et de modernisation des quais, marquer des pas importants. Ce programme, faut-il le noter, vise principalement une gestion plus rationnelle de l’espace portuaire. Les responsables du port espèrent mettre fin au désordre et à l’engorgement artificiel qui paralysent parfois certains quais. Outre les considérations techniques et économiques, la direction générale du port d’Abidjan est aussi satisfaite de récolter les retombées des missions commerciales qu’elle a conduites l’année dernière en Afrique puis en Europe. Le projet de Sea Invest n’est qu’une de ces retombées, note le directeur général. Il comptabilise la ligne directe que Maersk Line a ouverte, cette année, entre l’Extrême-Orient et l’Afrique, avec escale à Abidjan. Il cite l’arrivée imminente de l’armateur japonais MOL et le projet de réalisation du terminal Ro Ro (navires spécialisés dans le transport d’engins roulants). Pour toutes ces raisons, le premier responsable du port est heureux de constater que ses missions commerciales ont porté. «Nous sommes content. Vous l’avez constaté. Ce ne sont pas des paroles en l’air. C’est du concret», lançait-il, le 16 décembre aux journalistes, à Anvers, aux pieds des grues flambant neuves.
Alakagni Hala
Option : Du concret !
Beaucoup se sont souvent demandé ce que cachent les nombreux voyages des responsables du Port autonome d’Abidjan à l’étranger. En fait, rien du tout. Tous ces voyages n’avaient et n’ont qu’un seul but: la bataille pour le développement du port. Le directeur général Marcel Gossio et ses proches collaborateurs ont visité inlassablement des opérateurs économiques, aussi bien en Afrique qu’en Europe pour leur dire que «la guerre est finie dans notre pays» et qu’ils peuvent prendre (ou reprendre) la direction de la Côte d’Ivoire. Leur pragmatisme est en train de payer. Les clients du Mali et du Burkina Faso qui, en grand nombre, avaient orienté leurs opérations en direction des ports périphériques de la sous-région, ont recommencé à faire transiter leurs marchandises par «leur port naturel». Même si ces derniers temps, ils sont contrariés par le racket des éléments des Forces armées des Forces nouvelles dans le nord du pays. En Europe, il s’agissait d’aller convaincre les firmes maritimes et portuaires d’investir en Côte d’Ivoire. Là aussi, les choses commencent à se concrétiser. Le numéro 1 mondial de l’armement, Maersk Line, a ouvert, en 2007, une ligne directe entre l’Extrême- Orient et l’Afrique avec un point d’escale à Abidjan. Le géant japonais Mol est annoncé. Le futur terminal à bateaux Ro Ro a trouvé des investisseurs. Et puis, à partir de fin février, on verra un terminal minéralier super équipé de grues de manutention de vrac se dresser au port. Ce sera le troisième vrai terminal après ceux de Vridi et du quai fruitier. En faisant le Compte, on est bien obligé de reconnaître que la direction générale actuelle est sur la bonne pente pour réussir l’un des objectifs importants qu’elle s’est assignés. A savoir, donner une plus-value au Port d’Abidjan au niveau infrastructurel. Quant aux résultats opérationnels, elle a déjà suffisamment démontré ses capacités à accroître le trafic marchandises. N’a-t-elle pas atteint le chiffre record de 21 millions de tonnes de marchandises en 2007 ?
Par Alakagni Hala
Marcel Gossio, Directeur général du Port d’Abidjan : “Nous avons choisi un leader”
Monsieur le directeur général, les investissements annoncés ne sont-ils pas le signe que le programme de modernisation du port prend des dimensions importantes?
Oui, nous allons entrer dans l’ère de la modernité dans le cadre du partenariat public-privé. Nous sommes aujourd’hui dans une logique de politique de spécialisation de nos quais et de modernisation de notre environnement portuaire. Dans le cadre de la spécialisation, nous avons décidé de créer un quai minéralier. C'est-à-dire un quai par lequel le clinker (matière première du ciment) et le manganèse seront traités. Le quai existe déjà, mais le travail se fait de façon artisanale. Un port qui veut être compétitif et qui veut entrer dans le gotha des ports modernes pour le futur, doit s’adapter. Et pour le faire, il doit s’allier à des professionnels. C'est-à-dire des gens qui ont le savoir- faire, des leaders. Notre pays traverse une période difficile. Mais des gens nous font tout de même confiance. Ils ont décidé de nous accompagner dans ce processus parce qu’ils ont foi en notre pays, en notre politique et en notre port. Nous avons approché le groupe Sea Invest. Ses dirigeants ont accepté de travailler avec nous. Il convient de préciser que cette société travaille déjà au port d’Abidjan, précisément au terminal fruitier. Maintenant elle vient travailler avec nous dans le cadre du quai minéralier et ensuite au niveau des engrais. Progressivement donc, nous allons moderniser notre port pour le faire entrer dans le cercle des ports du futur. Je suis heureux de travailler avec des leaders. C'est-à-dire ceux qui savent faire leur travail. De ce point de vue, Sea Invest est leader en matière de manutention du vrac en Europe. Je voudrais féliciter l’administrateur délégué du groupe, M. Van De Vyvere Philippe, que je considère maintenant comme un ami et M. Jean Benaïm, PDG de Sea Invest Afrique. Qu’ils en soient remerciés de venir nous aider à développer notre port. C'est-à-dire notre pays. Parce que lorsqu’on parle du port, il s’agit de la Côte d’Ivoire. En quoi va consister, de façon concrète, le rôle de Sea Invest dans votre politique de spécialisation et de modernisation?
Sur le quai minéralier, il nous faut du matériel moderne. Sea Invest apporte des grues Gottwald que vous avez vues. Elles sont d’une capacité très importante puisqu’elles atteignent une cadence de 600 tonnes à l’heure. Ce qui veut dire qu’un navire qui arrive au port d’Abidjan avec 600 tonnes de marchandises peut repartir après seulement une heure. N’est-ce pas là un élément de compétitivité ?
Le directeur général adjoint technique vous a fait remarquer que l’investissement vient améliorer l’environnement portuaire contre la pollution. Vous voyez que ce quai (le quai d’un des terminaux du groupe Sea Invest), est très propre. Les nôtres sont un peu sales. Sea Invest va mettre à la disposition du port d’Abidjan une machine de nettoyage des quais, d’un coût de près de 400 millions de francs CFA. Il n’y aura plus ces objets qui tombent dans l’eau, nécessitant des dragages réguliers. Notre port sera ainsi un port performant et compétitif. Je voudrais faire remarquer que le port d’Abidjan sera le seul en Afrique à posséder ces grues que vous avez vues. C’est quand même très important. Nous n’avons pas choisi Sea Invest au hasard. Le groupe a une technicité de pointe. Nous avons visité les ports français dans lesquels Sea Invest travaille. Nous avons été éblouis. Et comme nous ne voulons pas traiter avec des gens de seconde zone, mais des leaders, nous ne pouvions que nous allier à ce groupe. Quel a été le mode de désignation qui a permis au groupe belge de décrocher le terminal minéralier?
Vous faites bien de poser cette question, parce qu’il y a des gens qui parlent en Côte d’Ivoire. Ils disent souvent des choses qu’ils ne maîtrisent pas. Je l’ai dit, nous sommes un pays en crise. Or quand un pays est en crise, les gens n’y viennent pas. Ils disent qu’ils attendent la résolution de cette crise et l’organisation d’élections. Le groupe Sea Invest n’a pas attendu cela. Quand nous avons approché les dirigeants de Séa Invest, ils ne nous ont pas posé ces conditions préalables. Ils ont accepté de venir avec nous. Je crois que nous devons les applaudir et les en remercier. La seule condition qu’ils ont posée, c’est d’investir en Côte d’Ivoire. Ils croient en notre pays. Ils croient en notre port. Ils sont en train de le démontrer. Et moi je ne peux que m’en réjouir. Vous avez vu les grues. Vous avez appris le montant des investissements qu’ils ont faits et qu’ils comptent faire en Côte d’Ivoire. Devant un tel cas de figure, un citoyen qui aime son pays ne peut qu’en être heureux. Et je suis très content. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai tenu à effectuer, moi-même, le déplacement de Belgique, accompagné des hommes de médias pour voir le travail qui est en train d’être abattu pour notre port. Et nous ne sommes pas avec de petites entreprises. Le port d’Abidjan est une référence internationale. Ce rang le condamne à travailler avec des partenaires ayant une référence internationale. Sea Invest en est un.



Propos recueillis par Alakagni Hala
Repères
VRAC. Le transport en vrac, c’est le transport non conteneurisé. C
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