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Politique Publié le jeudi 8 janvier 2009 | Le Patriote

Budget 2009 - Quand l’Etat n’a pas de marge de manœuvre

Les ressources du budget 2009 proviennent principalement des recettes intérieures (Douanes, impôts, bons du Trésor, emprunts obligataires), qui se chiffrent à 1958,7 milliards de FCFA, soit 79,5% du total des ressources, contre 506,6 milliards au titre des ressources extérieures, soit 20,5%. S’agissant des ressources intérieures, elles se composent des recettes fiscales d’un montant de 1705,2 milliards, des autres recettes intérieures de 93,5 milliards et des emprunts sur le marché de 160 milliards. Quant aux ressources extérieures, elles sont attendues des appuis budgétaires du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement pour un montant de 201 milliards, des échéances de dettes rééchelonnables de 242,4 milliards et des dons attendus pour 15 milliards de FCFA. Les dépenses prévues au titre de l’exercice 2009 comprennent la dette publique pour 769,4 milliards, soit 31,2% des dépenses, les dépenses ordinaires avec 1365,6 milliards soit 55,4% des dépenses et les investissements qui se situent à hauteur de 329,3 milliards, soit 13,4%. Au titre du service de la dette, le budget 2009 prévoit 368,4 milliards pour la dette intérieure et 401 milliards relativement à la dette extérieure. Pour ce qui est des dépenses ordinaires, elles prennent en compte les dépenses de personnel d’un montant de 765,1 milliards, soit 31% des dépenses, en hausse de 54,5 milliards par rapport à 2008, notamment du fait de l’impact des mesures de revalorisation, accordées à certaines corporations. Lorsqu’on se réfère au montant du budget, l’on constate qu’il est en hausse de 6,4%. Normal car lorsque les dépenses augmentent, il importe de trouver des ressources surtout qu’il y a des chapitres nouveaux comme la revalorisation des salaires qui vient s’y ajouter. Mais, cela ne sera pas chose facile quand on sait que l’Etat devra faire face aux contestations sociales. En effet, toutes les promesses ont été différées pour cette année, alors qu’il a été demandé à l’Etat de ne plus faire de dépenses extra-budgétaires. Il ne faudrait donc plus que d’autres dépenses viennent se greffer à celles déjà prévues.

La nécessité d’une discipline budgétaire

L’Etat est déjà en difficulté face aux situations auxquelles il doit faire face. Notamment le paiement régulier des salaires, celui des primes de front appelées haut-les cœurs (26 milliards de FCFA), les primes des ex-combattants pour leur retour à la vie civile, avec le chapitre service et réinsertion (10 milliards de Fcfa), l’identification, etc. Quant aux bailleurs de fonds, leur aide pourrait se gripper au cas où les problèmes liés à la bonne gouvernance ne seraient pas résolus. A cela s’ajoute le non-respect du calendrier électoral qui serait fixé. C’est justement dans cette optique que le Premier ministre Guillaume Soro a évoqué un ‘‘calendrier réaliste’’. Toute chose qui peut rassurer les investisseurs. Ce budget est synonyme de discipline budgétaire. L’Etat devra donc respecter ses engagements sans en rajouter. Il devra atténuer les tensions sociales qui pourraient lui faire perdre de l’argent (arrêt des activités économiques, non recouvrement des impôts, des taxes douanières, etc.) et espérer véritablement que l’unicité des caisses de l’Etat soit une réalité. Car ce sont 40 milliards de FCFA qui ne sont pas recouvrés dans la zone Cno (Centre, nord et ouest). Un fait est avéré, l’Etat n’a pas son destin en mains et il suffit également que la paix soit mise à rude épreuve pour voir s’écrouler comme un château de cartes, beaucoup de promesses. C’est donc le facteur environnement qui pourra déterminer tout le reste. C’est-à-dire la paix, ‘‘une paix intégrale et profonde qui va au-delà du simple silence des armes’’ comme l’a dit le Premier ministre Charles Konan Banny. Ce qui, en plus des aspects liés à la bonne gouvernance, permettrait à la Côte d’Ivoire, d’atteindre le point de décision de l’initiative PPTE et de bénéficier de très bonnes lignes de crédits en attendant le point d’achèvement qui, lui, contribuerait à l’allègement partiel de la dette extérieure de la Côte d’Ivoire (2000 à 3000 milliards de FCFA sur 7000 milliards de FCFA). Comme on s’en aperçoit, dans ce budget, l’Etat qui doit compter sur des ressources hypothétiques, des recettes intérieures et extérieures devra croiser…les doigts pour que le chemin ne soit pas parsemé d’embûches.

Jean Eric ADINGRA
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