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Politique Publié le vendredi 9 janvier 2009 | Notre Voie

Election présidentielle - Bédié a 75 ans en mai 2009 : la grande peur !

Aimé Henri Konan Bédié, ancien chef de l’Etat de Côte d’Ivoire (1993-1999), actuel président du PDCI-RDA (ancien parti unique), aura 75 ans, le 5 mai 2009. L’ancien dauphin constitutionnel de feu Félix Houphouet-Boigny est né, officiellement, le 5 mai 1934 à Daoukro (quelque 250 km d’Abidjan, au Centre-Est du pays). A l’approche de cette date anniversaire de ses soixante-quinze bougies, l’ancien président du parlement ivoirien multiplie les déclarations d’impatience, voire d’irritation face à la lenteur du processus électoral.

Des signes de nervosité

Ainsi, le mercredi 7 janvier dernier, face à des militants de son parti venus lui présenter leurs vœux du nouvel an au siège du PDCI-RDA à Abidjan-Cocody, Henri Konan Bédié a tonné : “l’on cherche par tous les moyens à nous épuiser (…). Les reports de l’élection présidentielle doivent cesser. Et le dernier report doit être vraiment le dernier !”. Quelques jours auparavant, l’ancien chef d’Etat renversé en Noël 1999 avait accusé, dans une curieuse tentative de diabolisation, le pouvoir, de reporter à dessein l’élection présidentielle : “Nous devons aller à ces élections qui, depuis, devraient être faites et qui, par des subterfuges, sont chaque fois reportées. C`est la seule résolution qui doit être prise par chacun de nous, militants du PDCI, en ce début d`année 2009” (in quotidien Nouveau Réveil du lundi 29 décembre 2008).
Mais parce que ces déclarations ne suffisent pas à dissiper ses angoisses, Bédié évoque la possibilité d’une transition, sans Laurent Gbagbo comme chef de l’Etat, si l’élection présidentielle n’a pas lieu au cours de cette année 2009. Une vieille rengaine ressassée sous le tandem Jacques Chirac-Kofi Annan et qui ne fait plus écho dans l’opinion internationale aujourd’hui. De toutes les façons, Konan Bédié a déjà prévenu ses derniers partisans qu’il affectionne appeler “suiveurs” : “Cette élection présidentielle est mon dernier combat”.

Bédié déjà hors course ?

Les agitations du “prince Nambê” de Daoukro ne sont pas fortuites. Au terme de l’article 35 de la Constitution ivoirienne, Bédié sait que “le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n’est rééligible qu’une fois. Le candidat à l’élection présidentielle doit être âgé de quarante (40) ans au moins et de soixante quinze (75) ans au plus”. Du coup, si l’élection présidentielle ne se tient pas avant le 5 mai 2009, Henri Konan Bédié sera pris dans la nasse de cet article 35 de la Constitution qui stipule, par ailleurs, que
“ … le candidat à l’élection présidentielle doit être âgé de quarante (40) ans au moins et de soixante quinze (75) ans au plus”.

Pour être encore plus clair, Bédié sera hors-jeu, passé le 5 mai prochain. Il ne sera pas autorisé à se présenter à la présidentielle si celle-ci se déroule au-delà du 5 mai 2009, et le simple fait d’y penser semble susciter la peur et la colère chez le président du PDCI-RDA. D’où son empressement pour que cette présidentielle se tienne, coûte que coûte, durant cette année 2009, c’est-à-dire avant le 5 mai prochain, de préférence.

Certes, de l’Accord de Linas-Marcoussis (France, janvier 2003) à celui de Pretoria (Afrique du Sud, juin 2005) en passant par les accords d’Accra, le principe de l’élection présidentielle “ouverte à tous les acteurs politiques signataires” desdits accords a été arrêté. Mais la vérité est que rien n’indique que cette disposition n’empêche pas d’être pris à la trappe de la Constitution quand on est déjà trop vieux (plus de 75 ans) ou quand on est encore trop jeune (moins de 40 ans). Par ailleurs, passé le 5 mai 2009, Bédié sait que ce débat sera soulevé et qu’une fois de plus, les Ivoiriens se rendront compte de sa soif invétérée de pouvoir et de jouissance.

Candidat à la vengeance

Aujourd’hui, le combat de Bédié et de ses suiveurs semble être unique : “l’élection présidentielle avant le 5 mai 2009 ou rien !”. Pour ce faire, ils n’ont cure des conditions dans lesquelles l’élection devra se tenir. Ils semblent se foutre éperdument que la présidentielle soit transparente, sans fraude, crédible et démocratique. Si bien que, faisant fi de tout bon sens, le Secrétaire général du PDCI-RDA, Alphonse Djédjé Mady, président du directoire du RHDP (coalition d’Houphouétistes autour de la rébellion), a pu dire, sans hésiter : “l’Accord politique de Ouaga n’a jamais écrit qu’il faut impérativement le désarmement avant les élections”.

Vous avez tout compris. Pour le PDCI-RDA de Bédié, les Ivoiriens peuvent et doivent aller à l’élection présidentielle avec des fusils sur la tempe. Les ex-rebelles et tous ceux qui détiennent illégalement les armes peuvent toujours être armés. La psychose de l’insécurité peut régner dans les zones CNO (centre, nord-ouest) sous contrôle rebelles, peu importe. L’essentiel est que Bédié ne soit pas rattrapé par le temps, la limite d’âge et qu’il soit réélu (ce qui est fortement improbable) pour se venger. D’Alassane Dramane Ouattara (son allié de circonstance, commanditaire visible du coup d’Etat de 1999). De ses anciens compagnons du PDCI que sont, entre autres personnalités, Laurent Dona Fologo, Timothée Ahoua N’Guetta, Denis Bra Kanon, Sery Gnoléba, devenus aujourd’hui “des traîtres” à ses yeux pour avoir choisi de servir la République et pour s’être rapprochés de l’actuel chef de l’Etat. De Laurent Gbagbo à qui il en veut de ne pas avoir appelé les militants de son parti, le FPI, à des marches contre le coup d’Etat de décembre 1999. Voilà pourquoi, à 75 ans, là où la Constitution parle de départ à la retraite, M. Bédié lutte pour être encore président de la République. “Je me suis naturellement interrogé sur le bien-fondé de ce coup d`Etat stupide qui a annihilé tous les efforts accomplis et détruit tous les acquis. Ses auteurs se sont englués dans les mensonges. Ils n`ont pas eu le courage d`assumer leurs actes. Car ce coup d`Etat était injustifiable”, a encore répété Henri Konan Bédié, candidat à la…vengeance, dans une interview accordée en novembre 2008 au journal britannique “The Independant”. Des propos qui en disent long sur une haine qui le ronge depuis décembre 1999 et qu’il n’arrive pas à comprimer. Tout comme son âge qui avance irrésistiblement vers 75 ans.

Didier Depry didierdepri@yahoo.fr
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