x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le jeudi 15 janvier 2009 | AFP

CôteIvoire: dans le nord rebelle, les efforts d`un préfet pour s`"affirmer"

BOUNA — Il ne dispose pour travailler que d'un téléphone, de deux agendas et d'un stylo. Mais Kouassi Aka Bio, préfet de Bouna, dans le nord ivoirien, multiplie les efforts pour "affirmer" sur cette zone ex-rebelle son autorité, censée être sans partage à partir de ce jeudi.

"Aujourd'hui, nous fonctionnons à 80% comme une préfecture normale. Nous traitons les affaires courantes", résumait en début de semaine M. Kouassi, assis dans son bureau qui ne compte que trois chaises pour les visiteurs, dont deux en plastique.

"Nous faisons ce que nous pouvons avec les moyens du bord", explique-t-il à l'AFP, sanglé dans sa tenue de fonction kaki.

Dans un passé récent, le bâtiment servait de poste de commandement à l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), qui contrôle depuis 2002 le nord de la Côte d'Ivoire après un coup d'Etat manqué contre le président Laurent Gbagbo.

A Bouna (600 km au nord-est d'Abidjan) comme ailleurs dans le nord, ces événements avaient poussé les fonctionnaires à fuir. Ces deux dernières années, la quasi-totalité des quelque 24.500 agents des services publics ont été réaffectés dans ces zones. Cachés derrière les ruines de l'ancienne préfecture, les bureaux ont été réhabilités pour accueillir le préfet en septembre 2007.

Du matin au soir, Kouassi Aka Bio accorde des audiences, participe à des réunions et court les manifestations pour représenter le pouvoir légal.

"Nous sommes une administration qui doit s'affirmer, reconnaît-il, et pour cela nous multiplions nos présences à toutes les cérémonies". "Même dans des funérailles". Les débuts n'ont pas été faciles, raconte-t-il: l'omniprésence des FN, de la régulation de la circulation routière à la perception des taxes, "était un handicap".

Pour imposer peu à peu son autorité, M. Kouassi a donc dû commencer par la partager, créant "une structure que nous appelons ici le +Sommet des autorités+, qui regroupe les élus, les autorités préfectorales et les FN". Son but: "gérer tous les problèmes ensemble".

Pour l'heure, la sécurité reste pourtant du ressort des FN et de leur "commandant de zone" Morou Ouattara: "la force, c'est eux". Dans une autre pièce du même bâtiment travaille le sous-préfet Lassina Binaté. Dans son bureau, ni secrétaire ni machine à écrire. "Nous n'avons pas d'équipement. Je n'ai pas de lit, pas de réfrigérateur et même cette table, c'est moi qui l'ai achetée", confie le préfet Kouassi.

Sur les 146 édifices publics devant être rénovés à Bouna, seuls les résidences du préfet et de son adjoint et leurs bureaux conjoints ont été réhabilités, selon le responsable local du Comité national de pilotage du redéploiement de l'administration (CNPRA), Ghislain Coulibaly.

"Tout reste à faire", admet M. Coulibaly.

Dans un tel contexte, l'échéance du 15 janvier, date-butoir pour le passage de relais entre responsables ex-rebelles et autorités de l'Etat, selon l'accord de paix signé en décembre 2008, paraît ici théorique. "Cette situation peut durer encore deux ans", pronostique le préfet. En attendant, il ne manque pas une occasion d'apparaître en public.

Mardi, lors de la réouverture du cabinet dentaire de la ville, rénové et rééquipé par la force française Licorne, le préfet, comme le maire, a pris la parole.

Refusant de s'exprimer devant la presse, l'adjoint du "com-zone" des FN, qui représentait son chef, a préféré s'asseoir derrière la rangée des officiels.
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ