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Editorial Publié le vendredi 16 janvier 2009 | Le Quotidien d’Abidjan

Notre liberté a des ancêtres

Le 22 novembre 2008, le Front populaire ivoirien (FPI) aurait pu fêter le vingtième anniversaire de sa naissance. Vingt ans, aussi bien dans la vie d'un homme que dans celle d'une association c'est important, parce qu'il correspond à l'âge de la maturité. A 20 ans, on n’est plus un enfant, on est un homme.
Il n'y eût pourtant pas de festivités. Ce 22 Novembre 2008 d'ailleurs, le FPI inhumait un des siens, Memel Fotê en l'occurrence, député à l'Assemblée Nationale de Côte d'Ivoire, vice-président de cette institution, savant multidimensionnel, celui que le professeur Bohui Dally avait surnommé «la Memel-montagne», l'homme-cîme dont l'impressionnante connaissance était parfois hors de portée des meilleurs sachants.
Bref, ce jour-là, le FPI enterrait son repère à Dabou où il fut porté sous les fonts baptismaux dans une ambiance délétère et un environnement de parti unique qui n'inspirait que la terreur.
Ce document, au-delà de son caractère didactique a, avant tout, pour but de montrer le combat de ces hommes et femmes qui ont lutté contre le système Houphouët, basé au plan politique sur le parti unique sur fond de pensée unique, et au plan social sur la corruption et le clientélisme.
On se croirait dans un autre monde ! Ce Houphouët-là dont l'héritage est disputé aujourd'hui aussi bien par ses dévots, ses contempteurs internes, obligés de toute une vie que par d'obscurs adversaires d'intérieur qui n'avaient osé le défier, était un dictateur froid qui éliminait férocement tous ses adversaires politiques.
Sous sa caniche, nombre d'adversaires ont trépassé : Jean-Baptiste Mocket, Biaka Boda, Kragbé Gnagbé, mais aussi d'humbles citoyens, foudroyés à la suite d'imaginaires complots…
Malgré ce contexte et le risque d'être sous la menace constante de la mort, ceux à qui nous rendons hommage aujourd'hui ont fait ce qui plaisait le moins à Houphouët-Boigny. C'est-à-dire contester son autorité. Feu Emile Boga Doudou, Abou Dramane Sangaré, Simone Ehivet Gbagbo «Dominique», Jeannette Koudou « Ibrahim », Ouraga Obou, Laurent Gbagbo «Santia» et quatorze autres personnes dont anaky Kobena, représentant les hommes d'affaires, se sont donnés rendez-vous dans une villa de Dabou pour créer le Front populaire ivoirien, un parti clandestin…
Ces vingt personnes qui ont participé aux assises du congrès constitutif clandestin du FPI sont tous les fondateurs de notre liberté et donc, nos héros. Eux, comme tous ceux qui en France comme ailleurs ont préparé la naissance de ce mouvement.
Dans note pays où les proclamations sont abondantes et souvent définitives, il est parfois bon de faire quelques revues de troupes, pour ne pas que le loup se fasse appeler « agneau » et que l'ivraie ne prenne pas le pas sur la vérité.
Ce document de six pages intitulé « A 20 ans de la clandestinité », est une série de témoignages sur cette période noire de la vie de notre pays. Où le moindre regard appuyé à un secrétaire général d'une section du PDCI pouvait à lui seul vous conduire en prison et …… à la mort. Pour en saisir donc toute l'authenticité, nous avons collecté les témoignages des principaux chefs de cette lutte. Laurent Gbagbo, la tête de pont, un homme opposé, comme il le dit lui-même, au parti unique par principe.
Il revient principalement sur les événements qui ont précipité sa fuite vers la France en passant par la Haute-Volta, aujourd'hui Burkina Faso. Mais aussi sur sa vie de galère en France où il voit sa demande de statut d'exilé politique refusée par les autorités françaises de l'époque qui ont, avant tout, le souci, de protéger l'honneur du vieux sage de Yamoussoukro, “le sage” un épithète sorti tout droit des meilleurs boîtes de communication.
Mais il y a aussi le témoignage de Guy-labertit, ce français qui a les mêmes initiales que l'ivoirien Gbagbo Laurent et qui partage avec lui une longue et vieille amitié.
A côté de ces témoignages, il y a surtout ceux de Simone Ehivet Gbagbo qui a dirigé le mouvement clandestin de 1982 à 1986, soit pendant quatre ans. «C'était dur et ça faisait peur», concède-t-elle. Et pourtant, elle ne baissa jamais les bras. De tous ceux qui ont, en effet, dirigé le FPI dans la clandestinité, c'est elle qui a eu le règne le plus long, Abou Dramane Sangaré n'ayant été à la tête du mouvement qu'entre 1986 et 1988..
Mais ce document parle aussi des premières victoires du FPI. Alors que la gauche politique ivoirienne refuse d'affronter Houphouët-Boigny qui rêve d'organiser les premières consultations électorales pluralistes de Côte d'Ivoire selon ses règles, Laurent Gbagbo prend date avec l'histoire en présentant sa candidature. Mais malgré la violence de la tricherie, Laurent Gbagbo n'en a pas fait une tragédie et a, dans une adresse à la nation, appelé ses électeurs à aller aux législatives. Au bout de ce processus, le FPI a obtenu neuf députés et devenait ainsi la première force politique d'opposition. Le PDCI n'était plus seul. Des journaux d'opposition et une vie politique intense du FPI ne lui permettaient plus de diriger le pays à sa guise. Et c'est bien pour cela qu'il y eût le 18 février 1992, ce jour où Houphouët et son Premier ministre Alassane Ouattara décidèrent de liquider l'opposition démocratique. Très bonne et studieuse lecture !
Par Joseph Titi (joseph.titi@yahoo.fr)
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