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Politique Publié le lundi 19 janvier 2009 | Notre Voie

Dans "Jeune Afrique Economie" en 1998 - Bédié disait : "A 75 ans, il faut prendre sa retraite"

Les faits sont têtus et rattrapent ceux qui baignent naturellement dans la contradiction et l’inconstance. C’est le cas du président du PDCI, Henri Konan Bédié, qui se défend aujourd’hui que ses 75 ans d’âge ne constituent pas un obstacle et que des gens plus âgés que lui sont encore au pouvoir. Ne cherchons pas loin. Rappelons juste à M. Bédié ce qu’il avait confié, à cet effet, dans une interview à «Jeune Afrique Economie» n° 270 du 31 août 1998. Lisez un bref extrait révélateur de cette interview.


“JAE : Pourquoi avoir porté la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans ?

Henri Konan Bédié : L’institution d’un septennat renouvelable, mais avec une limite d’âge à 75 ans, donne la durée nécessaire à l’exécution d’une politique sans pour autant transformer la fonction en poste à vie. Les conditions d’éligibilité en cas de vacance de pouvoir s’ouvrent aux règles de la démocratie et apportent une amélioration irréfutable dans l’égalité des candidatures. De nouvelles dispositions pour préserver et défendre l’Etat dans des circonstances difficiles vont dans le sens que j’indiquais pour maîtriser les aléas en cas de troubles. L’autorité présidentielle est un des éléments du dispositif républicain. L’existence d’un exécutif fort ne constitue pas une menace, mais au contraire une garantie.


La création d’un Sénat renforce la représentation nationale dans le cadre d’un nouveau découpage de nos régions. La volonté de cette réforme est de mieux équilibrer et diversifier nos pôles de développement et de permettre à notre démocratie d’être plus en phase avec le pays, selon les traditions d’une culture démocratique locale. Je vous fais grâce des aménagements institutionnels. Tous s’inscrivent dans cet esprit de continuité, d’adaptation, d’efficacité et de modernité».

Venons-en aux commentaires.

Dans les changements qu’il a opérés en 1998, M. Bédié estimait qu’à 75 ans, un dirigeant a atteint la limite d’âge et ne peut donc plus être aux commandes de la destinée d’une nation moderne. Cela veut dire, selon lui, qu’à 75 ans, on est à la retraite pour la présidentielle. Si on reste dans la logique de Bédié, 75 ans est l’âge d’adieu aux affaires d’Etat. Et Bédié a aujourd’hui 75 ans. D’où vient-il donc ce désir et cette soif de chercher à se porter candidat, là où normalement il doit prendre la route de Daoukro pour un bon repos. Il a même l’audace de se défendre au motif que des gens sont plus âgés que lui et sont encore au pouvoir.

Pour l’ex-chef de l’Etat, 75 ans n’est plus un obstacle. Quelle inconstance ! quelle contradiction ! Dans les changements qu’il a apportés de façon unilatérale par un projet de loi adopté par un parlement majoritairement PDCI-RDA, il avait porté le mandat présidentiel de 5 ans à 7 ans. L’explication qu’il en donne est la durée nécessaire à l’exécution d’une politique sans transformer la fonction en poste à vie. Si on lit entre les lignes, on comprend aisément qu’en 5 ans, Bédié avoue être incapable de réaliser quelque chose de significatif. Pour le faire, il faut une rallonge de 2 ans. Autres commentaires, Bédié justifie les changements effectuées sous sa présidence par le fait qu’il est soucieux de maîtriser les manifestations de rue. On constate que, malgré tout, Bédié n’a pas pu maîtriser la mutinerie des soldats qui s’est muée en coup d’Etat en 1999.
Comme nous y sommes, rappelons, dans cette même interview, ce qu’il a dit de la candidature d’Alassane Dramane Ouattara.


JAE : Pensez-vous faire changer la loi électorale actuelle pour permettre à Alassane Ouattara de se présenter à la prochaine élection présidentielle ?

Henri Konan Bédié : La loi est l’expression de la volonté souveraine du peuple. Il me semble qu’une large majorité, inspirée par un souci légitime d’identité nationale, souhaite que les dispositions définies en 1995 soient conservées. Cette loi impersonnelle s’applique à tous les Ivoiriens sans exclusion. Ma seule volonté ne compte pas. Au demeurant, un tel choix me paraît frappé au coin du bon sens. Dans tous les pays du monde, les conditions d’éligibilité du président de la République répondent à des nécessités historiques et culturelles auxquelles la Côte d’Ivoire ne saurait échapper.

Heureusement que les paroles écrites demeurent pour rafraîchir la mémoire vacillante pour un homme de 75 ans.

Benjamin Koré
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