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International Publié le jeudi 22 janvier 2009 | Nord-Sud

Cessez-le feu entre Israël et le Hamas : Peut-on y croire?

Au regard des violations des différents cessez-le-feu intervenus entre Israéliens et Palestiniens, peut-on croire à la fin de ce conflit ? Rien n’est moins sûr. Des accords de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, il y en a eu une multitude dans le passé. Mais à la première provocation, ils sont tous sont tombés à l’eau. Dans le cas du dernier conflit en date, on applaudi des deux mains le cessez-le-feu – même précaire – intervenu à Gaza après trois semaines de bombardements de Tsahal (l’armée israélienne). Les commentateurs sont cependant pessimistes: aucun des deux camps ne sort vainqueur de l'affrontement et les chances de paix restent plus que jamais éloignées. L'armée israélienne a annoncé hier avoir achevé le retrait de ses troupes dans la bande de Gaza, au quatrième jour d'une trêve encore fragile. La fin de ce retrait, au lendemain de l'investiture du président américain Barack Obama, marque la fin de l'opération "Plomb durci", lancée le 27 décembre pour faire cesser les tirs de roquettes du Hamas sur le Sud de l'Etat hébreu. Gaza, cette bande de terre coincée entre Israël et l’Egypte, dirigé par le Hamas, un groupe jugé terroriste, reste la principale source de conflit dans la région. Parce qu’il s’agit bien d’une région. Pour justifier la dernière offensive, Israël dit avoir eu assez de se faire canarder d’obus divers et a décidé d’aller donner la fessée à son tonitruant voisin. Pas de quoi fouetter un chat mondial. Et surtout aucune larme versée pour les milliers de victimes. Selon un bilan établi par des responsables des services de santé à Gaza, l'offensive israélienne a tué quelque 1.300 Palestiniens, dont la moitié de civils. L'armée israélienne quant à elle fait état de 500 morts dans les rangs des militants palestiniens, qui contestent ce bilan et parlent de 150 morts. C’est donc au milieu de cette guerre des chiffres que le tout nouveau locataire de la Maison Blanche a décidé de prendre pied dans le dossier du Proche-Orient. George W Bush lui refile ainsi sa patate chaude. Hier Barack Obama a téléphoné aux dirigeants israélien Ehoud Olmert, palestinien Mahmoud Abbas, égyptien Hosni Moubarak et le roi Abdallah II de Jordanie pour aider à consolider le cessez-le-feu dans la Bande de Gaza. Selon le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, le président américain a exprimé "sa détermination à s'engager activement dans la recherche de la paix israélo-arabe dès le début de son mandat". Le 11 janvier déjà, il annonçait au cours d’une interview sur la chaîne ABC, sa volonté d’agir vite dans la région. Obama a promis «une nouvelle approche basée sur le respect et sur une volonté de dialogue, mais aussi de la clarté sur ce que nous voulons exactement». Obama n'en a pas moins indiqué qu'il tiendrait compte du conseil donné par l’ancien vice-président, Dick Cheney, de ne pas écarter, uniquement par principe, la stratégie de l'Administration Bush. Israël a le droit de défendre ses citoyens, a-t-il rappelé comme il l'avait fait en juillet lors d'un voyage à Sderot. Pour revenir à l’opération ‘’Plomb durci’’, certains observateurs du conflit israélo-palestinien soulignent qu’Israël n’a pas voulu prendre le risque de prolonger ce conflit au-delà du 20 janvier, pour ne pas placer le nouveau président des Etats-Unis devant une crise majeure dès ses premiers jours. Une guerre sans vainqueur ? Sans avoir atteint ses objectifs, Tsahal a décidé, après s’être bouché les oreilles devant les interpellations de la communauté internationale, de façon unilatérale de mettre fin au conflit. «Israël n'a pas atteint plusieurs de ses objectifs de guerre, comme l'arrêt des tirs de roquettes en provenance de la Bande de Gaza ou la libération du soldat Gilad Shalit. Ce qui a été atteint, c'est l'affaiblissement du Hamas», écrit ainsi le quotidien suisse Bund. Les commentateurs s'accordent également sur un autre point. Pour eux, en plus de n'avoir pas atteint ses objectifs, Israël a encore un peu plus écorné son image sur la scène internationale. «Comme d'habitude dans leurs campagnes, les Israéliens ont utilisé la supériorité de leur armement sans considération pour les civils et ont ainsi provoqué la mort de centaines de civils. Cela a nui à la réputation de l'Etat hébreu dans le monde entier et mis les amis d'Israël dans l'embarras», écrit la Neue Zürcher Zeitung, un quotidien de la Suisse allemande. Au moment où les militants du Hamas défilaient mardi dans la principale rue de Gaza, célébrant comme une victoire le fait d'avoir courbé la tête et tenu bon face à l'orage de feu israélien qui a dévasté le territoire, Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'Onu, admettait devant les ruines fumantes d'un hangar d'aide humanitaire incendié par les obus israéliens, son impuissance à se faire entendre dans le conflit. Le mouvement islamiste mis au ban de la communauté internationale se targue aujourd'hui d'avoir résisté à vingt-deux jours d'offensive israélienne. «Par son action brutale, Israël s'est montré comme l'agresseur qui, au nom de sa sécurité, ne connaît ni limites ni lois», note la Basler Zeitung, un quotidien suisse dans son édition de lundi. Les armes utilisées et l’ampleur des dégâts suscitent à présent l’indignation de la communauté internationale. L'État hébreu prépare sa défense au cas où des responsables militaires ou politiques seraient poursuivis devant des tribunaux internationaux pour des faits commis à Gaza. Les commentateurs ne sont cependant pas plus cléments envers le Hamas. A leurs yeux, le mouvement islamiste a aussi une grande responsabilité dans ce bain de sang. La reprise des tirs de roquettes sur le Sud d'Israël ne pouvait en effet que déboucher sur une réaction violente de la part de Tsahal. Au final, les commentateurs ne sont pas optimistes pour l'avenir. Avec un Etat hébreu qui n'a pas atteint ses objectifs et un Hamas qui a été affaibli mais pas vaincu, la violence ne peut que se rallumer. «Le Hamas et d'autres groupes militants palestiniens restent une menace et la bande de Gaza reste un baril de poudre», avertit la Berner Zeitung. Dans un tel climat de souffre, associé au fait qu’aucun accord n’a été trouvé sur les voies de règlement des questions clé de la Bande de Gaza, tout est sujet au doute. Mais au moins, en attendant la reprise des hostilités, les populations civiles peuvent momentanément goûter à un peu de calme... Si l’arrêt des hostilités perdure entre Israël et le Hamas dans la Bande de Gaza, cela pourra peut-être donner aux Palestiniens suffisamment de temps pour mettre de l’ordre dans leur propre maison. Quelques mois sans bombardement israélien, sans incursion et avec un assouplissement des frontières valent mieux que la prison à ciel ouvert dans laquelle ils sont enformés depuis si longtemps. Il appert donc qu’aussi longtemps qu’Israël maintiendra son occupation sur la Palestine, y compris dans sa forme révisée s’agissant de la Bande de Gaza, aucun accord de cessez-le-feu ne pourra jamais être durable. Heureusement que la diplomatie reste mobilisée. À l'Élysée, on espère pouvoir tenir prochainement à Paris une réunion internationale pour une «paix durable». La conférence internationale envisagée à Paris devrait avoir, pour cœur d'agenda, la création d'un État palestinien, condition indispensable pour une «paix durable», comme l'a rappelé Nicolas Sarkozy, dimanche en Égypte.

Bakayoko Youssouf
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