x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le mardi 27 janvier 2009 | Le Patriote

La côte d’ivoire au bord de la récession économique - Pourquoi les élections doivent avoir lieu en 2009

Un Etat en faillite, une économie exsangue, des populations en proie à une misère sans précédent. C’est la pâle figure que présente aujourd’hui la Côte d’Ivoire. Les germes de cette situation dramatique étaient déjà perceptibles avec les élections pipées d’octobre 2000. Les joutes présidentielles de la dernière année du XXe siècle, avaient laissé en Côte d’Ivoire, un arrière-goût difficile à réprimer par la population et par la classe politique. Depuis, les choses ont empiré. La marche de la Côte d’Ivoire vers la démocratie était restée au travers de la gorge de tous les démocrates. Au point qu’un véritable malaise s’était emparé de la société ivoirienne. Laurent Gbagbo conscient de la crise profonde engendrée par son élection « calamiteuse » a initié un Forum national pour la réconciliation nationale presque un an après son élection. La catharsis populaire qui devait en découler a vite été trahie par le non respect des résolutions prises. La nouvelle dynamique de paix alors insufflée à l’issue de ce grand déballage national s’est brisée contre le manque de sincérité du camp présidentiel. Le premier test a été le certificat de nationalité du docteur Alassane Dramane Ouattara. Sur ce chapitre qui faisait partie des fermes décisions du Forum, le FPI et Laurent Gbagbo ont laissé entrevoir toute leur duplicité en voulant empêcher la justice de faire son travail. Il a fallu toute la témérité du juge Mato Loma-Cissé pour voir le document signé. Le président Laurent Gbagbo pour se dédouaner aux yeux de ses partisans avait, en son temps, déclaré que « le certificat de nationalité de Ouattara n’a qu’une durée de vie de trois mois ». Les tergiversations au niveau d’un toilettage de la Constitution de 2000, la mauvaise organisation des élections générales et surtout l’intention de l’ancien ministre de l’Intérieur, Emile Boga Doudou (paix à son âme !), de ramener la notion de citoyenneté à la tribu ont achevé de convaincre les Ivoiriens sur le vrai visage du nouveau pouvoir. Déjà mal en point depuis le coup d’Etat de décembre 1999, le social des populations ivoiriennes s’est davantage dégradé avec le coup d’Etat manqué du 19 septembre 2002. Depuis cette date, le pays est tombé dans une lente agonie. Au plan économique, la partition du territoire national a plongé la Côte d’Ivoire dans une récession aiguë et un déséquilibre structurel sans égal. Absence d’activités commerciales normales, les pays de l’hinterland pratiquement coupés du port et des entreprises d’Abidjan et les recettes fiscales non perçues dans une grande partie du pays. A ces difficultés, il faut ajouter l’action nocive des « jeunes patriotes » aux lendemains des accords de Linas Marcoussis et des évènements de novembre 2004 contre les entreprises françaises, grandes pourvoyeuses d’emplois. Cette poussée de folie a entraîné un départ massif d’opérateurs économiques français et la fermeture de plusieurs entreprises. D’après le président de la chambre de commerce et d’industrie, Jean-Louis Billon, 78 grosses entreprises ont été totalement touchées dans ces évènements douloureux. 20 ont choisi de quitter définitivement la Côte d’Ivoire et 106 ont été contraintes de fermer. Daniel Bréchat, président du Mouvement des petites et moyennes entreprises avait révélé que sur 500 adhérentes, 120 avaient disparu. Laissant à la touche des milliers de travailleurs et un manque à gagner de plusieurs centaines de milliards de FCFA pour le Trésor ivoirien. Même si certaines de ces entreprises reviennent progressivement, l’on constate amèrement que ces retours sont encore timides pour absorber le fort taux de chômage qui prévaut actuellement en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, les contrecoups de cette situation socioéconomique exécrable apparaissent dans le quotidien des Ivoiriens dont la paupérisation est de plus en plus avérée. Près de la moitié des habitants de ce pays n’arrive plus à s’assurer un seul repas par jour. Selon les dernières études statistiques-il est vrai non encore validées- du ministère du Plan, l’indice de pauvreté en Côte d’Ivoire s’est établi à 48,94% contre 38,4% en 2002. Un Ivoirien sur deux vit sous le seuil de pauvreté. C`est-à-dire que la moitié des populations ivoiriennes n’arrive pas à dépenser 661 FCFA par jour. Selon toujours ce rapport, 70% de la population n’arrivent pas à se nourrir convenablement. Quand 68% a du mal à se soigner. Ces données publiées par l’Institut national des Statistiques en présence du ministre du Plan, Paul Antoine Bohoun Bouabré, le 26 novembre 2008, précisent qu’avec la baisse de l’activité économique, 67% des Ivoiriens ont vu leurs revenus baisser. Une des conséquences logiques de ce tableau peu reluisant : la banqueroute du Trésor ivoirien qui connaît en ce moment de sérieuses et récurrentes tensions de trésorerie. Si bien que ces derniers mois, les membres des Institutions de la République telles, la présidence de la République, de l’Assemblée nationale, de l’Inspection d’Etat et du Conseil économique et social ne sont pas payés. Ou s’ils le sont, c’est à l’épicier. Les ministres de la République jusqu’à hier n’avaient pas encore perçu leur émolument. Et comme le poisson pourrit par la tête, il n’est pas exclu que dans les mois à venir, cette dépression salariale touche les cadres et agents de la Fonction publique. D’autant plus que le gouvernement ne jure actuellement, que sur le point de décision de l’initiative PPTE (Pays pauvres très endettés) qui tombe en principe dans le mois de février pour souffler financièrement. Et encore… !
Pour l’heure, les syndicats de la Fonction publique à qui le président Laurent Gbagbo avaient promis une revalorisation salariale début 2009, s’impatientent. Les enseignants du secondaire pour le même motif sont déjà en grève. Tandis que les médecins sont sur le pied de guerre. La liste risque de s’allonger au fil des jours. Ces deux corporations n’étant pas les seules à qui le chef de l’Etat a promis une embellie sociale en 2009, il faut donc craindre un embrassement général du front social. Avec de telles perspectives, la Côte d’Ivoire peut-elle se payer le luxe de repousser pour une année encore la tenue des élections ? Assurément pas. C’est pourquoi, leur organisation, en cette année s’impose dans l’absolu. Et pour qui aime la Côte d’Ivoire et son peuple, elle n’est pas négociable. Le pays a besoin de respirer et d’inspirer confiance à la communauté internationale et aux bailleurs de fonds, faute de quoi il continuera sa descente aux enfers.

Jean-Claude Coulibaly
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ