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Politique Publié le mardi 27 janvier 2009 |

Elections en Côte d`Ivoire: Pourquoi ça coince

Faso.net - La Commission électorale indépendante (CEI) et la Commission nationale de supervision de l’identification (CNSI) en Côte d’Ivoire ne parlent pas le même langage. Alors que la première persiste et signe, après avoir affirmé que la fin de l’identification des électeurs pour février 2009 dans la perspective de la présidentielle, est un pari tenable, la seconde soutient le contraire et ne manque pas de créer un clash.

Que la CNSI veuille tirer la sonnette d’alarme pour attirer l’attention de sa partenaire en vue de corrections éventuelles de certains dysfonctionnements, ce serait tout à son honneur. Mais, cette sortie serait regrettable si elle était inspirée du pouvoir, pour servir une fois de plus d’obstacles sur le chemin difficile vers l’élection et servir, in fine, les intérêts du clan présidentiel.

En tous les cas, cette querelle de date révèle, au mieux, un manque de synergie d’actions entre les deux institutions, et, au pire, des pressions exercées par le parti au pouvoir sur la CNSI dont on ne peut certifier, étant un instrument de l’Etat, qu’elle n’est pas à la solde des princes ivoiriens. Quant à la CEI, on ne pourrait la suspecter de rouler pour un camp, et particulièrement pour le parti de Laurent Gbagbo. L’une des récentes déclarations fracassantes de son premier responsable, tout à la fois embarrassantes et accusatrices pour le pouvoir, a suffi à montrer que celui-ci n’est pas homme à se laisser facilement faire. La CEI croit donc dur comme fer que le pari de février 2009 est réalisable. Venant de techniciens comme ceux de ces membres, on ne peut pas dire qu’ils aient prononcé ces mots de façon légère. Le rôle de cette structure est d’impulser la dynamique électorale.

Puisqu’elle estime qu’il est objectivement possible d’être dans les délais, alors pourquoi la CNSI ne la laisserait-elle pas agir librement et en toute sérénité, quitte à jouer sa partition ensuite ? Et pourquoi ne la soutiendrait-elle et ne l’accompagnerait-elle pas, étant donné que leur objectif commun est de parvenir aux élections ? En fait, cette guéguerre fait resurgir l’éternel problème de volonté politique et de sincérité qui a toujours freiné la marche du pays vers des élections. Cela dit, il n’est mentionné nulle part qu’il faille une certaine taille et un poids indiqué pour le corps électoral pour achever la confection des listes électorales.

Qu’adviendrait-il alors des élections si la Côte d’Ivoire devait attendre de ceux qui se pressent lentement à dessein, qu’ils fussent tous prêts avant de démarrer les élections ? Ils ne le seront jamais et auront toujours beau jeu de réclamer des prolongations. On le sait, la communauté internationale, malgré les récifs qui ne manquent pas de se dresser sur le chemin de la paix et de la réconciliation en Côte d’Ivoire, s’est toujours montrée disposée à accompagner ce pays. Et son engagement a pu se mesurer par les soutiens matériels et financiers apportés à ce pays. L’Etat ivoirien, il est vrai, ne s’est pas non plus fait faute de délier, certes parcimonieusement, les cordons de la bourse pour marquer son engagement à faire bouger les lignes. Mais, ce n’est pas l’essentiel.

On aura beau financer à bout de bras ce pays pour franchir le cap des élections, la machine électorale ne fera jamais de prodigieux bond en avant tant que seront tapis dans l’ombre des personnes mal intentionnées et en mal de survie politique, toujours prêtes à glisser des bâtons dans les roues de la machine de sortie de crise ivoirienne. Par ailleurs, certains politiciens retardent le processus et se délectent de la situation, ce qui laisse penser qu’ils s’emploient à rendre l’arène politique plus étroite, de sorte que le nombre de candidats à l’élection soit plus réduit.

Ces fins calculateurs peuvent continuer de s’enrichir, de se constituer un important trésor de guerre suffisamment considérable pour corrompre en rond et acheter des consciences quand le grand jour sonnera. Quant à ceux qui continuent à user leurs culottes sur les bancs de l’opposition, ils auront eu le temps de voir le fond de leurs caisses et de se voir handicapés quand la course sera lancée. Le pouvoir semble se presser lentement pendant que l’opposition ronge ses freins, à l’image de l’ancien président Henri Konan Bédié qui accuse le président ivoirien de tout faire pour retarder les élections afin de le mettre hors-jeu par l’âge.

Il paraît en tout cas vraisemblable que Laurent Gbagbo n’ira aux élections que s’il est sûr d’avoir toutes les bonnes cartes en mains. Et ces cartes ont pour noms le contrôle du Nord notamment, auquel Gbagbo voudrait bien ajouter le désarmement des ex-rebelles. Pour les ex-rebelles, c’est un cadeau qui pourrait s’avérer bien trop dangereux entre les mains du grand boulanger d’Abidjan. On se trouve donc dans une sorte de cercle vicieux qui ne fera que toujours planer le doute sur la tenue des prochaines élections. Au total, on a de bonnes raisons de croire que pour les élections en Eburnie, ça coince véritablement.

"Le Pays"
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