A quand les élections? Cette préoccupation des Ivoiriens, fatigués du vide constitutionnel dans lequel baigne le pays depuis 4 ans, n’a pas encore de réponse. L’angoisse devient de plus en plus grande lorsque les acteurs chargés du processus se livrent à une guéguerre à travers des communiqués de presse. La Commission nationale de supervision de l’identification (Cnsi), dirigée par le Magistrat hors hiérarchie, Yua Koffi, dans un communiqué daté du 23 janvier, a mis en doute la fin de l’opération d’identification prévue le 28 février. La Cnsi bâtit son argumentaire autour de réels dysfonctionnements relevés sur le terrain.
En effet, souligne la Cnsi, sur un total de 11000 centres prévus 3400 centres de collecte seulement fonctionnent. Pis, seuls 3,6 millions de la population électorale ont été recensés, soit moins de la moitié des prévisions de la Commission électorale indépendante (CEI). Après ces éléments évoqués par la CNSI, on a cru en la fin de la passe d’armes. Que non !
Mettre fin à la misère des Ivoiriens
Mambé Beugré, président de la Cei, décide de donner la réplique. «La date du 28 février a été décidée de commun accord», répond à la Cnsi, le secrétaire permanent et porte-parole de la Cei, Auguste Miremont. Lequel en verve, ajoute : «La CEI invite, à cet effet, les retardataires à se rendre dans les centres de collecte les plus proches. Elle rappelle que le choix du 28 février 2009 retenue comme terme des opérations a été décidée de commun accord lors d’une des réunions hebdomadaires sur l’identification et le recensement électoral par toutes les structures impliquées dans cette opération. Il s’agit du Cabinet du Premier ministre, de la CEI, de la CNSI, de l’ONI, de l’INS et de Sagem Sécurité, en présence de la communauté internationale. Ce choix a été fait en intégrant tous les vecteurs qui portent sur l’identification. Il prend en compte toutes les pesanteurs endogènes et exogènes». La navigation à vue dans laquelle est engagé le processus après le report des élections, le 30 novembre 2008, n’est pas du tout rassurante pour les investisseurs. «Les hommes d’affaires n’attendent que les élections pour investir. L’environnement dans lequel nous sommes en ce moment n’est pas bon. Les Chancelleries demandent la prudence à leurs ressortissants», explique un responsable du CEPICI (Centre de promotion des investissements de Côte d’Ivoire). A dire vrai, la Côte d’Ivoire ne se vend plus bien. Les investisseurs multiplient les prospections mais ne franchissent pas ce cap. Ils sont tout simplement attentistes. Qui accepterait de mettre son argent dans un pays qui présente des risques postélectoraux? Alors, l’Etat désormais en faillite, a du mal à garantir la sécurité des biens et des personnes. Pour un oui ou pour un non, les «jeunes patriotes» à l’appel de Laurent Gbagbo et du Fpi peuvent, sous le regard médusé des forces de l’ordre, mettre le feu à des entreprises. Novembre 2004 rappelle aux patrons d’Entreprises européennes, de terribles moments d’angoisse. Des richesses patiemment construites ont été détruites. Il fallait casser du blanc après la destruction de la flotte de l’Armée ivoirienne suite au bombardement d’un camp militaire français à Bouaké. Selon la chambre de commerce et d’industrie, 78 grosses entreprises ont été touchées, 20 ont quitté le pays et 106 ont été contraintes de fermer.
En attendant les élections, la misère gagne du terrain. Les derniers chiffres du ministère du Plan sur l’indice de pauvreté en Côte d’Ivoire donnent le vertige. De 38,4% en 2002, le pays se retrouve à 48,94%. Ainsi un Ivoirien sur deux vit sous le seuil de la pauvreté. Une régression qui devrait interpeller les différents acteurs engagés dans le processus de sortie de crise : Primature, CEI, CNSI, SAGEM, INS. Dans leurs véhicules climatisés et aux vitres parfois teintées, jettent-ils un coup d’œil sur le quotidien des Ivoiriens?
Le luxe insolent dans lequel ils baignent les a-t-il éloignés de leurs compatriotes? Les Ivoiriens ont faim. Le pays se meurt. Alors que la fixation de la date des élections devrait déterminer la cadence de la marche du processus, tout un mystère est fait autour de cet objectif.
Ne pas se faire complice…
Voilà qui ajoute de l’eau au moulin de ceux des concitoyens qui estiment que les animateurs des structures reportent la fin du bout du tunnel, de peur de voir leurs propres privilèges s’arrêter.
Les regards sont tournés vers le Chef du gouvernement, Guillaume Soro, maître d’œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou, signé le 4 mars 2007. Il comptabilisera le succès ou l’échec du processus. Plus la date des élections s’éloigne, plus les ingrédients d’une explosion sociale ou d’une insurrection se réunissent. «Un homme qui a faim n’est pas un homme libre», aimait dire Félix Houphouët-Boigny. Laurent Gbagbo, l’autre signataire de l’APO lui, a choisi très tôt de s’en laver les mains. «C’est à la CEI de nous donner une date», se défend le chef de l’Etat. Et il ne cache pas que cette situation l’arrange. Meité Sindou, porte-parole du Premier ministre Soro, en octobre dernier, confiait pour sa part à RFI ceci : «Nous prendrons le temps nécessaire pour établir une bonne liste électorale consensuelle qui va nous gager des élections transparentes et crédibles». Comment concilier cette exigence et la fixation d’une date pour les élections? Tous les acteurs politiques réclament les élections. Les populations qui ploient sous le poids de la misère espèrent la fin de la crise, c’est-à-dire les élections. «En attendant d’avoir cette fameuse liste, on mange quoi? On vit de quoi?» se demande aujourd’hui nombre de nos concitoyens.
«Ivoiriens, allons aux élections vite ! vite ! vite !…. », dit un panneau de campagne de Laurent Gbagbo. Une vraie provocation, voire une moquerie. En fonction de l’objectif, les moyens sont déterminés. Au vu de ce qui se passe, peut-on affirmer que le régime est pressé d’aller aux élections? Il faut être masochiste pour penser cela.
Coulibaly Brahima
En effet, souligne la Cnsi, sur un total de 11000 centres prévus 3400 centres de collecte seulement fonctionnent. Pis, seuls 3,6 millions de la population électorale ont été recensés, soit moins de la moitié des prévisions de la Commission électorale indépendante (CEI). Après ces éléments évoqués par la CNSI, on a cru en la fin de la passe d’armes. Que non !
Mettre fin à la misère des Ivoiriens
Mambé Beugré, président de la Cei, décide de donner la réplique. «La date du 28 février a été décidée de commun accord», répond à la Cnsi, le secrétaire permanent et porte-parole de la Cei, Auguste Miremont. Lequel en verve, ajoute : «La CEI invite, à cet effet, les retardataires à se rendre dans les centres de collecte les plus proches. Elle rappelle que le choix du 28 février 2009 retenue comme terme des opérations a été décidée de commun accord lors d’une des réunions hebdomadaires sur l’identification et le recensement électoral par toutes les structures impliquées dans cette opération. Il s’agit du Cabinet du Premier ministre, de la CEI, de la CNSI, de l’ONI, de l’INS et de Sagem Sécurité, en présence de la communauté internationale. Ce choix a été fait en intégrant tous les vecteurs qui portent sur l’identification. Il prend en compte toutes les pesanteurs endogènes et exogènes». La navigation à vue dans laquelle est engagé le processus après le report des élections, le 30 novembre 2008, n’est pas du tout rassurante pour les investisseurs. «Les hommes d’affaires n’attendent que les élections pour investir. L’environnement dans lequel nous sommes en ce moment n’est pas bon. Les Chancelleries demandent la prudence à leurs ressortissants», explique un responsable du CEPICI (Centre de promotion des investissements de Côte d’Ivoire). A dire vrai, la Côte d’Ivoire ne se vend plus bien. Les investisseurs multiplient les prospections mais ne franchissent pas ce cap. Ils sont tout simplement attentistes. Qui accepterait de mettre son argent dans un pays qui présente des risques postélectoraux? Alors, l’Etat désormais en faillite, a du mal à garantir la sécurité des biens et des personnes. Pour un oui ou pour un non, les «jeunes patriotes» à l’appel de Laurent Gbagbo et du Fpi peuvent, sous le regard médusé des forces de l’ordre, mettre le feu à des entreprises. Novembre 2004 rappelle aux patrons d’Entreprises européennes, de terribles moments d’angoisse. Des richesses patiemment construites ont été détruites. Il fallait casser du blanc après la destruction de la flotte de l’Armée ivoirienne suite au bombardement d’un camp militaire français à Bouaké. Selon la chambre de commerce et d’industrie, 78 grosses entreprises ont été touchées, 20 ont quitté le pays et 106 ont été contraintes de fermer.
En attendant les élections, la misère gagne du terrain. Les derniers chiffres du ministère du Plan sur l’indice de pauvreté en Côte d’Ivoire donnent le vertige. De 38,4% en 2002, le pays se retrouve à 48,94%. Ainsi un Ivoirien sur deux vit sous le seuil de la pauvreté. Une régression qui devrait interpeller les différents acteurs engagés dans le processus de sortie de crise : Primature, CEI, CNSI, SAGEM, INS. Dans leurs véhicules climatisés et aux vitres parfois teintées, jettent-ils un coup d’œil sur le quotidien des Ivoiriens?
Le luxe insolent dans lequel ils baignent les a-t-il éloignés de leurs compatriotes? Les Ivoiriens ont faim. Le pays se meurt. Alors que la fixation de la date des élections devrait déterminer la cadence de la marche du processus, tout un mystère est fait autour de cet objectif.
Ne pas se faire complice…
Voilà qui ajoute de l’eau au moulin de ceux des concitoyens qui estiment que les animateurs des structures reportent la fin du bout du tunnel, de peur de voir leurs propres privilèges s’arrêter.
Les regards sont tournés vers le Chef du gouvernement, Guillaume Soro, maître d’œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou, signé le 4 mars 2007. Il comptabilisera le succès ou l’échec du processus. Plus la date des élections s’éloigne, plus les ingrédients d’une explosion sociale ou d’une insurrection se réunissent. «Un homme qui a faim n’est pas un homme libre», aimait dire Félix Houphouët-Boigny. Laurent Gbagbo, l’autre signataire de l’APO lui, a choisi très tôt de s’en laver les mains. «C’est à la CEI de nous donner une date», se défend le chef de l’Etat. Et il ne cache pas que cette situation l’arrange. Meité Sindou, porte-parole du Premier ministre Soro, en octobre dernier, confiait pour sa part à RFI ceci : «Nous prendrons le temps nécessaire pour établir une bonne liste électorale consensuelle qui va nous gager des élections transparentes et crédibles». Comment concilier cette exigence et la fixation d’une date pour les élections? Tous les acteurs politiques réclament les élections. Les populations qui ploient sous le poids de la misère espèrent la fin de la crise, c’est-à-dire les élections. «En attendant d’avoir cette fameuse liste, on mange quoi? On vit de quoi?» se demande aujourd’hui nombre de nos concitoyens.
«Ivoiriens, allons aux élections vite ! vite ! vite !…. », dit un panneau de campagne de Laurent Gbagbo. Une vraie provocation, voire une moquerie. En fonction de l’objectif, les moyens sont déterminés. Au vu de ce qui se passe, peut-on affirmer que le régime est pressé d’aller aux élections? Il faut être masochiste pour penser cela.
Coulibaly Brahima