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Société Publié le jeudi 29 janvier 2009 | Le Nouveau Réveil

"Pour troubles à l`ordre public", selon le préfet militaire - Le féticheur Gbaha interdit d`activités à Toulépleu par le préfet

La nouvelle nous est parvenue hier de la bouche du féticheur Gbaha lui-même qui nous a joint au téléphone. Il a dit qu'il a été chassé non seulement du village de Mayoubli (Sous préfecture de Péhé) dans le département de Toulépleu, où il a installé ses quartiers généraux depuis un peu plus de 7 mois. Il est spécialisé dans la traque et l'exorcisation des sorciers.

Voilà ce qu'il nous a raconté quant à sa mésaventure : "J'étais en voyage en Guinée, lorsqu'un lundi, mes collaborateurs restés sur place à Mayoubli m'ont appelé pour me dire qu'ils venaient de recevoir une lettre envoyée par le Préfet militaire du département de Toulépleu. Je leur ai dit d'ouvrir la lettre et ils me signifient que le contenu de la lettre me demande de partir immédiatement, non seulement du village de Mayoubli, mais également de tout l'espace du département de Toulépleu avec mes instruments de travail. Arrêter toutes mes activités et partir avec mes collaborateurs et mes bagages pour ma région natale. Le vendredi suivant à 14 heures, le préfet envoie des militaires pour libérer tous les sorciers que j'avais démasqués et mis en examen pour être désenvoûtés. A 23 heures, les militaires sont revenus à Mayoubly tout en tirant en l'air. Pris de panique, deux de mes collaborateurs, nommés respectivement Innocent et Toty, ont pris la fuite, et jusque-là je n'ai aucune nouvelle d'eux. Ils sont portés disparus… " Il soutient qu'il n'est pas arrivé comme cela dans la région. "J'ai été invité par courrier par les populations de Mayoubly à venir les aider à démasquer et à exorciser les sorciers. J'ai une autorisation écrite et signée par le sous-préfet militaire de Péhé, après avis du préfet militaire de Toulépleu. C'est comme cela que je me suis installé à Mayoubly… Aujourd'hui, certains sorciers que les militaires ont libérés de force ont du mal à retourner dans leurs villages respectifs parce que ceux à qui ils ont fait du tort les craignent toujours et sont hostiles à leur retour. J'apprends de là où je suis que les populations entendent marcher sur la sous-préfecture de Péhé ou la préfecture de Toulépleu…".

Nous avons joint hier après midi au téléphone le préfet militaire du Département de Toulépleu, le Lieutenant-colonel Doumbia qui nous a donné sa version des faits : "Depuis l'arrivée de Gbaha dans le département, il y a des problèmes dans les villages. Par exemple, à Nézobly, des familles se regardent en chiens de faïence ; à Pantrokin, le village est divisé et certains vont jusqu'à ne plus reconnaître l'autorité du chef du village ; à Séhizèbly, il y a désormais trois quartiers et chaque quartier a ses sorciers ; à Mayoubly où il réside il a fait construire un bâtiment bizarre qui lui sert de prison à ceux qu'il attrape comme sorciers… Pis, il exige aux parents de ses prisonniers de verser 50.000 F par tête pour leur désenvoûtement avant libération…" Pour le préfet militaire le lieutenant-colonel Doumbia, cette situation est inacceptable dans une République. C'est pourquoi, il a pris la décision d'arrêter les activités de Gbaha. "Je qualifie cela de troubles à l'ordre public. Je précise bien qu'il est interdit désormais de pratique de ses activités sur le territoire de Toulépleu. Mais il n'est pas du tout interdit de séjour dans le département de Toulépleu. Il peut venir et aller librement, il ne sera pas arrêté. Mais qu'il n'exerce plus ses activités de féticheur comme il le faisait jusque-là. Ceux qui ont besoin de ses services, peuvent aller le trouver chez lui, mais pas ici… Je ne veux plus qu'il intervienne dans la région dans le cadre de ses fétiches et du désenvoûtement…", a dit le lieutenant-colonel Doumbia. De fait, il rappelle que la décision qu'il a prise annule automatiquement l'autorisation signée du sous-préfet de Péhé. Pour ce qui est des populations qui sont hostiles au retour des accusés de sorcellerie, le préfet est aussi ferme : "J'attends que des gens viennent me dire que cela s'est traduit dans les faits. Aucun citoyen n'a le droit d'empêcher un autre de rentrer dans son village." Quant à une éventuelle marche des populations sur la sous-préfecture de Péhé ou la préfecture de Toulépleu, le préfet se veut là aussi catégorique : "S'il font ça, je vais les cogner".

Eddy PEHE
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