Dans son discours d'investiture, le 44ème président des Etats-Unis propose au monde musulman "de trouver une nouvelle approche". Une main tendue qui le démarque de la politique de son prédécesseur Geroge W.Bush. A travers le monde, les Musulmans ont généralement bien accueilli cette démarche. En attendant les actes.
Joindre les actes à la parole. C'est ce qu'attendent à présent les pays arabes et les populations musulmanes dans le monde après le discours du 44ème président ce mardi 20 janvier. Devant une foule massive, sur les marches du Capitole à Washington, Barack Husein Obama a tenu a adresser un message au monde musulman : « nous voulons trouver une nouvelle approche, fondée sur l'intérêt et le respect mutuels.»
Aux Etats-unis, le Conseil des relations américano-musulmanes (Cair) a salué la démarche du nouveau président : « Nous espérons que cette déclaration encourageante, combinée avec un changement dans les précédentes politiques de l'Amérique vis-à-vis du monde musulman, contribuera à améliorer l'image de notre pays et à promouvoir un avenir sûr et prospère pour l'ensemble de l'humanité », a déclaré Nihad Awad, directeur exécutif de l'organisation. De son coté, Keith Ellison, premier musulman élu au Congrès américain a aussi salué les paroles d'Obama.
En Grande Bretagne, le Conseil musulman s'est félicité de cette « intention noble » selon Muhammad Abdul Bari, secrétaire général de l'organisation. « J'espère que cela comblera le fossé entre les Etats-Unis et le monde musulman qui n'a cessé de se creuser depuis huit ans » a-t-il ajouté.
Dans son discours, marqué par une volonté fédératrice, Barack Obama a rappelé l'héritage multiculturel et multiconfessionnel de son pays : « Nous savons que notre héritage multiple est une force, pas une faiblesse. Nous sommes un pays de chrétiens et de musulmans, de juifs et d'hindous, et d'athées. Nous avons été formés par chaque langue et civilisation, venues de tous les coins de la Terre. » Des propos qui ont retenu l'attention de Hilal Khashan, professeur de sciences politiques à l'Université de Beyrouth : « Le fait qu'il ait mentionné les musulmans revêt une grande signification. C'est un geste symbolique à l'adresse du monde musulman, qui n'est plus exclu », ajoute-t-il.
Même le Soudan s'est dit « très optimiste », par la voix du porte parole du ministère des Affaires étrangères, quant à la volonté exprimée « d'un changement dans la politique étrangère et sur l'abandon de l'Irak ». Dans son discours, Barack Obama a parlé de « laisser l'Irak à son peuple ».
Ailleurs, l'optimisme se mêle au bénéfice du doute. Selon le ministre Egyptien des affaires étrangères, « c'est un discours qui reflète un nouvel esprit de dialogue », « il s'agit d'une nouvelle orientation qui n'est certainement pas celle mise en œuvre par l'administration Bush ».
L'Organisation de la conférence islamique (OCI) espère de l'administration Obama "le début d'un dialogue plus fructueux et mieux informé entre l'Occident et le monde musulman"."La vraie paix ne peut être que partagée, jamais imposée", souligne l'organisation, qui rassemble 57 pays.
Dans une interview accordée en décembre dernier au Chicago Tribune, Obama s'était exprimé sur sa volonté de restaurer l'image de l'Amérique dans le monde musulman. Il était alors sûr d'une chose : le monde « est prêt à entendre ce message ». Il avait d'ailleurs annoncé la tenue prochaine d'"un discours important dans une capitale islamique".
Source : Hanan Ben Rhouma
L'ABBE Norbert Eric Abékan (Curé): ''Le Pouvoir vient de Dieu''
Dans une interview accordée à ''Islam Info'', L'Abbé Norbert Eric Abékan (Curé) à notre dame de la tendresse a donné son point de vue sur la notion de Dieu, du Destin et du Pouvoir qui a été bien évidemment en rapport avec l'accession de Barack Obama à la maison blanche.
Que vous inspire, en tant que prêtre l'accession d'Obama au pouvoir ?
Je voudrais d'abord rendre grâce à Dieu parce que c'est une fierté pour nous de savoir qu'un noir d'origine Africaine (Kenya) est aujourd'hui le chef suprême d'une grande puissance ( les Etats-Unis). Cela ne peut que toucher en moi cette joie, cette fierté. Mais en même temps, une fierté assez mesurée en ce sens que c'est la personne humaine qui m'intéresse. Que Obama soit de race blanche, rouge ou noire ; cela m'importe peu. Le fait que ce monsieur s'est battu avec son équipe lors de la campagne, il a réussi a prouver qu'il était le leader. C'est ce qui m'a beaucoup touché. En ce sens là, il donne une bel exemple à suivre à tous nos leaders et à la jeunesse.
Est-ce que Dieu a sa place dans cette accession au pouvoir ?
Je dis que le pouvoir vient de dieu. Tout pouvoir vient de Dieu, dans la mesure où, c'est Dieu qui nous met à la place qu'il faut, quand il faut. Il y a Dieu et il y a aussi notre part de responsabilité car Obama n'est pas resté assis. Il avait des convictions, des programmes et des personnes autour de lui et c'est tout cela avec la bénédiction de Dieu qui lui a permis d'être à ce poste de responsabilité. Pour revenir à Dieu, je pense que le tout puissant a agi puisque le pouvoir vient de Dieu.
Quelle la place du destin dans cette accession de Obama au pouvoir ?
Vous savez Dieu nous a créé et à chacun, il a fait des dons, des charismes des talents et des aptitudes. Dans la bible, dans l'évangile, le seigneur Jésus parle des talents. Concernant les talents, il dit que chacun de nous a soit un talent, soit deux talents, soit trois talents ou voir même souvent cinq talents. Celui qui a cinq talents, il en a fructifié et il a gagné cinq autres. Ce cas est pareille pour celui qui a quatre ou trois ou deux ou un talents. Donc, Dieu a mis en nous, une sorte de destin que chacun doit pouvoir développer. Il y a des personnes qui prennent conscience de cela et avec la grâce de Dieu, suivent leur destin dans la mesure où leur qualité, leur aptitude, leur talent se développent avec la liberté, la volonté qu'ils ont, essaient de se faire un chemin pour atteindre l'objectif qu'ils visent.
Koulibaly Yacouba
Réaction du monde musulman
Face aux promesses de Barack Obama, le monde arabo-musulman accorde généralement le bénéfice du doute au nouveau président américain mais le jugera sur ses actes.
Après huit années de présidence Bush, marquées par l'invasion de deux pays musulmans - l'Afghanistan en 2001 et l'Irak en 2003 - et un soutien sans faille à Israël, le discours d'investiture du nouvel hôte de la Maison blanche a été suivi de très près mardi dans le monde islamique, à l'affût d'un changement de la politique américaine.
En règle générale, le ton adopté par Barack Obama, qui a promis de nouvelles relations fondées sur le respect mutuel et l'intérêt commun, a été bien accueilli.
v "C'est un discours qui reflète un esprit nouveau, favorable au dialogue et à la coopération. C'est une nouvelle orientation qui nous change vraiment de celle de l'administration Bush", déclare l'ancien ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Maher.
Hilal Khashan, professeur de sciences politiques à l'université américaine de Beyrouth, souligne que la référence d'Obama aux musulmans américains, partie importante de la population des Etats-Unis, est quelque chose de rare dans le discours politique américain.
"Le fait qu'il ait mentionné les musulmans revêt une grande signification. C'est un geste symbolique à l'adresse du monde musulman, qui n'est plus exclu", ajoute-t-il.
v Le Conseil musulman de Grande-Bretagne a également salué l'offre d'Obama d'établir de nouvelles relations avec l'islam.
v "Ses intentions sont nobles. J'espère que cela comblera le fossé entre les Etats-Unis et le monde musulman qui n'a cessé de se creuser depuis huit ans", dit Mouhammad Abdoul Bari, secrétaire général de l'organisation.
"UN ESPOIR"
v Même au Soudan, dont les rapports avec Washington se sont singulièrement dégradés ces dernières années, en raison notamment du conflit du Darfour, le gouvernement a bien accueilli l'arrivée de Barack Obama à la Maison blanche.
v "Nous sommes très optimistes (...) Nous avons entendu ce qu'Obama a dit sur un changement de politique étrangère, sur un retrait d'Irak", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ali al Sadig.
En Egypte, les Frères musulmans sont également satisfaits des déclarations du président américain.
v "J'ai été heureux quand il a dit que les relations avec le monde arabo-musulman devaient être fondées sur le respect", a dit Essam el Erian, chef du comité politique de l'organisation.
v "Ce respect mutuel est nécessaire. Si cette attitude se confirme, je pense que les relations entre les Arabes et les Etats-Unis seront transformées."
Gamila Ismaïl, dont le mari Ayman Nour a passé trois ans en prison après s'être présenté aux élections contre le président Hosni Moubarak, a retenu les mots d'Obama sur les dirigeants politiques qui s'accrochent au pouvoir "par la tromperie et en faisant taire toute opposition".
v "C'est très fort (...), ces mots nous donnent beaucoup d'espoir pour l'avenir mais j'espère qu'ils se traduiront en actes et en initiatives politiques", dit-elle.
Le gouvernement de George Bush avait également promis de faire de l'établissement de la démocratie dans le monde arabe une de ses priorités, une promesse finalement laissée de côté face aux progrès électoraux des islamistes.
"OBAMA ET BUSH, C'EST KIF-KIF"
L'homme de la rue est généralement satisfait des déclarations d'Obama mais doute souvent qu'elles se traduisent un jour dans les faits. D'autres sont encore plus critiques.
v "Nous pensions qu'il était différent et qu'il mènerait une politique juste au Proche-Orient. Mais il me semble qu'il est comme ses prédécesseurs. Il n'a rien dit sur le massacre de Gaza. Quand Israël a mis fin à sa guerre, il a parlé d'un nouveau départ avec le monde musulman. Mais ce ne sont que des mots et nous ne verrons rien de concret sur le terrain", dit à Tunis Zoubeïr Ben Sassi, un technicien de 40 ans.
La réticence de Barack Obama à s'exprimer sur l'offensive menée pendant trois semaines par Israël dans la bande de Gaza a en effet douché les espoirs de nombreux Arabes.
Le politologue libanais Sateh Noureddin reconnaît "un changement dans les mots" mais ne croit pas à des modifications essentielles dans les relations avec Washington.
v "Tout ce bla-bla ne mènera à rien. Obama et Bush, c'est kif-kif", affirme un autre Libanais, Zahi Abdo.
Pour Adil Gatae, 42 ans, un garde en faction devant un bâtiment officiel à Bagdad, "l'Occident n'aime pas l'islam, qui est pour lui une religion de terreur".
v "Je ne pense pas que la politique américaine changera vraiment. Ce ne sont que de fausses promesses", dit-il.
Au Maroc, Abdelilah Benkirane, qui dirige le principal parti islamique d'opposition, se réjouit des propos d'Obama mais doute que le nouveau président puisse mettre ses bonnes intentions en pratique.
v "Nous attendons des actes. Les paroles de Barack Obama sont douces à nos oreilles mais il n'est pas le seul aux commandes des Etats-Unis. Il est aussi le président des grandes multinationales, comme celles qui fabriquent et vendent des armes..."
Avec les bureaux du Caire, de Beyrouth, Tunis, Rabat, Bagdad, Téhéran, Khartoum, Ankara, Londres et Koweït, version française Guy Kerivel
Discours du nouveau président des Etats-Unis
Le 44e Président des Etats-Unis d'Amérique a été investi le 20 janvier dernier. A cette occasion, il a prononcé un discours prometteur d'un monde de paix, d'amour et de prospérité. Tout cela dans le respect mutuel. Voici ce qu'il a dit au monde musulman.
(...) Nous savons que notre héritage multiple est une force, pas une faiblesse. Nous sommes un pays de chrétiens et de musulmans, de juifs et d'hindous, et d'athées. Nous avons été formés par chaque langue et civilisation, venues de tous les coins de la Terre. Et parce que nous avons goûté à l'amertume d'une guerre de Sécession et de la ségrégation (raciale), et émergé de ce chapitre plus forts et plus unis, nous ne pouvons pas nous empêcher de croire que les vieilles haines vont un jour disparaître, que les frontières tribales vont se dissoudre, que pendant que le monde devient plus petit, notre humanité commune doit se révéler, et que les Etats-Unis doivent jouer leur rôle en donnant l'élan d'une nouvelle ère de paix. Au monde musulman: nous voulons trouver une nouvelle approche, fondée sur l'intérêt et le respect mutuels. A ceux parmi les dirigeants du monde qui cherchent à semer la guerre, ou faire reposer la faute des maux de leur société sur l'Occident, sachez que vos peuples vous jugeront sur ce que vous pouvez construire, pas détruire. (...)
Joindre les actes à la parole. C'est ce qu'attendent à présent les pays arabes et les populations musulmanes dans le monde après le discours du 44ème président ce mardi 20 janvier. Devant une foule massive, sur les marches du Capitole à Washington, Barack Husein Obama a tenu a adresser un message au monde musulman : « nous voulons trouver une nouvelle approche, fondée sur l'intérêt et le respect mutuels.»
Aux Etats-unis, le Conseil des relations américano-musulmanes (Cair) a salué la démarche du nouveau président : « Nous espérons que cette déclaration encourageante, combinée avec un changement dans les précédentes politiques de l'Amérique vis-à-vis du monde musulman, contribuera à améliorer l'image de notre pays et à promouvoir un avenir sûr et prospère pour l'ensemble de l'humanité », a déclaré Nihad Awad, directeur exécutif de l'organisation. De son coté, Keith Ellison, premier musulman élu au Congrès américain a aussi salué les paroles d'Obama.
En Grande Bretagne, le Conseil musulman s'est félicité de cette « intention noble » selon Muhammad Abdul Bari, secrétaire général de l'organisation. « J'espère que cela comblera le fossé entre les Etats-Unis et le monde musulman qui n'a cessé de se creuser depuis huit ans » a-t-il ajouté.
Dans son discours, marqué par une volonté fédératrice, Barack Obama a rappelé l'héritage multiculturel et multiconfessionnel de son pays : « Nous savons que notre héritage multiple est une force, pas une faiblesse. Nous sommes un pays de chrétiens et de musulmans, de juifs et d'hindous, et d'athées. Nous avons été formés par chaque langue et civilisation, venues de tous les coins de la Terre. » Des propos qui ont retenu l'attention de Hilal Khashan, professeur de sciences politiques à l'Université de Beyrouth : « Le fait qu'il ait mentionné les musulmans revêt une grande signification. C'est un geste symbolique à l'adresse du monde musulman, qui n'est plus exclu », ajoute-t-il.
Même le Soudan s'est dit « très optimiste », par la voix du porte parole du ministère des Affaires étrangères, quant à la volonté exprimée « d'un changement dans la politique étrangère et sur l'abandon de l'Irak ». Dans son discours, Barack Obama a parlé de « laisser l'Irak à son peuple ».
Ailleurs, l'optimisme se mêle au bénéfice du doute. Selon le ministre Egyptien des affaires étrangères, « c'est un discours qui reflète un nouvel esprit de dialogue », « il s'agit d'une nouvelle orientation qui n'est certainement pas celle mise en œuvre par l'administration Bush ».
L'Organisation de la conférence islamique (OCI) espère de l'administration Obama "le début d'un dialogue plus fructueux et mieux informé entre l'Occident et le monde musulman"."La vraie paix ne peut être que partagée, jamais imposée", souligne l'organisation, qui rassemble 57 pays.
Dans une interview accordée en décembre dernier au Chicago Tribune, Obama s'était exprimé sur sa volonté de restaurer l'image de l'Amérique dans le monde musulman. Il était alors sûr d'une chose : le monde « est prêt à entendre ce message ». Il avait d'ailleurs annoncé la tenue prochaine d'"un discours important dans une capitale islamique".
Source : Hanan Ben Rhouma
L'ABBE Norbert Eric Abékan (Curé): ''Le Pouvoir vient de Dieu''
Dans une interview accordée à ''Islam Info'', L'Abbé Norbert Eric Abékan (Curé) à notre dame de la tendresse a donné son point de vue sur la notion de Dieu, du Destin et du Pouvoir qui a été bien évidemment en rapport avec l'accession de Barack Obama à la maison blanche.
Que vous inspire, en tant que prêtre l'accession d'Obama au pouvoir ?
Je voudrais d'abord rendre grâce à Dieu parce que c'est une fierté pour nous de savoir qu'un noir d'origine Africaine (Kenya) est aujourd'hui le chef suprême d'une grande puissance ( les Etats-Unis). Cela ne peut que toucher en moi cette joie, cette fierté. Mais en même temps, une fierté assez mesurée en ce sens que c'est la personne humaine qui m'intéresse. Que Obama soit de race blanche, rouge ou noire ; cela m'importe peu. Le fait que ce monsieur s'est battu avec son équipe lors de la campagne, il a réussi a prouver qu'il était le leader. C'est ce qui m'a beaucoup touché. En ce sens là, il donne une bel exemple à suivre à tous nos leaders et à la jeunesse.
Est-ce que Dieu a sa place dans cette accession au pouvoir ?
Je dis que le pouvoir vient de dieu. Tout pouvoir vient de Dieu, dans la mesure où, c'est Dieu qui nous met à la place qu'il faut, quand il faut. Il y a Dieu et il y a aussi notre part de responsabilité car Obama n'est pas resté assis. Il avait des convictions, des programmes et des personnes autour de lui et c'est tout cela avec la bénédiction de Dieu qui lui a permis d'être à ce poste de responsabilité. Pour revenir à Dieu, je pense que le tout puissant a agi puisque le pouvoir vient de Dieu.
Quelle la place du destin dans cette accession de Obama au pouvoir ?
Vous savez Dieu nous a créé et à chacun, il a fait des dons, des charismes des talents et des aptitudes. Dans la bible, dans l'évangile, le seigneur Jésus parle des talents. Concernant les talents, il dit que chacun de nous a soit un talent, soit deux talents, soit trois talents ou voir même souvent cinq talents. Celui qui a cinq talents, il en a fructifié et il a gagné cinq autres. Ce cas est pareille pour celui qui a quatre ou trois ou deux ou un talents. Donc, Dieu a mis en nous, une sorte de destin que chacun doit pouvoir développer. Il y a des personnes qui prennent conscience de cela et avec la grâce de Dieu, suivent leur destin dans la mesure où leur qualité, leur aptitude, leur talent se développent avec la liberté, la volonté qu'ils ont, essaient de se faire un chemin pour atteindre l'objectif qu'ils visent.
Koulibaly Yacouba
Réaction du monde musulman
Face aux promesses de Barack Obama, le monde arabo-musulman accorde généralement le bénéfice du doute au nouveau président américain mais le jugera sur ses actes.
Après huit années de présidence Bush, marquées par l'invasion de deux pays musulmans - l'Afghanistan en 2001 et l'Irak en 2003 - et un soutien sans faille à Israël, le discours d'investiture du nouvel hôte de la Maison blanche a été suivi de très près mardi dans le monde islamique, à l'affût d'un changement de la politique américaine.
En règle générale, le ton adopté par Barack Obama, qui a promis de nouvelles relations fondées sur le respect mutuel et l'intérêt commun, a été bien accueilli.
v "C'est un discours qui reflète un esprit nouveau, favorable au dialogue et à la coopération. C'est une nouvelle orientation qui nous change vraiment de celle de l'administration Bush", déclare l'ancien ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Maher.
Hilal Khashan, professeur de sciences politiques à l'université américaine de Beyrouth, souligne que la référence d'Obama aux musulmans américains, partie importante de la population des Etats-Unis, est quelque chose de rare dans le discours politique américain.
"Le fait qu'il ait mentionné les musulmans revêt une grande signification. C'est un geste symbolique à l'adresse du monde musulman, qui n'est plus exclu", ajoute-t-il.
v Le Conseil musulman de Grande-Bretagne a également salué l'offre d'Obama d'établir de nouvelles relations avec l'islam.
v "Ses intentions sont nobles. J'espère que cela comblera le fossé entre les Etats-Unis et le monde musulman qui n'a cessé de se creuser depuis huit ans", dit Mouhammad Abdoul Bari, secrétaire général de l'organisation.
"UN ESPOIR"
v Même au Soudan, dont les rapports avec Washington se sont singulièrement dégradés ces dernières années, en raison notamment du conflit du Darfour, le gouvernement a bien accueilli l'arrivée de Barack Obama à la Maison blanche.
v "Nous sommes très optimistes (...) Nous avons entendu ce qu'Obama a dit sur un changement de politique étrangère, sur un retrait d'Irak", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ali al Sadig.
En Egypte, les Frères musulmans sont également satisfaits des déclarations du président américain.
v "J'ai été heureux quand il a dit que les relations avec le monde arabo-musulman devaient être fondées sur le respect", a dit Essam el Erian, chef du comité politique de l'organisation.
v "Ce respect mutuel est nécessaire. Si cette attitude se confirme, je pense que les relations entre les Arabes et les Etats-Unis seront transformées."
Gamila Ismaïl, dont le mari Ayman Nour a passé trois ans en prison après s'être présenté aux élections contre le président Hosni Moubarak, a retenu les mots d'Obama sur les dirigeants politiques qui s'accrochent au pouvoir "par la tromperie et en faisant taire toute opposition".
v "C'est très fort (...), ces mots nous donnent beaucoup d'espoir pour l'avenir mais j'espère qu'ils se traduiront en actes et en initiatives politiques", dit-elle.
Le gouvernement de George Bush avait également promis de faire de l'établissement de la démocratie dans le monde arabe une de ses priorités, une promesse finalement laissée de côté face aux progrès électoraux des islamistes.
"OBAMA ET BUSH, C'EST KIF-KIF"
L'homme de la rue est généralement satisfait des déclarations d'Obama mais doute souvent qu'elles se traduisent un jour dans les faits. D'autres sont encore plus critiques.
v "Nous pensions qu'il était différent et qu'il mènerait une politique juste au Proche-Orient. Mais il me semble qu'il est comme ses prédécesseurs. Il n'a rien dit sur le massacre de Gaza. Quand Israël a mis fin à sa guerre, il a parlé d'un nouveau départ avec le monde musulman. Mais ce ne sont que des mots et nous ne verrons rien de concret sur le terrain", dit à Tunis Zoubeïr Ben Sassi, un technicien de 40 ans.
La réticence de Barack Obama à s'exprimer sur l'offensive menée pendant trois semaines par Israël dans la bande de Gaza a en effet douché les espoirs de nombreux Arabes.
Le politologue libanais Sateh Noureddin reconnaît "un changement dans les mots" mais ne croit pas à des modifications essentielles dans les relations avec Washington.
v "Tout ce bla-bla ne mènera à rien. Obama et Bush, c'est kif-kif", affirme un autre Libanais, Zahi Abdo.
Pour Adil Gatae, 42 ans, un garde en faction devant un bâtiment officiel à Bagdad, "l'Occident n'aime pas l'islam, qui est pour lui une religion de terreur".
v "Je ne pense pas que la politique américaine changera vraiment. Ce ne sont que de fausses promesses", dit-il.
Au Maroc, Abdelilah Benkirane, qui dirige le principal parti islamique d'opposition, se réjouit des propos d'Obama mais doute que le nouveau président puisse mettre ses bonnes intentions en pratique.
v "Nous attendons des actes. Les paroles de Barack Obama sont douces à nos oreilles mais il n'est pas le seul aux commandes des Etats-Unis. Il est aussi le président des grandes multinationales, comme celles qui fabriquent et vendent des armes..."
Avec les bureaux du Caire, de Beyrouth, Tunis, Rabat, Bagdad, Téhéran, Khartoum, Ankara, Londres et Koweït, version française Guy Kerivel
Discours du nouveau président des Etats-Unis
Le 44e Président des Etats-Unis d'Amérique a été investi le 20 janvier dernier. A cette occasion, il a prononcé un discours prometteur d'un monde de paix, d'amour et de prospérité. Tout cela dans le respect mutuel. Voici ce qu'il a dit au monde musulman.
(...) Nous savons que notre héritage multiple est une force, pas une faiblesse. Nous sommes un pays de chrétiens et de musulmans, de juifs et d'hindous, et d'athées. Nous avons été formés par chaque langue et civilisation, venues de tous les coins de la Terre. Et parce que nous avons goûté à l'amertume d'une guerre de Sécession et de la ségrégation (raciale), et émergé de ce chapitre plus forts et plus unis, nous ne pouvons pas nous empêcher de croire que les vieilles haines vont un jour disparaître, que les frontières tribales vont se dissoudre, que pendant que le monde devient plus petit, notre humanité commune doit se révéler, et que les Etats-Unis doivent jouer leur rôle en donnant l'élan d'une nouvelle ère de paix. Au monde musulman: nous voulons trouver une nouvelle approche, fondée sur l'intérêt et le respect mutuels. A ceux parmi les dirigeants du monde qui cherchent à semer la guerre, ou faire reposer la faute des maux de leur société sur l'Occident, sachez que vos peuples vous jugeront sur ce que vous pouvez construire, pas détruire. (...)