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Art et Culture Publié le vendredi 30 janvier 2009 | Le Repère

Me Cheick Diop (Avocat de Billy-Billy): "Nous ne restituerons jamais ces trophées au BURIDA"

Me Cheick Diop est l'avocat de Billy-Billy. L'homme de droit estime que l'enfant de "Wassakara" a été spolié de ses deux titres et de ses prix intermédiaires. Dans cet entretien, il déclare le jury, ayant été à la base de cette décision, incompétent. Lisez plutôt…

Billy-Billy, votre client a raflé deux trophées à la deuxième édition des Hauts de Gamme. Quelques jours après le jury le destitue. Vous, en tant qu'avocat, comment qualifiez-vous cette décision ?
En tant que juriste, je ne peux qu'avoir une analyse juridique. Nous soutenons que le jury n'existe plus après avoir proclamé les résultats. Le jury n'est pas compétent pour revenir sur un prix déjà décerné. Une fois que l'on donne, l'on ne peut plus reprendre. Et cela, c'est la loi qui le dit. C'est ce qui est schématisé en disant que donner, c'est donner, reprendre, c'est voler.


Billy-Billy est-il dans son droit pour intenter un procès contre le jury ?

Billy-Billy est dans ses droits pour intenter un procès en ce qui concerne les prix qu'il a gagnés. Nous sommes prêts à intenter une action contre le Burida. Mais, nous sommes avant tout disposés à trouver une solution à l'amiable.


Comment expliquez-vous les excuses publiques qu'il a présentées ? Est-ce que cette démarche s'est faite sans que vous n'en soyez informé ?

Aujourd'hui (mercredi dernier), j'ai adressé un courrier au Burida dans laquelle j'ai réitéré le pardon. Demander pardon ne suffit pas pour dire que l'on reconnaît une faute. Certaines personnes se sont senties frustrées, insultées. C'est à ces personnes que l'artiste demande pardon. Il y avait des gens dans la salle qui ne s'étaient pas senties frustrées, puisque suite à ses propos, ils l'ont ovationné.


Est-ce que l'occasion était indiquée pour tenir de tels propos ?

Moi, je suis avocat et ce que je constate, c'est que les gens procèdent à des glissements et commencent à politiser l'affaire. Dans le domaine artistique, les artistes ont de l'imagination. La liberté d'expression est beaucoup plus accentuée chez les artistes. Sans cette liberté, il n'y aurait pas d'innovation.


Ne pensez-vous pas que les propos de l'artiste ont été injurieux ?

Lorsque l'on parle d'injure, l'on parle de moralité. La moralité se distingue en fonction des classes sociales. Lorsque l'on tient certains propos dans certaines cours communes et que l'on considère cela comme des plaisanteries, dans d'autres milieux l'on prendrait ces mêmes propos comme de l'injure.


Il y avait quand même des personnalités dans la salle et la cérémonie à une heure de grande écoute était retransmise à la télévision nationale. Ne pensez-vous pas que c'était un peu trop fort ?

L'on parle toujours des personnalités qui étaient dans la salle. Mais les personnalités ne font pas le public. Nous voyons des clips vidéo diffusés sur notre télévision nationale qui sont plus choquants que les propos de Billy-Billy. Et puis, certaines personnalités ont applaudi dans la salle après les propos de mon client.


Vous avez adressé une lettre au Burida en vue d'un règlement à l'amiable. Quelle a été la réponse du Burida ?

Nous n'avons pas encore de réaction. Nous attendons. Nous l'avons dit, le jury n'a aucune compétence. Si nous devons intenter une action en justice, ce sont les personnes composantes du jury qui seront convoquées une à une. L'argumentaire selon lequel l'on peut destituer des sportifs médaillés ou des miss élues ne tient pas. Dans ces cas, il y a un comité d'organisation qui est déclaré comme une association ayant une personnalité juridique. Donc, à ce titre, il peut prendre des décisions. C'est comme ça que ça marche dans les pays développés. Dans ces pays, ce n'est pas le jury qui revient sur une distinction. C'est plutôt le comité d'organisation. Etant donné que dans notre cas, le jury n'existe pas, et qu'il n'y a pas de comité d'organisation, ayant une personnalité juridique, c'est donc le Burida qui prend des décisions. Les uns et les autres se sont rendus compte que le jury n'existe pas et qu'il était incompétent. Il revient dès lors au Burida, en toute logique et en toute équité de réhabiliter Billy-Billy dans ses droits et de lui restituer ses prix intermédiaires.


Puisque vous brandissez le droit, le Burida pourrait en faire autant contre l'artiste ?

Le Burisa ne peut pas se permettre cela, car il n'a rien à reprocher à mon client. Le Burida n'est pas le gardien de la moralité publique. Il est là plutôt pour protéger les artistes, c'est son rôle de veiller à la préservation des biens des artistes. Il n'appartient pas au Burida de poursuivre les artistes. Il y avait le président d'une association dite de consommateurs prétextant que mon client aurait insulté certaines parties des femmes. Je me demande si c'est parce que ces parties sont consommables et qu'il les consomme qu'un président des consommateurs s'invite dans un tel débat. C'est vous dire qu'il y a souvent trop de confusions dans notre société. Il faut éviter les amalgames. Si les gens veulent prendre des décisions, il faut qu'ils se fassent assister d'un conseil juridique.


Qu'attendez-vous de toutes ces actions que vous voulez mener ?

Il faut que Billy-Billy soit réhabilité dans son titre et que l'on lui restitue ses prix intermédiaires, toutes choses qu'il mérite.


Le Burida a-t-il entrepris des démarches pour reprendre les trophées de l'artiste ?

Non ! Mais je poursuivrais au pénal quiconque entreprendrait une telle démarche. Donner, c'est donner, donner et vouloir reprendre, c'est voler.


Vous n'avez nullement l'intention de restituer ces trophées au Burida ?

Ah non, pas du tout. Ces trophées sont désormais la propriété de Billy-Billy.


Ne pensez-vous pas que votre démarche et cette affaire pourraient porter un coup à l'image de l'artiste ? D'ailleurs, Billy-Billy ne peut pas agir en dehors des activités du Burida.

Vous savez, en Afrique, lorsque vous allez réclamer vos droits à la justice, on pense qu'on sera brimé. On n'est pas forcément brimé si on est dans ses droits. Et puis, le Burida a intérêt à régler cette affaire à l'amiable parce qu'il y a beaucoup d'artistes dont les droits sont violés. Si les artistes se rendent compte que leurs droits sont violés, c'est le Burida qui risque d'avoir des procédures en cascade.


Peut-on savoir l'état d'esprit de l'artiste depuis le déclenchement de cette affaire ?

L'artiste est en pleine forme. Il est serein. Il constate qu'il est convoité de tous. Il a le réconfort de son public. Il est en pleine préparation de son nouvel album. Il n'est nullement affecté. Il a confié l'affaire à son avocat en qui il a confiance et, lui, il vaque à ses occupations.


Est-ce que vous vous êtes imposé un délai au bout duquel tout devra rentrer dans l'ordre ou alors vous vous soumettez au rythme du Burida ?

Nous déposerons très vite notre acte judiciaire. Nous attendons encore quelques heures et nous irons nous expliquer devant le tribunal si le Burida ne réagit pas très vite.


Pour l'heure, êtes-vous à l'étape du règlement à l'amiable ?

Oui ! Mais nous préparons en même temps nos actes judiciaires au cas où nos tentatives ne seraient pas accueillies favorablement auprès du Burida. Il me revient que le Burida, en tant que structure étatique, ne peut jamais perdre à la justice. Le Burida se trompe si tel est son état d'esprit. Nous ne reculerons pas.

Interview réalisée par Dieusmonde Tadé
et Foumséké Coulibaly
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