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Société Publié le samedi 31 janvier 2009 | Le Nouveau Réveil

Dr Koffi Ehui Bruno (citoyen ivoirien) : “La corruption en Côte d`Ivoire : en sortir ou pas trop c`est trop !”

La corruption prend ses origines en Côte d'Ivoire dès les indépendances. En effet, le choix politique et économique du président Félix HOUPHOUET Boigny à l'indépendance (indépendance plus coopération) a été pour l'occident capitaliste en général et la France en particulier, une marque de confiance et de fidélité. Dès lors, le peuple ivoirien va bénéficier d'un traitement particulier. Ainsi, contrairement aux autres africains relevant des autres pays, les Ivoiriens pourront se rendre en France sans visa. Même le permis de conduire ivoirien était reconnu en France. Les Ivoiriens se rendaient donc en France munis de leur carte d'identité comme s'ils étaient sur le territoire ivoirien.
La conséquence d'un tel traitement est prévisible. Tous les Africains désireux de se rendre en France ; mais confrontés à des difficultés dans l'obtention de visas se rabattent immédiatement sur la Côte d'Ivoire. La Côte d'Ivoire devient l'escale obligée de tout africain qui veut se rendre en France sans papier. La question est donc de savoir comment l'Africain non ivoirien obtient-il la carte d'identité ivoirienne pour aller en France ?
I - CORRUPTION PRIMAIRE
OU INFORMELLE
Dans cette période, le mot corruption n'était pas connu dans l'administration et encore moins dans le milieu des finances en Côte d'Ivoire. On confondait même la corruption et le service rendu par pitié, une sorte d'aide dont les effets se produisent ailleurs que sur le territoire où l'acte a été posé.
Alors commence la corruption primaire ou informelle qui prend naissance avec les Africains en Côte d'Ivoire en attente d'obtention d'une carte d'identité ivoirienne pour se rendre en France. Comment se faire établir une carte d'identité ivoirienne sans être ivoirien, sans pour autant procéder à la naturalisation ? Apparaît alors la notion d'achat de la carte d'identité ivoirienne dans les commissariats. L'établissement d'une carte d'identité demande d'autres documents administratifs comme l'extrait de naissance d'un père et celui d'une mère. Prend alors naissance la corruption dans l'administration avec la mise en place d'un réseau. Au début, l'aspect financier n'était pas le plus important ; mais le sentiment d'avoir aidé quelqu'un à accomplir son objectif voire son rêve. C'est ainsi que tous ces Africains présents en Côte d'Ivoire munis de leurs cartes d'identité nationales vont se rendre en France sans visa. La procédure devenant trop longue du fait du nombre des demandeurs, des Ivoiriens titulaires de carte d'identité ivoirienne vont les vendre aux Africains en Côte d'Ivoire pour la France. Certains profitaient de leur séjour en Côte d'Ivoire pour passer le permis de conduire, un outil très important pour les premiers emplois en France (livreur). Mais attention, le permis de conduire ivoirien n'était pas valable pour être chauffeur de taxi. Le chauffeur de taxi est un métier bien réglementé et qui fait l'objet d'examen avec les trois (03) épreuves : écrit, oral et pratique. Vous ne devenez chauffeur de taxi que si vous réussissez à cet examen en plus de votre permis de conduire. L'inscription à l'examen coûtait à l'époque cinq cent mille (500 000) francs CFA en 1970. La Côte d'Ivoire devient un carrefour de corruption. Tous les Africains sont convaincus qu'en Côte d'Ivoire, si tu as de l'argent, tu peux tout obtenir. Cette situation va perdurer jusqu'aux années quatre vingt (1983-1986) où, à la plus grande stupéfaction de tout le monde, l'on découvrit à Soissons, une ville moyenne française située à 120 kilomètres de Paris, 400 cartes d'identité ivoiriennes vierges autant pour le permis de conduire et des passeports. La conséquence a été immédiate. C'est la fin du privilège ivoirien. Les Ivoiriens subiront dorénavant les mêmes procédures que tous les Africains pour l'obtention du visa et la non reconnaissance du permis de conduire ivoirien. Mais l'habitude corruptive s'est installée et désormais c'est sur le plan interne à conséquence nationale. Désormais, on sait au niveau de l'administration qu'on peut se faire de l'argent en falsifiant des documents pour aider des gens en difficulté. Plus les besoins se font sentir, mieux les Agents de l'Etat apportent volontiers leur concours moyennant une récompense. C'est le cas des élèves dont l'âge étant avancé ne peuvent pas passer certains examens tout comme pour les concours. Là aussi, les Agents de la Mairie ou des Sous préfectures ont la solution. On procède alors, soit à la diminution pure et simple de l'âge soit à l'augmentation de l'âge ou alors on établit un nouveau jugement. La solution la plus simple après étude, est de prendre le jugement d'un cousin du village pour remplacer l'acte administratif de celui qui est dans le besoin. Ainsi ce jeune homme qui s'appelait jusqu'à hier Diby AKA va s'appeler ADONI Ebrin. Désormais, il a deux identités : au village, on l'appelle Diby AKA, en ville, dans son service, il s'appelle ADONI Ebrin. Les auteurs de ces actes administratifs falsifiés sont remerciés par les bénéficiaires de ces documents pour services rendus. Ces pratiques n'ont pas été condamnées de façon systématique mieux elles ont eu pour effet l'enrichissement des Agents.
Chaque secteur va chercher comment se faire de l'argent dans son service en plus de son salaire non pas par un surcroît de travail, mais tout en exécutant son activité. Tandis que d'autres responsables vont imaginer comment augmenter leurs revenus. Enfin certains exigeront un paiement préalable d'argent avant qu'il ne serve l'administré pour lequel il est normalement payé. C'est la formalisation de la corruption ; puisque tout le monde le sait désormais du plus haut responsable au plus petit subalterne de tous les secteurs de l'administration.
II - DE LA CORRUPTION
PRIMAIRE OU INFORMELLE A LA CORRUPTION SECONDAIRE OU FORMELLE
La corruption formelle ne veut pas dire qu'il y a un texte de loi ou un règlement qui l'y autorise ; mais la pratique est connue de tous sans gène et sans sanction. Aujourd'hui, un Agent honnête, s'il en existe, est traité d'anormal. La corruption secondaire ou formelle a pris plusieurs formes et ce, selon les professions et les corps de métiers tant dans l'administration que dans le privé. Toutefois, c'est dans l'administration que la corruption règne au vue et au su de tout le monde. La corruption a plusieurs formes dont on peut classer de la façon suivante.
La corruption par désir financier est le type de corruption qui règne dans certains types de concours ou examens. Les Agents touchent de l'argent avec la promesse ferme de réussite du candidat. Mais ici le concours ou l'examen ne donne pas accès à l'administration. Le corrupteur, s'il est reçu, poursuit sa formation générale. Par la suite, il fera d'autres concours ou examens afin d'accéder dans l'administration.
La corruption par corps ou métier : c'est le type de corruption qui permet au corrupteur d'accéder directement à l'administration. C'est une corruption à finalité objective qu'on pourrait qualifier de corruption de résultat. Ce type de corruption concerne les concours de l'Ecole Nationale d'Administration (ENA), de police, de gendarmerie, de la douane, des eaux et forêts pour ne citer que ceux-là. Le coût est élevé. Ce sont des concours qui permettent au corrupteur d'être rassuré qu'à la fin de sa formation, il va récupérer la somme payée en exerçant son métier. Ce qui débouche sur la corruption d'investissement.
De la corruption par corps ou métier à la corruption d'investissement : c'est la corruption par laquelle le corrupteur est convaincu que s'il accède à son objectif, il va non seulement récupérer sa mise, mais s'enrichir rapidement par tous les moyens dans l'exercice de son métier (policiers par racket, magistrat par des décisions tronquées, douaniers par des dédouanements frauduleux, Agents des impôts par des arrangements, greffiers par des faux actes etc…).
Il se développe une nouvelle forme de corruption dans le milieu financier de l'administration qui ronge de nombreux Agents surtout les nouveaux fonctionnaires.
La corruption par la contrainte financière : c'est le système de corruption où le corrompu oblige le titulaire d'un droit financier à être corrupteur afin d'entrer en possession de son dû.
Le système est simple. Tout le monde sait que tout nouvel Agent ou tout nouveau fonctionnaire ne perçoit pas automatiquement son salaire pendant la période de fonctionnaire stagiaire. L'Etat totalise son salaire d'une année qui lui est versé par le rappel. Le bénéficiaire dudit rappel doit donc entrer en possession ; mais comment toucher cette somme d'argent qui lui appartient. L'Agent chargé du dossier le contraint à lui donner sa part préalablement de peur qu'il ne s'en aille définitivement une fois la somme perçue. Le titulaire de la somme est dans l'obligation de verser à l'Agent exécutant le pourcentage qui lui satisfait. Alors s'engage un marchandage. Le titulaire va s'endetter, remettre d'abord à l'Agent exécutant la somme exigée, avant que celui-ci (Agent exécuteur) ne remette au titulaire son chèque pour aller encaisser ladite somme au trésor.
La corruption par contrainte est la forme la plus développée de nos jours dans les hauts lieux des finances de l'Etat. Ce ne sont pas les fournisseurs de l'administration ivoirienne qui nous contrediront. On pourrait même qualifier cette corruption de corruption d'insatiabilité financière car l'Agent exécutant est très bien payé pour ce travail et parfois des avantages lui sont conférés en conséquence. Mais il n'admet pas que le titulaire de la somme qu'il a calculée, parte sans sa part. C'est plus fort que lui. Il contraint le titulaire à être corrupteur puisqu'il n'y a pas de corrompu sans corrupteur.
A cela, il faut ajouter une autre forme de corruption.
La corruption dite moi d'abord : cette forme de corruption se passe très souvent dans l'exécution des projets. Le projet est effectivement exécuté mais avant la fin du projet, le chef du projet a fini de réaliser sa propre villa ou l'acquisition du nouveau véhicule, etc.… Ici il n'y a pas de corrupteur mais par la ruse ou son savoir-faire, le corrompu atteint son objectif. Toutefois, cette forme de corruption peut tomber dans le classicisme c'est-à-dire un corrupteur et un corrompu. Cela arrive lorsque le chef de projet confie le marché à un entrepreneur en exigeant que ce dernier réalise d'abord sa villa avant le projet. C'est la corruption dite moi d'abord avant l'intérêt général.
La corruption a pris des formes importantes et tous les secteurs sont impliqués y compris le privé. Ainsi lorsqu'on a un chèque très important à toucher dans une banque si vous n'avez pas de connaissance, le va et vient finira par vous faire prendre conscience qu'il y a quelque chose à faire. Il faut ''mouiller la barbe'' de celui qui doit traiter le dossier c'est l'expression. Tout le monde sait, la corruption est la règle et la non corruption est l'exception.
Même en politique, la corruption a sa place.
La corruption par entrepreneur politique : c'est le système de corruption qui consiste à ce que les partis politiques ramassent toute population confondue pour un meeting. En principe quand un parti politique organise une manifestation, les militants dudit parti, dès la première heure, se lèvent pour se rendre sur les lieux pour écouter leur leader. En Côte d'Ivoire, c'est encore une histoire d'argent. Mandat est donné aux piliers du parti, les entrepreneurs politiques de ramasser tous ceux qui acceptent la somme proposée de deux mille (2 000) à cinq mille (5 000) francs en général en mettant à leur disposition des moyens de transport. On pourrait même le qualifier de corruption par effet de foule, car le résultat c'est la foule. Il suffit qu'il y ait la foule et le résultat est atteint. L'entrepreneur politique conserve le reste du budget qui est toujours surfacturé.
Enfin ceux qui sont auprès des personnalités et gèrent leur calendrier. Ici, les rendez-vous s'obtiennent en misant et ce, en fonction des dossiers à soumettre.
La réalité est là et la corruption est devenue une profession que chacun dans son service, si petit soit-il, essaie de l'insérer et de le développer pour une augmentation personnelle de son salaire. Ça devient un métier car il y a des spécialistes.
La corruption telle que décrite ici n'est plus seulement au niveau de l'administration, mais même dans la vie courante, au village, elle infecte la société ivoirienne dans sa globalité. Partant, plus personne ne se gène à détourner les fonds de l'Etat, ou des associations, voire des biens du village si ce n'est de la famille. La corruption et l'escroquerie sont devenues des valeurs de la société moderne ivoirienne puisque les auteurs acquièrent le pouvoir à partir de là et y jouissent impunément.
QUELLES SOLUTIONS ?
III - PROPOSITIONS DE
SOLUTIONS POUR EN FINIR AVEC LA CORRUPTION
La corruption ne pourra jamais être combattue en côte d'ivoire par la sensibilisation. La sanction qui aurait pu être la solution idoine dès le début n'existe pas et s'il venait à exister ne pourra pas être appliquée. Parler de la corruption en Côte d'Ivoire relève de la contradiction sinon du paradoxe. Comment dans un pays comme la Côte d'Ivoire où il y a une église à tous les 500 mètres et autant de mosquées, donc tout le monde est croyant, peut être un vivier sinon le creuset de la corruption ?
Quelle est donc la mission de tous les pasteurs qui pullulent, les prêtres, les imans, etc ? Comment peut-on veiller, chanter, louer Jésus, Dieu, Allah, à longueur de journée et le même à qui on enseigne ces pratiques soit un peuple corrompu ? Plus qu'un paradoxe, c'est la preuve que toutes ces religions révélées ou pas ne sont que des paravents. Il faut donc se tourner vers la culture africaine, en général, et ivoirienne, en particulier, pour une véritable voie religieuse où il réside la crainte de Dieu, où l'on se débarrasse de la sorcellerie, du fétichisme et où l'on ne triche pas, ni avec soi même, ni avec les autres. C'est la religion Gbahié.
IV - LA RELIGION GBAHIE
Sans doute nombreux sont ceux qui ont entendu parler dans les années quatre vingt de GBAHIE. Mais comment ont-ils entendu parler ?
Nombreux sont ceux qui pensent que c'est du fétichisme. Et que non. Nous avons découvert cette religion par une publication des étudiants italiens en anthropologie africaine. Ils ont séjourné pendant des mois à Lakota et précisément à Zikoboue. Religion dirigée par KOUDOU Jeannot, le petit frère de GBAHIE ancien combattant décédé en 1949 à Zikoboue. Gbahié combat la sorcellerie, le fétichisme, la tricherie, le mensonge, la malhonnêteté, toutes les vilaineries sources de méchanceté. Principe de base : Dieu représenté par la terre et associé à trois autres éléments dont l'eau, le vent et l'homme. Tout adepte de Gbahié prie donc la terre, l'eau, le vent et l'homme. Dans cette religion, c'est la femme qui joue le rôle le plus important. Pourquoi ?
-Tout être humain est né d'une femme.
-A toute naissance, lorsque la poche s'ouvre sort l'eau d'abord ensuite l'enfant et le sang.
-L'enfant né, la première chose qui le touche est l'eau pour le nettoyer.
-Cette eau est jetée dans la terre et le placenta, sac de voyage dans lequel se trouve le destin, est enterré en attendant le retour du propriétaire (à sa mort, on le nettoie avec l'eau et on l'enterre).
-Le vent qui souffle sur l'enfant est le souffle qui lui donne la vie.
Ce sont ces éléments indispensables à tout être humain qui constituent le Dieu suprême que vénèrent les Gbaheistes. Le Gbaheiste en priant jure en lapant la terre avec l'index de la main droite, premier geste et le deuxième geste, avec l'index toujours on trace sur la terre pour se couper le cou. Ces deux gestes sont fondamentaux car, par là le Gbaheiste s'engage à ne pas faire du mal (voler, trahir, mentir, tuer, avorter, adultère etc.) et si jamais il le faisait la terre le terrasse. C'est pourquoi, le Gbaheiste n'a point besoin d'aller voir un marabout, ni féticheur et combat par sa prière la sorcellerie.
En effet, si quelqu'un vient s'attaquer à un Gbaheiste, si cet être n'est pas né d'une femme, ne marche pas sur cette terre, ne dort pas dans une maison faite de terre, ne mange rien relevant de la terre, s'il n'utilise pas l'eau, si le vent ne le souffle pas, alors il peut tout faire contre un Gbaheiste. Par contre, s'il est né d'une femme, s'il marche sur cette terre, s'il boit l'eau et le vent le souffle ; alors il appartient à ces éléments de prendre faits et causes de sa situation. C'est pourquoi, un Gbaheiste ne doit jamais accuser quelqu'un dans ses problèmes ou ses malheurs ; mais doit d'abord vérifier dans sa vie, sa conduite, ensuite accuser la terre, l'eau, le vent et l'homme (c'est-à-dire ses parents décédés) qui sont la base de sa vie. Si ce ne sont pas eux, alors à eux de chercher l'auteur ou les auteurs.
En quoi cette religion Gbahié peut-elle être une solution à la corruption ?
Tous nos grands responsables de la haute administration prêtent serment avant de prendre fonction avec des entrées solennelles.
Le serment d'Hippocrate qui rappelle les principes de la morale médicale avant la prise de service vient étayer nos propos. Quelles que soient les croyances de nos responsables, ils prêtent tous ces serments. Malgré cela la corruption ne fait aucune exception. Ces serments doivent être remplacés par les deux gestes de Gbahié ; c'est-à-dire que tous ces hauts responsables vont jurer devant KOUDOU Jeannot en lapant la terre et en coupant leur cou avec la terre en promettant de servir loyalement, honnêtement. Si jamais quelqu'un détournait malgré cela, alors la terre sur laquelle il marche réglera le problème avec lui. Sans vouloir convertir qui que ce soit, utilisons le serment Gbaheiste en lieu et place de ce qui existe aujourd'hui dont les effets désastreux sinon catastrophiques ne sont plus à démontrer.
Comment des pasteurs appelés hommes de Dieu peuvent détourner des fonds des pauvres, prendre l'épouse des fidèles - des pratiques dont le diable ou le sorcier n'ose faire - en ayant la bible ou le livre saint entre les mains? L'Afrique a des valeurs, des religions hautement respectables et respectées qu'il est grand temps de nous y pencher. Comme le disent les Agni : ''A force de détester le Komian du village l'on perd son fils sans s'en rendre compte''.
Pensons-y!

Dr. KOFFI Ehui Bruno
Ehuikoffi4ever@yahoo.fr
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