Diégou Bailly part en laissant un ouvrage à titre posthume, consacré aux plus grands discours du chef de l`Etat. Il aimait écrire. Et il écrivait bien. Sans consacrer à une tradition qui consiste à trouver toujours de grandes qualités à un disparu, on dira que Diégou Bailly reste jusqu`aujourd`hui, la plus grosse plume de la presse écrite ivoirienne. Pour lui, en tout cas, c`est le qualificatif qu`il faut. Et le dire, ce n`est pas exagérer. Diégou Bailly était un journaliste accompli. Surtout sur le plan culturel. Comme on le dit, il était un grand homme de Culture. Il laisse de ce fait, une bibliographie bien solide. Il a publié plusieurs livres dont La fille du silence, Secret d`Etat et La traversée du guerrier qui lui a valu le prix Bernard Dadié de la littérature de l`Association des Editeurs ivoiriens (Assedi). Diégou a aussi à son actif, des pièces de théâtre dont les deux derniers Monokozohi et Hèrèmankono ont été jouées par l`Actor Studio, la troupe du Palais de la Culture. Hèrèmankono est d`ailleurs encore à l`affiche au Palais de la Culture. C`est un spectacle drôle qui met en scène, le quotidien des cours communes en Côte d`Ivoire. Diégou Bailly préparait en plus un titre qui finalement devient un ouvrage à titre posthume. Les textes du livre qui est déjà chez un éditeur abidjanais sont une compilation commentée des grands discours du Président de la République. Ce document qui est un essai politique sera bientôt disponible en kiosque. Diégou aimait aussi les arts. Il était pratiquement à tous les grands rendez-vous culturels. On le retrouvait constamment au théâtre, au cinéma et dans les vernissages. Il était aussi à tous les grands concerts qui ont lieu à Abidjan. L`homme était l`ami des artistes. C`est même pourquoi, il n`a pas hésité à parrainer la première édition du Masa au tout début du très anciennement prestigieux quotidien Le Jour. On le retrouvait en plus, au Palais de la Culture dans la mise en scène de Monokozohi et Hèrèmankono. " Il suivait la mise en scène de près ". Explique Bakaba. Ecrivain dans l`âme, l`homme a aussi appris le journaliste dans l`une des plus grandes écoles qui continue de faire référence dans le monde de la presse francophone. Il a fait la fameuse école de Lille avec une bonne génération d`Africains. C`est de là-bas qu`il atterrit à Ivoire dimanche qui l`accueille avec des noms comme Fidèle Djessa, Raphaël Lakpé feu Bationo et bien d`autres. Ils font alors les beaux jours de ce magazine disparu au début du multipartisme. Avec Raphaël Lakpé et Fidèle Djessa, ils débarquent à Nouvel Horizon, l`hebdomadaire politique du Fpi. Le journal tient la dragée haute aux organes du Pdci et même aux médias d`Etat. Malheureusement, à la suite des incompréhensions, Diégou Bailly décide de partir. Il crée alors Notre temps un hebdo " politiquement correct " qui s`impose très rapidement par la qualité de ses papiers dont une chronique du professeur Sery Bailly qui était beaucoup lue. Mais Diégou Bailly voulait encore plus. En somme, il voyait plus grand. Il quitte donc la rédaction de Notre Temps pour mettre sur pied Le Jour un quotidien très indépendant qui se pose très rapidement comme le journal de l`intelligentsia ivoirienne. On se rappelle par exemple ses édito rigoureusement menés qui étaient attendus par les Ivoiriens. "C`était un patron humble. Il nous faisait lire ses papiers avant de les publier. C`est vrai qu`on était gêné en tant que stagiaire de corriger les papiers du chef. Mais il tenait à ce qu`on le fasse." Révèle un confrère qui a été l`un des élèves de Diégou Bailly. En somme, on le décrit comme un patron affable, d`une grande simplicité. "Il a toujours privilégié les rapports humains avec ses employés que nous sommes. Souvent, il nous invitait à manger à midi " ajoute encore le confrère. Même au Cnca qu`il dirigeait avant sa mort, on vit le deuil d`un parent. Puisque Diégou était aussi un père pour tout le monde là-bas.
Guéhi Brence
Guéhi Brence