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Politique Publié le mercredi 4 février 2009 | Le Nouveau Réveil

Laurent Gbagbo dans l`ouest montagneux ? - Les deux préalables qui bloquent la visite

La visite d'Etat de Laurent Gbagbo dans l'ouest montagneux, annoncée à cor et à cri, fin 2007, est dans l'impasse. Aucune explication officielle n'est donnée à cette situation. En réalité, la visite se bute sur un préalable lui aussi non officiel des populations locales. "J'effectuerai bientôt une visite d'Etat dans l'ouest montagneux. Je profiterai de cette occasion pour me rendre personnellement à Kabacouma (village natal de Robert Guéi, ndlr). Je vais m'entretenir avec mes parents de là-bas, et je leur dirai la vérité, toute la vérité sur la mort du général Guéi. On leur dit trop de choses fausses, et moi-même, j'entends beaucoup de choses pas du tout responsables sur ce sujet". Nous sommes en octobre 2008. Devant des populations wê transportées pour la énième fois au palais présidentiel, Laurent Gbagbo se prononce pour la première fois sur sa visite d'Etat dans l'ouest montagneux qui aurait dû avoir lieu au premier trimestre 2008. Pour la première fois aussi, il se prononce à mots mal couverts sur l'assassinat pendant les premières heures du putsch manqué du 19 septembre 2002, du général Robert Guéi, chef de la junte militaire au pouvoir du 24 décembre 1999 au 26 octobre 2006 et président fondateur de l'Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d'Ivoire (UDPCI).


Le corps du général

La sortie du chef de l'Etat a eu pour mérite de confirmer la principale menace qui plombe sa visite programmée : l'assassinat du général Robert Guéi sinon l'impossibilité pour ses parents de Kabacouma d'entrer en possession de sa dépouille mortelle.

A Kabacouma, le chef de terre Singo Momi se veut certes républicain. " Nous sommes des Ivoiriens, nous sommes dans un Etat. On ne peut donc pas dire au chef de l'Etat, qui est le propriétaire de cet Etat de ne pas venir chez lui ", nous a-t-il confié lors de notre passage le lundi 26 janvier, à son domicile à Kabacouma. Cependant le chef de terre de Kabacouma, à l'instar de l'oncle maternel de Robert Guéi, François Sigui (que nous avons également rencontré lors de notre passage dans cette localité), ne cache pas sa volonté de voir Laurent Gbagbo " venir avec le corps de (leur) fils au cours de cette visite ".

L'impasse remonte aux premières visites des personnalités du régime dans le village principalement et dans la région des montagnes en général.

Le très servile et corvéable président de la cour suprême Tia Koné, cadre dan, a dû faire l'amer constat du préalable au cours d'une tournée qu'il a entreprise dans la région pour préparer le terrain à la visite du chef de l'Etat. En mars 2008, il a confié au Patriote qu'il est " allé expliquer à (ses) parents de Kabakouma que nous ne sommes pas des dieux pour savoir exactement qui a tué Guéï…Il y a d'ailleurs cet adage qui dit : quand un homme tombe, il y a un autre homme qui reste. Voyez-vous, c'est très sage. Ils sont parvenus aujourd'hui à se dire que Guéï est tombé, il faut que la vie continue. Il suffit que les cadres eux-mêmes comprennent cet état d'esprit. La mort d'un frère fait mal. Mais on ne peut pas toujours rester dans les larmes ".


Mauvais chevaux

Le fait est que le chef de l'Etat pour faire son passage en force dans le " Guéiland " s'est lourdement mépris sur ses hommes liges. Autrement dit, il a misé sur de mauvais chevaux. Au premier chef, Tia Koné dont la position ambiguë ne rassure guère ses parents profondément attachés à l'héritage politique par excellence laissé par leur guide : l'UDPCI. Vient Gilbert Bleu Lainé. Le ministre de l'Education nationale avait été vivement contesté par le Général de son vivant après sa première nomination au gouvernement dit de large ouverture du 7 août 2002. Il a pris ses distances vis-à-vis de l'UDPCI, ce qui du reste le dessert sur le terrain politique dans la région des 18 montagnes. Il n'est plus que l'ombre de lui-même sur le plan politique dans sa région natale. Quant à Alphonse Douaty, premier responsable du Front populaire ivoirien (FPI, parti présidentiel), il n'a jamais rien pesé dans l'ouest montagneux. Le FPI est à la peine dans cette région. Et l'assassinat non élucidé à Abidjan, par un commando loyaliste n'arrange rien dans la situation de minorité criante de ce parti dans la région.

Le dernier cheval, positionné comme joker, par le chef de l'Etat s'est révélé le plus mauvais candidat au poste d'émissaire de ce dernier dans la région. Il s'agit du fils aîné de Robert Guéi, l'inénarrable Franck Guéi, dont les propos, les actes et les positions ont fini d'exaspérer Kabacouma. Sa décision certes téléguidée par le palais présidentiel d'inhumer " provisoirement " ; selon ses termes, son père à Abidjan, dans un caveau familial, en dépit des exigences des us et coutumes en pays dan, l'a considérablement éloigné de ses parents de l'ouest.

Il reste donc que Maurice Séry Gnoléba, natif du pays krou, nouveau missionnaire de Laurent Gbagbo, dans la région des montagnes, sache concilier des positions pas toujours extrémistes. Il se trouve que lui aussi, comme tous les hommes liges du chef de l'Etat est précédé d'une réputation de transfuge du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, allié de l'UDPCI) aujourd'hui proche du FPI. Or tout ce qui ressemble au FPI n'est pas forcément le bienvenu dans le " Guéiland ". La visite de Laurent Gbagbo dans l'ouest montagneux n'est certainement pas pour demain.

André Silver Konan
Envoyé spécial
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