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Politique Publié le jeudi 5 février 2009 | Fraternité Matin

Processus de paix / Maho Glofiéhi (Chef des forces de résistance du grand ouest) : “Les forces de résistance attendent toujours leur démantèlement”

Chef traditionnel, adjoint au maire, Maho Glofiéï, tire les leçons de la défense de la République et salue l’avènement du gouvernorat militaire dans le Moyen-Cavally.

Que deviennent les Forces de résistance du grand ouest et de la Côte d’Ivoire?

Les forces de résistance du grand ouest et de la Côte d’Ivoire attendent toujours leur démantèlement que nous souhaitons tous. Pour le moment, nous avons fait le profilage et attendons de travailler ensemble avec le Pnrrc pour la finalisation de ce démantèlement.
Nous suivons de près comme l’Etat prépare la sécurité qui est primordiale pour nos populations. Et nous constatons aujourd’hui sur le terrain, l’envoi des troupes du chef d’état-major, à la demande du Président de la République et du Premier ministre.
Confirmez-vous que vos éléments n’ont pas encore déposé les armes depuis le passage du Chef de l’Etat à Guiglo, où des armes ont été brûlées?
Avec la bonne volonté que nous avons constatée de la part du Premier ministre, Soro Kigbafori Guillaume, nous sommes allés dire au Président de la République que le démantèlement de la zone de confiance en été une bonne chose. Mais, nous lui avons demandé ce qu’il adviendra et s’il a confiance à l’autre camp. Il nous a dit qu’il fait confiance à Soro et aux forces nouvelles. Ensuite, il a dit : Maho, faites tout pour déposer toutes les armes. Le Président a dit que c’est important pour la paix sociale en Côte d’Ivoire. A la suite de notre entretien, nous l’avons invité à Guiglo. C’est ce que vous avez vu. Nous avons déposé les armes. Parce qu’après la signature de l’Accord politique de Ouagadougou, on a vu que la paix sociale renaissait et qu’on allait résolument vers la réunification de la Côte d’Ivoire. Pour aider le Président de la République à réussir cette mission, nous l’avons invité pour lui donner les armes, sans attendre les procédures. C’est ce que nous avons fait. Il les a, à son tour, remises, en son temps, au représentant spécial par intérim du secrétaire général des Nations unies, Abou Moussa. La cérémonie s’est bien passée. Ce qui reste maintenant, vous le savez, c’est comment faire pour la réinsertion de tous ces jeunes.
Vous êtes chef traditionnel, adjoint au maire et président des Forces de résistance du grand ouest. Que recherchez-vous exactement?
Je précise que je suis le chef des chefs des cantons et tribus du Moyen-Cavally. Depuis le décès de mon père, Maho Victor, en novembre 1996, qui était le chef central de toutes les tribus du Zarabaon, toutes les tribus ont porté leur choix sur ma personne pour lui succéder. Au niveau de la région du Moyen-Cavally, tous les chefs ont décidé que je sois le chef suprême du peuple Wê. Nous avons voulu copier l’exemple des frères Baoulé. Nous devions nous retrouver au lieu de nous disperser à travers des regroupements au niveau de la Côte d’Ivoire. Ainsi, tous les chefs ont décidé que le Conseil suprême de la chefferie Wê soit à Guiglo. Et que le président de ce Conseil soit moi.
Nous faisons partie du peuple Krou, chez qui, un chef est un guerrier. Quand tu es chef Krou, il faut être capable, quand ton peuple a des problèmes, de te mettre devant pour le défendre. Même s’il y a la guerre, tu n’as pas le droit de fuir. La balle qui doit te tuer, doit t’atteindre au front et non à la nuque. Les parents ont, à un moment donné, su que je suis capable de défendre le peuple. D’où leur choix sur ma personne.
A Guiglo, quand les listes électorales ont été faites en 2000, le peuple a voulu que je sois sur une liste. Et le même peuple a exigé que je sois membre de la municipalité. Ce qui a été accepté par ceux qui dirigeaient la liste. Aujourd’hui, le peuple ne regrette pas, vu le travail que je fais en tant que chef traditionnel sur cette liste. Je suis en relation avec tout le peuple, avec tous les partis politiques. Et tout se passe comme le peuple l’a voulu.
La troisième position découle de la mission qui m’est confiée, en tant que chef Krou. Je dois créer, en cette qualité les conditions pour résister quand le peuple est attaqué. En tant que chef suprême du peuple Wê, je joue ma partition : celle de défendre la cause de ce peuple qui a des difficultés. J’ai dû mobiliser jeunes et vieux, hommes et femmes qui ont fait l’armée, la police pour organiser la résistance. Et si j’ai agi dans ce sens, c’est parce qu’on m’a confié une mission claire.
Que vous a apporté la résistance aujourd’hui?
La résistance a apporté la paix sociale en Côte d’Ivoire. Ce qui est important à souligner, c’est que nous nous sommes levés pour dire que cette façon de prendre le pouvoir ne nous sied pas. Nous nous sommes dit que le Président Laurent Gbagbo ayant été élu, si l’on n’est pas content de telle ou telle chose, on attend le jour des élections et on ne le vote pas. Mais, on ne prend pas les armes. C’est pourquoi nous avons dit non. Cette résistance doit nous apporter la paix en Côte d’Ivoire et la réunification du pays. Nous remercions le Premier ministre Soro Guillaume qui a accepté la main tendue du Président Laurent Gbagbo. Nous voulons la paix. Pour que chacun vaque à ses occupations quotidiennes, tranquillement.
De façon concrète, quelles sont vos propositions pour que la Côte d’Ivoire sorte de la crise?
Pour que la Côte d’Ivoire sorte de cette crise on ne peut plus profonde, il faut appliquer, à la lettre, l’Accord politique de Ouagadougou. Et aider les signataires afin qu’ils réussissent la réunification du pays. S’il y a des erreurs, nous devons nous retrouver pour les corriger afin que la Côte d’Ivoire soit une et indivisible.
Partagez-vous la thèse selon laquelle Gbagbo, Bédié et Alassane doivent se retirer de la scène politique pour que la Côte d’Ivoire retrouve complètement et réellement la paix après la crise?
Ceux qui tiennent ces propos font de la politique politicienne. Aujourd’hui, nous avons une crise à résoudre. Et ce n’est pas parce que Gbagbo, Bédié et Alassane sont sur la scène politique que la situation va de mal en pis. Ce sont plutôt ceux qui tirent les ficelles que nous devons condamner. C’est ce que je dis quand j’ai l’occasion de parler : que ceux qui tirent les ficelles arrêtent. Nous devons penser à la Côte d’Ivoire et éviter les messages de violence.
Aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir un Président de la République, Laurent Gbagbo, qui ne s’oppose pas au droit à la parole, qui n’a pas des idées de criminel.
Quand on dit des choses contre la paix, c’est dangereux pour le pays.
Nous demandons à ceux qui ne savent pas ce qu’est la guerre d’arrêter d’opprimer les Ivoiriens. Afin que, tranquillement, ils fassent de la politique, quand le terrain sera débarrassé des armes.
La région du Moyen-Cavally a été le théâtre de plusieurs attaques armées qui ont endeuillé des familles. Quelle est la situation actuelle depuis que des préfets et sous-préfets militaires sont en place?
Il faut reconnaître que le Président Gbagbo, après les tueries de Guitrozon et de Petit-Duékoué, a eu une trouvaille exceptionnelle. En décidant d’affecter des militaires comme préfets et sous-préfets. Il a mis en place un gouvernorat militaire. Vous savez, c’était la guerre. Un civil, en période de guerre, ne peut pas maîtriser les hommes en armes. Les préfets et les sous-préfets ne maîtrisaient même pas ceux qui étaient républicains comme nous. Ils avaient des difficultés quand ils étaient en face d’hommes, en armes. Alors qu’un officier de l’armée, c’est l’homme des armes, la discipline militaire. Tout doit se régler devant lui. Le Président Gbagbo l’a compris bien. Et, franchement, depuis que les préfets et sous-préfets militaires sont arrivés, la discipline militaire s’est installée sur tous les bords : que ce soit dans de l’armée, au sein des forces de résistance du grand ouest, au niveau de la population, de la jeunesse et des femmes. Leur arrivée a ramené la confiance dans les cœurs des gens. Ils ont créé des conditions de paix sociale, de réunions de concertation, de réconciliation et de retour des planteurs dans leurs plantations. Aujourd’hui, la paix est là. Mais les cadres, les chefs et toutes les populations veulent contrôler le retour des gens dans leurs plantations. Pour éviter le désordre qui créerait une autre situation.

Interview réalisée a Guiglo
Par Emmanuel Kouassi
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