x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le jeudi 5 février 2009 | Le Patriote

Interview Mme Sangaré Naminata (Pdte OFACI): "Les Ivoiriens ont soif d’élections"

Elle est présidente de l’organisation des femmes actives de Côte d’Ivoire (OFACI). Mme Sangaré née Namizata Méité sensibilise les femmes pour la connaissance de leurs droits civiques et politiques. Elle affirme dans cet entretien que la population ivoirienne en particulier les femmes, est impatiente que la crise prenne fin par des élections démocratiques.

LP. Présidente de l’Organisation des femmes actives de Côte d’Ivoire, quelles sont les actions que vous menez actuellement sur le terrain ?
Mme Sangaré: Nous exécutons actuellement un programme pas un projet. Un programme, il est plus vaste .Ce programme nous le menons dans les 19 régions de la Côte d’Ivoire à travers plus de 40 départements sur l’éducation et la sensibilisation des populations sur le processus électoral.
LP. Quel est le contenu de ce vaste programme?
Mme Sangaré: comme vous le savez, on a mis dans la tête des Ivoiriens que la seule voie de sortie de crise, ce sont les élections. D’un côté, l’Etat s’active à préparer ces élections et de l’autre, la société civile comme nous autres, nous nous activons à préparer les populations afin de participer massivement et effectivement à ce processus important afin de le rendre crédible. Nous formons les populations à être des citoyennes pleines et entières. On les éduque sur leurs droits et devoirs.
LP. Quelles sont les préoccupations que vous posent les populations que vous rencontrez ?
Mme Sangaré: Les populations ont soif que les élections se tiennent. Elles ont soif, pas par ce qu’ils aiment les élections ou la politique mais parce que on leur a dit que c’est la seule issue pour sortir de la crise. La population a soif que la crise prenne fin au plus vite.
LP. Pour être plus précis, est-ce que les femmes vous posent des problèmes spécifiques?
Mme Sangaré: vous savez qu’avec cette situation, la population devient de plus en plus pauvre. Quand on va pour parler de la bonne gouvernance, des droits humains, la population pose un problème de survie. Nous n’avons plus d’argent. On était regroupé en coopérative mais nos activités ont cessé. On a besoin de crédit pour initier des activités. Or comme vous le savez, les femmes ont difficilement accès au crédit. En Côte d’Ivoire, les individus sont pauvres alors que les banques sont réticentes à leur donner des crédits. Sous d’autres cieux ce sont les banques qui courent après les populations pour leur donner des crédits. C’est difficile. En tant que citoyens on leur dit de connaître leurs droits afin de les revendiquer utilement. Ce qui leur permettra de devenir des citoyens plus exigeants face à la transparence, à la bonne gouvernance.
LP. Selon vous qui êtes constamment sur le terrain , qu’est ce qui favorise cette pauvreté?
Mme Sangaré: Avant la fluidité routière permettait aux commerçants par exemple de faire rapidement leurs affaires et de gagner en temps. Ce qui n’est pas possible aujourd’hui. En plus les contrôles intempestifs et les taxes internes alors qu’en payant on est consommateur final, on a déjà payé la taxe. A force de payer un peu plus, le fonds de commerce prend un coup.
LP : En tant que femme, quels sont les projets que vous développez dans les zones CNO?
Mme Sangaré: Vous me donnez l’occasion de remercier les partenaires au développement qui soutiennent aujourd’hui les initiatives des ONG. Ce sont eux qui nous appuient à aller sensibiliser les populations. Ils nous permettent de nous occuper sainement des populations en attendant que les élections se tiennent. Les femmes qui viennent écouter ces messages sortent avec quelque chose de plus. 52 % de la population ivoirienne est féminine, pourtant une grande partie de ces familles est analphabète. Par nos actions, les femmes se réveillent de plus en plus. Il y a un éveil de conscience à leur niveau.
LP : Que pensez-vous de la violence faite aux femmes en Côte d’Ivoire.
Mme Sangaré : À cause des pesanteurs sociologiques, les femmes qui sont victimes de violence sont un peu réticentes à faire des déclarations. En effet, généralement quand les femmes sont victimes de violence, elles préfèrent ne pas saisir la police. Nous menons à notre niveau les actions de sensibilisation à l’égard des femmes sur la question. Toutefois, les statistiques disponibles indiquent que les violences faites aux femmes s’articulent autour des mutilations génitales .
LP. Vous sensibilisez les femmes notamment à la prendre part aux élections à venir dont la date n’est pas encore connue. Quel commentaire faites du report perpétuel de celles-ci ?
Mme Sangaré : Pour ma part, je pense que c’est une façon d’abuser de la population. Pour ce que je sais, quand le Chef de l’Etat a refusé la dernière résolution des nations unies et qu’il est parti à Ouaga, il avait dit que la Côte d’Ivoire avait les moyens d’organiser les élections. Mais alors, quel est le problème ? Le Chef du gouvernement dit tantôt dans la presse que le budget des élections est bouclé. De trois, il y a un processus en cous. Qu’on nous informe régulièrement de l’avancée dudit processus. Si tout le monde est sur la même longueur d’ondes au niveau des informations, cela peut apaiser les cœurs. Les citoyens peuvent dans ce cas accepter facilement les reports. Pour notre part, nous disons que nous voulons rapidement des élections en Côte d’Ivoire. Si ce sont les élections qui doivent nous sortir de la situation, qu’on y aille. Plutôt que de continuer de jouer avec le peuple. Que l’on nous donne une date définitive. On a aucune visibilité, aucune lisibilité. On ne peut continuer de rester dans cette situation.
LP. Pour la convention de la société civile qui s’organise bientôt, avez-vous des propositions à faire pour la promotion du genre?
Mme Sangaré: Je voudrais d’emblée souhaiter que ces assises des journées de consensus national ne soient pas un Forum bis. Pour ce faire, il faut que les gens disent réellement ce qu’ils sont sur le cœur. Et que les uns et les autres se pardonnent, et que ce soit des pardons sincères. Qu’après ces assises, on ne revienne pas à la case départ. Bien évidemment, l’OFACI fera des propositions dans le sens de la promotion du genre. Nous souhaitons que la déclaration du chef de l’Etat soit transformée en loi en matière de promotion de la femme, au plan politique, social culturel, économique etc. Le quota de 30% de femmes doit être respecté dans la constitution des listes de candidature au sein des partis politiques
LP : Comment voyez-vous la question de l’impunité?
Mme Sangaré: Je pense que la base de tout ce que nous vivons aujourd’hui est de l’impunité. Les gens font ce qu’ils veulent. Ils ne sont même pas inquiets d’être punis. Il est évidemment que si je sais que je peux voler sans être poursuivi. Parce que j’ai des personnes pour me couvrir, je vais continuer. Il faut mettre un comité de lutte contre l’impunité en place pour mettre fin à toutes ces dérives. L’impunité est un grand mal pour notre pays. Je prends le cas de celui qui a tué Jean Hélène. Il y a aussi des gens qui détournent les deniers publics. Il y a des gens qui font venir impunément des déchets toxiques. Toutes ces questions relèvent de la gouvernance politique dans notre pays. Il faut changer de mentalité pour un redressement moral et politique en Côte d’Ivoire.

Ibrahima B. Kamagaté
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ