ABIDJAN — "Goutte d'eau" ou "avancée notable" ? Plus de six mois après son démarrage médiatique, le premier bilan de la lutte contre le racket des automobilistes ivoiriens par les forces de l'ordre semble mitigé, les barrages routiers restant une réalité quotidienne dans le pays.
Face aux innombrables plaintes déposées contre policiers et gendarmes, la hiérarchie militaire a lancé en juin 2008 une campagne sans précédent contre les extorsions pratiquées par ses propres agents, avec pour objectifs la réduction des barrages routiers ou la radiation de soldats corrompus.
Il s'agit de combattre un phénomène au lourd impact financier: entre "95 et 150 milliards de francs CFA" (145 à 230 millions d'euros) sont ainsi prélevés en Côte d'Ivoire chaque année, selon la Banque mondiale.
"Le racket provoque un désordre social. Il n'est plus une infraction pénale qu'on juge, c'est surtout un problème de société", explique à l'AFP le lieutenant-colonel Ange Kessi, commissaire du gouvernement (équivalent de procureur au tribunal militaire d'Abidjan).
En forme de premier bilan, il évoque une "avancée notable": "en 2008, une vingtaine d'affaires de racket ont été jugées, sanctionnées par des condamnations allant de trois mois à six ans de prison ferme", contre une poignée de cas jugés auparavant.
"Il y a quelques années, on ne parlait même pas du racket", souligne le colonel Kessi, qui s'affiche de plus en plus comme le héraut de cette cause.
Constamment gardé par quatre hommes armés, ce magistrat de 49 ans se dit d'ailleurs l'objet de "menaces de mort" depuis qu'il mène cette opération.
Ses résultats sont cependant relativisés par certains, quand d'autres se montrent franchement sceptiques.
S'il salue la démarche d'Ange Kessi, le président de la Chambre de commerce et d'industrie, Jean-Louis Billon, n'y voit pourtant qu'"une goutte d'eau".
De fait, dans les rues d'Abidjan, habituée aux barrages, notamment nocturnes, aucun recul significatif du phénomène n'est perceptible.
M. Billon en appelle aux autorités: si les chefs de l'armée, de la gendarmerie et de la police "montrent une véritable volonté, cela peut être démonté rapidement".
Dans un rapport publié en 2008, avant la campagne anti-racket, une commission de l'Assemblée nationale accusait la hiérarchie militaire d'être "complice" et "responsable" de la persistance du problème.
D'autres voix sont beaucoup plus critiques sur le combat du commissaire du gouvernement.
Alors qu'un scrutin présidentiel est attendu en 2009, "c'est une opération électoraliste dont Ange Kessi est le maître d'oeuvre", tranche un militant ivoirien des droits de l'Homme, sous couvert d'anonymat.
Mais chacun s'accorde sur l'urgence à agir. D'autant que, d'après les parlementaires ivoiriens, "la corruption gangrène toutes les couches de la société".
Au pouvoir depuis 2000, le président Laurent Gbagbo affiche sa volonté de faire le ménage. Lancée en 2008, son "opération mains propres" dans la cruciale filière café-cacao a conduit à l'incarcération de la plupart de ses dirigeants, parmi lesquels plusieurs de ses proches.
Dernière victime de cette "moralisation": une secrétaire du chef de l'Etat lui-même, arrêtée cette semaine pour avoir volé plus de 65 millions FCFA (100.000 euros) à la compagnie de téléphonie mobile MTN-Côte d'Ivoire. Une affaire qui a abouti aussi à un arrêté d'expulsion contre le patron de la société, accusé de "légèreté".
Face aux innombrables plaintes déposées contre policiers et gendarmes, la hiérarchie militaire a lancé en juin 2008 une campagne sans précédent contre les extorsions pratiquées par ses propres agents, avec pour objectifs la réduction des barrages routiers ou la radiation de soldats corrompus.
Il s'agit de combattre un phénomène au lourd impact financier: entre "95 et 150 milliards de francs CFA" (145 à 230 millions d'euros) sont ainsi prélevés en Côte d'Ivoire chaque année, selon la Banque mondiale.
"Le racket provoque un désordre social. Il n'est plus une infraction pénale qu'on juge, c'est surtout un problème de société", explique à l'AFP le lieutenant-colonel Ange Kessi, commissaire du gouvernement (équivalent de procureur au tribunal militaire d'Abidjan).
En forme de premier bilan, il évoque une "avancée notable": "en 2008, une vingtaine d'affaires de racket ont été jugées, sanctionnées par des condamnations allant de trois mois à six ans de prison ferme", contre une poignée de cas jugés auparavant.
"Il y a quelques années, on ne parlait même pas du racket", souligne le colonel Kessi, qui s'affiche de plus en plus comme le héraut de cette cause.
Constamment gardé par quatre hommes armés, ce magistrat de 49 ans se dit d'ailleurs l'objet de "menaces de mort" depuis qu'il mène cette opération.
Ses résultats sont cependant relativisés par certains, quand d'autres se montrent franchement sceptiques.
S'il salue la démarche d'Ange Kessi, le président de la Chambre de commerce et d'industrie, Jean-Louis Billon, n'y voit pourtant qu'"une goutte d'eau".
De fait, dans les rues d'Abidjan, habituée aux barrages, notamment nocturnes, aucun recul significatif du phénomène n'est perceptible.
M. Billon en appelle aux autorités: si les chefs de l'armée, de la gendarmerie et de la police "montrent une véritable volonté, cela peut être démonté rapidement".
Dans un rapport publié en 2008, avant la campagne anti-racket, une commission de l'Assemblée nationale accusait la hiérarchie militaire d'être "complice" et "responsable" de la persistance du problème.
D'autres voix sont beaucoup plus critiques sur le combat du commissaire du gouvernement.
Alors qu'un scrutin présidentiel est attendu en 2009, "c'est une opération électoraliste dont Ange Kessi est le maître d'oeuvre", tranche un militant ivoirien des droits de l'Homme, sous couvert d'anonymat.
Mais chacun s'accorde sur l'urgence à agir. D'autant que, d'après les parlementaires ivoiriens, "la corruption gangrène toutes les couches de la société".
Au pouvoir depuis 2000, le président Laurent Gbagbo affiche sa volonté de faire le ménage. Lancée en 2008, son "opération mains propres" dans la cruciale filière café-cacao a conduit à l'incarcération de la plupart de ses dirigeants, parmi lesquels plusieurs de ses proches.
Dernière victime de cette "moralisation": une secrétaire du chef de l'Etat lui-même, arrêtée cette semaine pour avoir volé plus de 65 millions FCFA (100.000 euros) à la compagnie de téléphonie mobile MTN-Côte d'Ivoire. Une affaire qui a abouti aussi à un arrêté d'expulsion contre le patron de la société, accusé de "légèreté".