L’idée de création d’un ministère de la Sécurité fait son bonhomme de chemin. Car la situation sécuritaire inquiète. Aucun plan d’envergure pour arrêter les braquages n’est connu. Le CECOS semble à bout de souffle. La police fait ce qu’elle peut. Les autres forces restent dans l’attentisme. Alors, tout le monde se met à rêver d’un grand et vrai sécurocrate pour apaiser les Ivoiriens, et pour les aider à passer des nuits moins agitées. On se souvient par exemple du Ministre Ouassenan. Le chef de l’Etat et le Premier Ministre sont donc à la recherche de cet oiseau rare dont le seul nom ferait trembler tout malfrat et braqueur potentiel. Sans oublier les déstabilisateurs et putschistes éventuels. Depuis que l’idée a été ébruitée, des CV ont été mis à jour, et les noms ont commencé à circuler. Dans le starting block, il y a beaucoup d’hommes en tenue. Revue des troupes. D’abord Philippe Mangou. Déjà chef d’état-major, sa nomination lui permettrait de mettre à profit l’expérience acquise. Il est numéro un sur la short list même s’il est toujours bon pour le service à la tête des armées de Côte d’Ivoire. Mais le général n’est pas seul. Guiai Bi Poin et Tiapé Kassaraté viennent tout de suite après. Chacun a son style et sa méthode. Le patron de la gendarmerie serait moins bien placé que le gendarme clair, patron du CECOS. Classé sur la liste, le colonel major Dogbo a été aussitôt exclu au motif qu’il est plus utile et efficace là où il est. Pour le moment en tout cas ! Idem pour Bredou M’Bia DG de la police encore nouveau et récent dans ses nouvelles fonctions. Le seul civil en position de ravir le poste est Bertin Kadet, sécurocrate patenté et passionné de la question. Sans être ministre de la Sécurité , il gère et coordonne plus ou moins des dossiers sensibles. En attendant son retour aux affaires dans la perspective d’une réélection du chef de l’Etat, même ses détracteurs reconnaissent qu’il a un nom, une réputation et un pedigree à même de mettre en doute les plus têtus des braqueurs et autres bandits, au moment de passer à l’action. Le problème avec lui est de savoir si la dynamique et l’efficacité qu’il incarne peuvent pousser le RDR, le PDCI et même les FN à le soutenir. En cas de difficulté, le général Guiai Bi Poin devrait finalement ravir la mise, même si l’on apprend que le patron de la CNSI , le général Lohourougnon est aussi en piste. En attendant de trouver l’oiseau rare, celui qui a le profil de l’emploi, l’idée reste acquise qu’il faut un responsable qui ne fait que la sécurité et qui se consacre essentiellement à cela, sans état d’âme. Le projet est sérieux, en dépit des tentatives de sabotage en cours. Mais surtout des questions de procédure : faut-il profiter pour changer beaucoup de choses et faire un remaniement difficile tant il faut recueillir des avis extérieurs ? Ou bien faut-il simplement faire un léger lifting et réaménagement technique ? La balle est entre les mains de Gbagbo et Soro. A eux de la jouer.
Charles Kouassi
Charles Kouassi
