Le phénomène a pris une ascension vertigineuse ces derniers temps. Des enfants, dont l'âge varie entre 8 ans et 14 ans, se livrent à des activités non décentes. Combien sont-ils ces gamins qui errent à cette heure de la journée pendant que leurs amis de même âge sont à l'école ? D.I, âgé de 12 ans, raconte: " j'ai abandonné l'école pour suivre mes camarades qui s'adonnent à la vente de ratio de militaires français. L'argent que je gagne je le remets à ma maman....nous envoyons aux militaires français de lomo nord (Toumodi) des fruits et en retour, ils nous donnent leurs ratios. Ils nous offrent des ratios". Comme lui, ils sont nombreux, ces enfants qui ont abandonné l'école pour des raisons diverses pour s'adonner à ses exercices quotidiens rudes parfois pour leur jeune âge. Des cartons de ratios de militaires français en main, ils parcourent les grandes artères de la ville avant de se retrouver les midis, au maquis village. Une fois à ce lieu de restauration de grande affluence, ces gamins proposent leurs marchandises aux clients qui la plupart sont de passage à Toumodi. "Tonton, il y a mangé des blancs. Il y a biscuits, crèmes, et des boites de conserves", clament-ils en choeur. Non loin, trois autres gamins se disputent le reste de repas abandonnés par un voyageur. Le cas de ses derniers a retenu notre attention. Ils subissent déjà à leurs bas âges des affres de la vie. "Si on n'a rien acheté on ne mange pas c'est pourquoi, on vient ici. On "groupe" les restes. Si on a eu un peu à manger, ça nous donne des forces pour continuer. Il y a des clients gentils qui nous offrent des plats" relate MD, 11 ans. A l'instar de leurs camarades vendeurs de ratios militaires, les porteurs de bagages sont confrontés à la même réalité. Le jeune Koffi explique sa mésaventure. "J'ai 13 ans et depuis que mon père a pris une nouvelle femme, elle ne veut pas me sentir. Quand elle prépare, je ne suis pas servi. Je veux rejoindre ma mère donc je suis venu aider un ami pour avoir quelque chose pour manger et avoir de l'argent pour aller voir ma mère ". Aussitôt après nos échanges, notre bambin, est sollicité par une "tantie" venue faire son marché afin de transporter ses bagages qui font deux fois son poids. A l'aide de sa charrette qui lui a été louée, il doit accompagner cette dame au nouveau quartier (voir 3 km de la ville) pour la somme de 150 Fcfa. Comme lui, certains de ses camarades sont soumis très tôt à l'épreuve de la vie. Les moins chanceux trouvent refuge au marché ou à la gare routière. Ils y passent la nuit sur les tables de commerce ou les bancs, de la gare routière de la ville, destinés aux passagers. Tout compte fait, ce phénomène a pris une allure déplorable. Il faut donc faire quelque chose.
Charlemagne 1er
Correspondant à Toumodi
Charlemagne 1er
Correspondant à Toumodi