La pêche est l'une des principales sources de revenus des populations de Grand-Bassam. Malheureusement, cette activité n'est plus rentable comme par le passé. Aujourd'hui les pratiquants sont confrontés à d’énormes difficultés.
Les Fanti et les Awlans (d'origine ghanéenne) ont pour activité principale la pêche dans la zone de Grand-Bassam. Ils sont installés le long du littoral notamment dans les villages d'Azuretti, de Mondoukou, du Quartier France, de Mohamé, de Moho, de Gbamélé et de Awlankro. A ceux-là s'ajoutent les pêcheurs maliens appelé «Bozos», les Béninois, les Nigérians qui sont installés sur les bords de la lagune Ebrié, Vitré I et II. La pêche artisanale représente 60% des activités de la région de Grand-Bassam. Les pêcheurs sont également installés sur les bords de la lagune Ebrié et le fleuve Comoé.
Le département de Grand-Bassam bénéficie d'un réseau hydrographique varié offrant une large opportunité en pêche et en aquaculture. Malgré ce réseau varié, la pêche à Grand-Bassam piétine. Les pêcheurs éprouvent du mal à moderniser leur activité.
Des moyens archaïques
Fegni Gérôme est pêcheur à Azuretti. Ce 15 janvier, après 3 heures de navigation, il revient bredouille. « Ça ne marche pas pour nous. L'Harmattan est une période difficile pour la pêche en mer » raconte-t-il. « D'autres parmi nous sont découragés et n'ont pas l'intention d'y aller demain. Notre gros problème, c'est que nous avons des pirogues traditionnelles. Si on avait au moins des pirogues à moteur, on aurait moins de problèmes. Nous ne pouvons pas ramer au-delà de 2 km alors que les poissons sont en haute mer actuellement», poursuit Gérôme. Conséquence, il ne pourra pas honorer la commande des clients. A cause de ces problèmes, certains pêcheurs ont choisi de diversifier leurs activités. Kouakou Kodjo s'essaie à la couture. Mais, il n'a pas le cœur à l'ouvrage d'autant que la pêche, en temps normal, est plus rentable que la couture. « On gagne plus à la pêche », se désole-t-il. Kossan Kouakou Jean préfère s'investir dans le métier de la mécanique. « J'ai pratiqué la pêche dans mon enfance. Aujourd'hui je veux diversifier mes activités », confie le jeune homme. Mondoukou, village N'Zima, est aussi un village de pêcheurs. La pêche est organisée par groupe. Les pêcheurs dépendent d'un individu qui est le propriétaire de la pirogue. Ils mettent à l’eau un grand filet. La méthode consiste à faire un demi-cercle sur la mer tout en tenant compte du courant. Le filet est ensuite ramené à l'aide des cordes que les pêcheurs tirent depuis le rivage. Ce mode de pêche nécessite beaucoup de moyens et des bras valides. Billy Azô est dans la profession depuis 25 ans et il est propriétaire de pirogue à Mondoukou. Il emploie 35 personnes. Il s'est spécialisé dans la pêche tournante. Pour lui, cette activité est une véritable partie de poker. «La pêche c'est la loterie. Elle est saisonnière. Je suis propriétaire de pirogue. Je paie mes employés par semaine. Une partie de la recette est destinée à l'entretien de la pirogue, une autre revient aux employés qui sont rémunérés en fonction de la tâche exécutée et la dernière me revient. Nous sommes dans une période creuse. La pêche, pendant cette période, ne donne pas. C'est le même problème quand les vagues sont hautes. Comme nous n'avons pas de moyens pour maintenir nos employés au travail pendant ces périodes, ils préfèrent aller vers d'autres activités. C'est difficile », souligne-t-il. Le secrétaire général de l'association des pêcheurs d'Azuretti estime que la pêche en mer est devenue délicate. Elle n'est pas faite pour les amateurs. Il faut connaître le mouvement des vagues. Pour lui, les temps ont changé.
La menace chinoise
«On peut attendre longtemps sans capturer de poissons. Le rendement a baissé. Les bateaux de pêche sont mieux équipés que nous. Ils ont des moteurs puissants. Or nous ramons. Ce qui fait que quand la grande période de poisson arrive nous n'arrivons pas à en bénéficier. Etre pêcheur aujourd'hui n'est plus chose aisée. Parmi nous, il y'a beaucoup de déscolarisés qui exercent ce métier de façon provisoire».
Les mareyeuses ne sont pas épargnées. Elles subissent la loi du marché. Elles se plaignent de la cherté du poisson. Clarisse Akouba est mareyeuse vendeuse au petit marché du Château. « Ça fait un mois qu'on ne trouve plus de poisson. Je quitte la maison parfois à 6 heures pour revenir à 17h. Il y a beaucoup de vendeuses qui attendent comme moi. C'est difficile », fait-elle remarquer. Fet Samsun, mareyeuse fumeuse au marché municipal de Grand-Bassam, se plaint de la rareté des poissons et de leur coût. « J'achète le poisson frais que je fume pour le revendre au marché. Aujourd'hui je suis là depuis 8 h et je n'ai presque rien eu comme poisson. C'est difficile d'en avoir. Ce qui fait que je vends souvent à perte », se plaint-elle. Selon M. Adjoumani, chef de service pêche à la direction départementale de la production animale et des ressources halieutiques, et Mme Kagbehi Goho Germaine, directrice départementale de la production animale et des ressources halieutiques, c'est à l'avènement de la peste porcine en 1998 et de la grippe aviaire en 2004 que la pêche est devenue une activité essentielle. Elle permet à plusieurs familles de se prendre en charge. Toutefois, explique l'administration, les pêcheurs installés sur les côtes sont menacés dans leurs activités. Les bateaux chinois viennent sur les côtes ivoiriennes clandestinement. Une pratique illicite. Ils raclent tous les petits poissons et même les alevins. Ils prennent souvent les filets des pêcheurs. Le manque de moyens de locomotion ne facilite pas la tâche à la police maritime. « Nous n'avons pas de hors-bord, ni de véhicules, ni de gilets de sauvetage. Nous assistons impuissants à cette situation difficile pour les pêcheurs », se résignent les deux responsables. En outre, il y a souvent des conflits entre communautés étrangères notamment entre Fantis et Awlans. L'installation anarchique des pêcheurs par les chefs traditionnels, sans collaboration du service des pêches, est en partie la cause. Le refus des pêcheurs de se faire identifier et de déclarer les différents engins de pêche constitue également un handicap sans oublier l'utilisation des produits toxiques.
Emmanuelle Kanga Correspondante régionale
Les Fanti et les Awlans (d'origine ghanéenne) ont pour activité principale la pêche dans la zone de Grand-Bassam. Ils sont installés le long du littoral notamment dans les villages d'Azuretti, de Mondoukou, du Quartier France, de Mohamé, de Moho, de Gbamélé et de Awlankro. A ceux-là s'ajoutent les pêcheurs maliens appelé «Bozos», les Béninois, les Nigérians qui sont installés sur les bords de la lagune Ebrié, Vitré I et II. La pêche artisanale représente 60% des activités de la région de Grand-Bassam. Les pêcheurs sont également installés sur les bords de la lagune Ebrié et le fleuve Comoé.
Le département de Grand-Bassam bénéficie d'un réseau hydrographique varié offrant une large opportunité en pêche et en aquaculture. Malgré ce réseau varié, la pêche à Grand-Bassam piétine. Les pêcheurs éprouvent du mal à moderniser leur activité.
Des moyens archaïques
Fegni Gérôme est pêcheur à Azuretti. Ce 15 janvier, après 3 heures de navigation, il revient bredouille. « Ça ne marche pas pour nous. L'Harmattan est une période difficile pour la pêche en mer » raconte-t-il. « D'autres parmi nous sont découragés et n'ont pas l'intention d'y aller demain. Notre gros problème, c'est que nous avons des pirogues traditionnelles. Si on avait au moins des pirogues à moteur, on aurait moins de problèmes. Nous ne pouvons pas ramer au-delà de 2 km alors que les poissons sont en haute mer actuellement», poursuit Gérôme. Conséquence, il ne pourra pas honorer la commande des clients. A cause de ces problèmes, certains pêcheurs ont choisi de diversifier leurs activités. Kouakou Kodjo s'essaie à la couture. Mais, il n'a pas le cœur à l'ouvrage d'autant que la pêche, en temps normal, est plus rentable que la couture. « On gagne plus à la pêche », se désole-t-il. Kossan Kouakou Jean préfère s'investir dans le métier de la mécanique. « J'ai pratiqué la pêche dans mon enfance. Aujourd'hui je veux diversifier mes activités », confie le jeune homme. Mondoukou, village N'Zima, est aussi un village de pêcheurs. La pêche est organisée par groupe. Les pêcheurs dépendent d'un individu qui est le propriétaire de la pirogue. Ils mettent à l’eau un grand filet. La méthode consiste à faire un demi-cercle sur la mer tout en tenant compte du courant. Le filet est ensuite ramené à l'aide des cordes que les pêcheurs tirent depuis le rivage. Ce mode de pêche nécessite beaucoup de moyens et des bras valides. Billy Azô est dans la profession depuis 25 ans et il est propriétaire de pirogue à Mondoukou. Il emploie 35 personnes. Il s'est spécialisé dans la pêche tournante. Pour lui, cette activité est une véritable partie de poker. «La pêche c'est la loterie. Elle est saisonnière. Je suis propriétaire de pirogue. Je paie mes employés par semaine. Une partie de la recette est destinée à l'entretien de la pirogue, une autre revient aux employés qui sont rémunérés en fonction de la tâche exécutée et la dernière me revient. Nous sommes dans une période creuse. La pêche, pendant cette période, ne donne pas. C'est le même problème quand les vagues sont hautes. Comme nous n'avons pas de moyens pour maintenir nos employés au travail pendant ces périodes, ils préfèrent aller vers d'autres activités. C'est difficile », souligne-t-il. Le secrétaire général de l'association des pêcheurs d'Azuretti estime que la pêche en mer est devenue délicate. Elle n'est pas faite pour les amateurs. Il faut connaître le mouvement des vagues. Pour lui, les temps ont changé.
La menace chinoise
«On peut attendre longtemps sans capturer de poissons. Le rendement a baissé. Les bateaux de pêche sont mieux équipés que nous. Ils ont des moteurs puissants. Or nous ramons. Ce qui fait que quand la grande période de poisson arrive nous n'arrivons pas à en bénéficier. Etre pêcheur aujourd'hui n'est plus chose aisée. Parmi nous, il y'a beaucoup de déscolarisés qui exercent ce métier de façon provisoire».
Les mareyeuses ne sont pas épargnées. Elles subissent la loi du marché. Elles se plaignent de la cherté du poisson. Clarisse Akouba est mareyeuse vendeuse au petit marché du Château. « Ça fait un mois qu'on ne trouve plus de poisson. Je quitte la maison parfois à 6 heures pour revenir à 17h. Il y a beaucoup de vendeuses qui attendent comme moi. C'est difficile », fait-elle remarquer. Fet Samsun, mareyeuse fumeuse au marché municipal de Grand-Bassam, se plaint de la rareté des poissons et de leur coût. « J'achète le poisson frais que je fume pour le revendre au marché. Aujourd'hui je suis là depuis 8 h et je n'ai presque rien eu comme poisson. C'est difficile d'en avoir. Ce qui fait que je vends souvent à perte », se plaint-elle. Selon M. Adjoumani, chef de service pêche à la direction départementale de la production animale et des ressources halieutiques, et Mme Kagbehi Goho Germaine, directrice départementale de la production animale et des ressources halieutiques, c'est à l'avènement de la peste porcine en 1998 et de la grippe aviaire en 2004 que la pêche est devenue une activité essentielle. Elle permet à plusieurs familles de se prendre en charge. Toutefois, explique l'administration, les pêcheurs installés sur les côtes sont menacés dans leurs activités. Les bateaux chinois viennent sur les côtes ivoiriennes clandestinement. Une pratique illicite. Ils raclent tous les petits poissons et même les alevins. Ils prennent souvent les filets des pêcheurs. Le manque de moyens de locomotion ne facilite pas la tâche à la police maritime. « Nous n'avons pas de hors-bord, ni de véhicules, ni de gilets de sauvetage. Nous assistons impuissants à cette situation difficile pour les pêcheurs », se résignent les deux responsables. En outre, il y a souvent des conflits entre communautés étrangères notamment entre Fantis et Awlans. L'installation anarchique des pêcheurs par les chefs traditionnels, sans collaboration du service des pêches, est en partie la cause. Le refus des pêcheurs de se faire identifier et de déclarer les différents engins de pêche constitue également un handicap sans oublier l'utilisation des produits toxiques.
Emmanuelle Kanga Correspondante régionale