Le gouvernement multiplie les efforts pour maintenir la Côte d’Ivoire “en vie”. Des efforts qui sont plombés par les remous sociaux.
“Après revue par la direction générale du Fmi, l’accord triennal FRPC proposé devrait être soumis à la considération du conseil d’administration du Fmi dans un futur proche. L’approbation par le conseil de l’accord FRPC devrait permettre à la Côte d’Ivoire de bénéficier d’une assistance financière du Fmi significative en 2009-2011, ainsi que d’atteindre le point de décision de l’Initiative pour les Pays pauvres très endettés (PPTE), ouvrant ainsi la voie à un allègement de sa dette”. Cette conclusion de la récente mission du Fmi en Côte d’Ivoire signifie clairement que le pays rentre dans une phase décisive pour son économie, un carrefour sublime où se joue son avenir : sombrer totalement ou découvrir de nouveaux horizons chargés de promesses merveilleuses.
Sombrer, c’est refuser délibérément de comprendre le contexte économique du pays et se complaire dans les troubles sociaux. Les remous qu’on observe un peu partout alors qu’on est tout proche du but, ne laissent pas les investisseurs de marbre. Grèves par-ci, réclamations salariales par-là. Tout se passe comme si demeurer dans la misère arrange certaines personnes. A l’image de ce grand malade qu’on enferme dans la chambre à la vue du médecin. Une attitude difficile à comprendre. Veut-on sa guérison ou non ? Le risque aujourd’hui, au regard de la dépression économique et financière internationale, ne peut que s’aggraver avec cette envie carnassière de miner le mammouth au niveau de la base, et des castes de brahmane qui ne font que la course à la chienlit. Et la communauté financière internationale qui regarde ce ballet de « sorciers » d’un oeil interrogateur. Elle ne comprend pas qu’à un jour du bonheur total, on puisse vouloir réduire à néant sept ans de privation. Sans remettre en cause la légitimité des revendications salariales, il convient de se demander d’où sortira ce supplément financier que l’on réclame (toujours légitimement) en faisant bruisser le macadam. A priori, il ne peut venir que de l’annulation d’une partie de la dette extérieure. C’est ce que ne fait qu’expliquer le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Koffi Diby : “En 2010, les Ivoiriens vont connaître la joie avec une croissance à deux chiffres. Et je pense qu'après tous les sacrifices consentis, nous serons admis au PPTE qui nous permettra l'allégement de la dette extérieure. Dès cet instant, nous pourrons penser à des investissements. Sinon pour l'heure, le tiers de notre budget est affecté à la dette extérieure et le reste à la masse salariale". Il est indispensable que chacun joue sa partition dans l’avenir du pays pour faire comprendre aux partenaires extérieurs que les Ivoiriens sont dotés d’un patriotisme de bon aloi. Sinon, c’est le vide abyssal. Et c’est tout le monde qui est perdant.
Faut-il le rappeler, la dette extérieure reste le nœud gordien dans la gestion des affaires de l’Etat. Elle écrase les efforts du gouvernement du fait de son poids aussi en termes de principal que d’arriérés de paiement en souffrance. Selon des chiffres officiels, cette dette extérieure était estimée en août dernier à 6.200 milliards FCFA. Ce qui correspond à 61% du produit intérieur brut, et le tiers de ce pourcentage représente les arriérés de paiement, soit le tiers de la dette extérieure totale du pays. En d’autres termes, près de 2.067 milliards FCFA (pratiquement le budget 2008 de l’Etat) sont des arriérés de paiement et plus de 4.133 milliards FCFA en principal (près de deux budgets annuels consécutifs). A y voir de près, si l’Etat devait éponger toute cette dette cumulée depuis 1983 (malgré des remises et/ou des remboursements) pour mettre le compteur à zéro, cela équivaudrait à trois années sans investissements de l’Etat dans aucune infrastructure, sans paiement de salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat, sans équipement des forces de défense et de sécurité, sans paiement des fournisseurs de l’administration publique, sans équipements du système médical national, sans entretien routier, sans subventions du carburant, du gaz et de bien d’autres secteurs, etc. Dans un tel scénario, le pays n’existerait plus, et personne n’aurait à revendiquer quoi que ce soit ! C’est pourquoi, le traitement de la question de la dette publique requiert le partenariat avec les institutions financières internationales. Il s’agit pour la Côte d’Ivoire de définir et mettre en œuvre avec l’appui de ces partenaires internationaux les mécanismes pouvant conduire à la soutenabilité de la dette, soit par son allègement sensible ou par son annulation.
Faire le bon choix
Les défis sont là. Incompressibles. Faire face aux crises financière, économique, énergétique, alimentaire, aux dettes intérieure et extérieure, assurer le paiement régulier des salaires, ce sont des paramètres qui se croisent, se combinent, s’alimentent et dévoilent au bout du compte une crise systémique. Ce confluent de difficultés met le gouvernement au pied du mur, et appelle une réponse systémique. Et devant la conjoncture économique particulièrement difficile, le choix de l’action fait par le gouvernement nous semble la solution la plus idoine : parvenir impérativement à l’allègement de la dette extérieure aux fins de renouer véritablement avec la croissance et le développement social et économique. "Si d'ici le 31 mars 2009, nous ne sommes pas inscrit dans le programme de PPTE, ce serait catastrophique pour notre économie", relève le ministre Koffi Diby. La Côte d’Ivoire a fait le choix de sortir de la crise en assurant son avenir économique. Les discussions avec la communauté financière internationale répondent à cette préoccupation majeure. Il s’agit de mettre en œuvre des mécanismes de gestion dont l’aboutissement se traduira par une remise consistante de la dette qui mettrait la Côte d’Ivoire dans une situation de création de ressources nouvelles appelées encore ressources PPTE. Au bout des efforts inhérents au processus PPTE (transparence, rigueur, crédibilité), il y a un actif de 400 à 500 milliards FCFA qui pourrait servir à financer le développement du pays dans toutes ses composantes : lutte contre la pauvreté, relance des activités productives, réduction des tensions de trésorerie etc. C’est la raison pour laquelle le pays a signé un programme avec le Fmi qu’il s’efforce de mettre en oeuvre de manière entière vu que la bonne marche de ce programme se révèle être une condition importante pour atteindre le point de décision sous l’initiative PPTE.
La voie est étroite et le temps presse. Il s’agit dès à présent de rechercher les déclencheurs, c’est-à-dire les mesures qui doivent être prises entre le point de décision de l’initiative PPTE et le point d’achèvement. Envisager une seconde de laisser le temps dicter la mutation, c’est rentrer dans une navigation par temps de brouillard avec un bandeau sur les yeux. Le dénouement sera sans appel, et forcément tragique. Nous devons profiter de l’opportunité paradoxale et inédite que nous offre le Fmi pour rebattre ensemble les cartes, et revoir l’ambition du projet humain. C’est l’ultime occasion de redonner du sens au combat pour le bonheur de l’Ivoirien.
J-S Lia liasylve@yahoo.fr
“Après revue par la direction générale du Fmi, l’accord triennal FRPC proposé devrait être soumis à la considération du conseil d’administration du Fmi dans un futur proche. L’approbation par le conseil de l’accord FRPC devrait permettre à la Côte d’Ivoire de bénéficier d’une assistance financière du Fmi significative en 2009-2011, ainsi que d’atteindre le point de décision de l’Initiative pour les Pays pauvres très endettés (PPTE), ouvrant ainsi la voie à un allègement de sa dette”. Cette conclusion de la récente mission du Fmi en Côte d’Ivoire signifie clairement que le pays rentre dans une phase décisive pour son économie, un carrefour sublime où se joue son avenir : sombrer totalement ou découvrir de nouveaux horizons chargés de promesses merveilleuses.
Sombrer, c’est refuser délibérément de comprendre le contexte économique du pays et se complaire dans les troubles sociaux. Les remous qu’on observe un peu partout alors qu’on est tout proche du but, ne laissent pas les investisseurs de marbre. Grèves par-ci, réclamations salariales par-là. Tout se passe comme si demeurer dans la misère arrange certaines personnes. A l’image de ce grand malade qu’on enferme dans la chambre à la vue du médecin. Une attitude difficile à comprendre. Veut-on sa guérison ou non ? Le risque aujourd’hui, au regard de la dépression économique et financière internationale, ne peut que s’aggraver avec cette envie carnassière de miner le mammouth au niveau de la base, et des castes de brahmane qui ne font que la course à la chienlit. Et la communauté financière internationale qui regarde ce ballet de « sorciers » d’un oeil interrogateur. Elle ne comprend pas qu’à un jour du bonheur total, on puisse vouloir réduire à néant sept ans de privation. Sans remettre en cause la légitimité des revendications salariales, il convient de se demander d’où sortira ce supplément financier que l’on réclame (toujours légitimement) en faisant bruisser le macadam. A priori, il ne peut venir que de l’annulation d’une partie de la dette extérieure. C’est ce que ne fait qu’expliquer le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Koffi Diby : “En 2010, les Ivoiriens vont connaître la joie avec une croissance à deux chiffres. Et je pense qu'après tous les sacrifices consentis, nous serons admis au PPTE qui nous permettra l'allégement de la dette extérieure. Dès cet instant, nous pourrons penser à des investissements. Sinon pour l'heure, le tiers de notre budget est affecté à la dette extérieure et le reste à la masse salariale". Il est indispensable que chacun joue sa partition dans l’avenir du pays pour faire comprendre aux partenaires extérieurs que les Ivoiriens sont dotés d’un patriotisme de bon aloi. Sinon, c’est le vide abyssal. Et c’est tout le monde qui est perdant.
Faut-il le rappeler, la dette extérieure reste le nœud gordien dans la gestion des affaires de l’Etat. Elle écrase les efforts du gouvernement du fait de son poids aussi en termes de principal que d’arriérés de paiement en souffrance. Selon des chiffres officiels, cette dette extérieure était estimée en août dernier à 6.200 milliards FCFA. Ce qui correspond à 61% du produit intérieur brut, et le tiers de ce pourcentage représente les arriérés de paiement, soit le tiers de la dette extérieure totale du pays. En d’autres termes, près de 2.067 milliards FCFA (pratiquement le budget 2008 de l’Etat) sont des arriérés de paiement et plus de 4.133 milliards FCFA en principal (près de deux budgets annuels consécutifs). A y voir de près, si l’Etat devait éponger toute cette dette cumulée depuis 1983 (malgré des remises et/ou des remboursements) pour mettre le compteur à zéro, cela équivaudrait à trois années sans investissements de l’Etat dans aucune infrastructure, sans paiement de salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat, sans équipement des forces de défense et de sécurité, sans paiement des fournisseurs de l’administration publique, sans équipements du système médical national, sans entretien routier, sans subventions du carburant, du gaz et de bien d’autres secteurs, etc. Dans un tel scénario, le pays n’existerait plus, et personne n’aurait à revendiquer quoi que ce soit ! C’est pourquoi, le traitement de la question de la dette publique requiert le partenariat avec les institutions financières internationales. Il s’agit pour la Côte d’Ivoire de définir et mettre en œuvre avec l’appui de ces partenaires internationaux les mécanismes pouvant conduire à la soutenabilité de la dette, soit par son allègement sensible ou par son annulation.
Faire le bon choix
Les défis sont là. Incompressibles. Faire face aux crises financière, économique, énergétique, alimentaire, aux dettes intérieure et extérieure, assurer le paiement régulier des salaires, ce sont des paramètres qui se croisent, se combinent, s’alimentent et dévoilent au bout du compte une crise systémique. Ce confluent de difficultés met le gouvernement au pied du mur, et appelle une réponse systémique. Et devant la conjoncture économique particulièrement difficile, le choix de l’action fait par le gouvernement nous semble la solution la plus idoine : parvenir impérativement à l’allègement de la dette extérieure aux fins de renouer véritablement avec la croissance et le développement social et économique. "Si d'ici le 31 mars 2009, nous ne sommes pas inscrit dans le programme de PPTE, ce serait catastrophique pour notre économie", relève le ministre Koffi Diby. La Côte d’Ivoire a fait le choix de sortir de la crise en assurant son avenir économique. Les discussions avec la communauté financière internationale répondent à cette préoccupation majeure. Il s’agit de mettre en œuvre des mécanismes de gestion dont l’aboutissement se traduira par une remise consistante de la dette qui mettrait la Côte d’Ivoire dans une situation de création de ressources nouvelles appelées encore ressources PPTE. Au bout des efforts inhérents au processus PPTE (transparence, rigueur, crédibilité), il y a un actif de 400 à 500 milliards FCFA qui pourrait servir à financer le développement du pays dans toutes ses composantes : lutte contre la pauvreté, relance des activités productives, réduction des tensions de trésorerie etc. C’est la raison pour laquelle le pays a signé un programme avec le Fmi qu’il s’efforce de mettre en oeuvre de manière entière vu que la bonne marche de ce programme se révèle être une condition importante pour atteindre le point de décision sous l’initiative PPTE.
La voie est étroite et le temps presse. Il s’agit dès à présent de rechercher les déclencheurs, c’est-à-dire les mesures qui doivent être prises entre le point de décision de l’initiative PPTE et le point d’achèvement. Envisager une seconde de laisser le temps dicter la mutation, c’est rentrer dans une navigation par temps de brouillard avec un bandeau sur les yeux. Le dénouement sera sans appel, et forcément tragique. Nous devons profiter de l’opportunité paradoxale et inédite que nous offre le Fmi pour rebattre ensemble les cartes, et revoir l’ambition du projet humain. C’est l’ultime occasion de redonner du sens au combat pour le bonheur de l’Ivoirien.
J-S Lia liasylve@yahoo.fr