x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

International Publié le mardi 17 février 2009 | Nord-Sud

Offensive chinoise en Afrique : Qu`est ce qui effraie les Occidentaux ?

Les échanges entre la Chine et l’Afrique gagnent en volume. Au grand dam des Occidentaux qui sont en train de perdre du terrain sur le continent noir.

L’offensive tous azimuts de la Chine en Afrique ne laisse pas indifférents les Occidentaux, jaloux de voir arriver un concurrent dans leur «chasse gardée». Les commentaires entendus ici et là sur la visite actuelle du président chinois Hu Jintao à Bamako, Dakar, Dar-es-Salam et Port-Louis montrent à souhait que l’idylle entre le continent le plus pauvre et l’Empire du milieu effraie les pays industrialisés. Cette crainte apparait dans les médias qui se font l’écho de la peur que suscite le «péril jaune» chez les grands groupes européens dans le «pré-carré». Les termes «Chinafrique» ou «Chine à fric» ont été inventés pour montrer que les entreprises du pays de Mao ne viennent que piller les ressources africaines et trouver des débouchés pour leurs produits finis. On trouve «immorales» ces pratiques, mais venant de la part des concurrents directs soucieux de préserver leurs intérêts, cela ne pèse pas réellement lourd. Surtout si l’on se réfère aux antécédents des Européens en Afrique. Les manœuvres de la «Françafrique» sont encore frais dans les mémoires. Certes les ressortissants de l’ancienne puissance communiste ne sont pas des philanthropes car dans la bataille économique, les arrière-pensées intéressées ne sont jamais absentes dans les relations entre les Etats. Mais la méthode du géant asiatique pour séduire les Africains rompt avec celle des gouvernants du Vieux monde.

Au moment où l’Europe se montre «avare» ou soumet son aide financière au respect de certaines conditions, le pays le plus peuplé du monde inonde le continent noir de dons et prêts à des taux surprenants. Le président Hu Jintao a été perçu comme le père Noël jeudi dernier à Bamako. Son pays s’engage à livrer dans quarante mois le 3ème pont de la capitale malienne d’un coût de plus de 33 milliards Fcfa. «Les Chinois disent ce qu’ils font et font ce qu’ils disent», s’est exclamé le président Amadou Toumani Touré devant ce don présenté comme «le plus grand projet jamais réalisé en Afrique de l’Ouest» par Pekin. Ce genre de gestes se compte par milliers dans un continent pauvre en infrastructures. De nombreux stades de football (Dakar, Ouagadougou, Banjul, Nouakchott), palais présidentiels, salles de spectacle (Palais de culture de Treichville), centres de conférences internationales (Abidjan, Nouakchott), routes etc. ont été offerts gracieusement par l’Empire du milieu à ses partenaires des tropiques. «Une amitié en béton», a indiqué un dirigeant africain en qualifiant ces ouvrages qui sont autant des réalisations vitales que des joyaux architecturaux. Au plan commercial, le volume des échanges entre le continent noir et la Chine a été multiplié par deux en quatre ans. De 50 milliards de dollars en 2006, il a atteint les milliards en 2008.

Au plan diplomatique, Pékin a su conquérir le cœur des Africains en apportant son soutien sans faille aux dirigeants du continent qui ont maille à partir avec les Américains et les Européens. Le président soudanais Omar el-Béchir, ennemi juré des Occidentaux à cause de la guerre au Darfour, a eu la peau sauve grâce aux Chinois qui ont toujours fait barrière à sa traduction devant la Cour pénale internationale (Cpi).

Au plus fort de la crise en Côte d’Ivoire, la Chine s’est rangée au côté du régime d’Abidjan lors du vote des résolutions présentées par la France au Conseil de sécurité de l’Onu. A la grande satisfaction du président Laurent Gbagbo qui n’a pas manqué de saluer la «grande amitié» entre son pays et le pays de Hu Jintao. Beijing, peu exigeant en matière de respect des droits de l’Homme et de bonne gouvernance et se gardant de donner des leçons de démocratie à ses partenaires, fait la différence avec les vieilles démocraties. A preuve, cette déclaration du Premier ministre Wen Jiabao au Cap (Afrique du Sud) en 2006:«Nous ne voulons pas exporter nos propres valeurs et notre modèle de développement» est allée droit au cœur de nombreux gouvernants africains. Grâce à sa diplomatie du «carnet de chèques» et son partenariat «gagnant-gagnant», l’Empire du milieu a pu signer de nombreux contrats «juteux» qui vont lui procurer de nombreuses matières premières. Par ces petites touches, Pékin a pu séduire l’Afrique au grand dam des pays occidentaux incapables de freiner “l’invasion jaune” sur un continent qui était jusque-là considéré comme leur «jardin».

Nomel Essis
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Titrologie

Toutes les vidéos Titrologie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ