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Politique Publié le mercredi 18 février 2009 | Notre Voie

Résistance des Com’zones à l’application de Ouaga IV : Les manœuvres dilatoires de Soro

Les Ivoiriens ont placé beaucoup d’espoir dans le 4ème accord complémentaire à l’Accord politique de Ouagadougou signé le 18 décembre 2008. Malheureusement, l’espoir se transforme au fil du temps en désespoir au regard des difficultés créées dans son application par les ex-rebelles.

La communauté nationale et internationale a été informée, avant-hier, par la voix d’Alain Lobognon, directeur de la Communication des Forces nouvelles, que les com’zones cessent leurs activités à partir du 4 mars 2009. La première cérémonie de passation des charges aura lieu à Bouaké, quartier général de l’ex-rébellion. Ainsi, à compter de cette date, les préfets exerceront pleinement leur autorité dans la partie nord et ouest du pays occupée par une rébellion depuis septembre 2002. Selon Alain Lobognon, «ce jour-là, les Forces Nouvelles vont remettre officiellement la gestion des affaires publiques de la ville aux autorités préfectorales».

L’information devrait réjouir l’ensemble des Ivoiriens qui mènent une vie précaire depuis le coup d’Etat manqué contre le président de la République Laurent Gbagbo en septembre 2002. Mais elle constitue malheureusement un énième report. Et il est fort à parier que Guillaume Kigbafori Soro et ses amis des Forces nouvelles qui ont habitué la conscience collective à de faux bonds depuis le premier accord de paix conclu à Ouagadougou le 4 mars 2007 entre les deux parties ivoiriennes belligérantes récidiveront.

Au terme des négociations qui ont abouti à la signature du 3ème accord complémentaire à l’accord politique de Ouagadougou, les deux parties belligérantes ont convenu d’accélérer la restauration de l’autorité de l’Etat, le redéploiement de l’administration fiscale et douanière au plus tard le 30 janvier 2008. Les préfets et sous-préfets ont pu être affectés dans la zone CNO. Mais sans aucune autorité. Parce que les com’zones et les com’secteurs continuent d’administrer les localités du nord et de l’ouest du pays qu’ils occupent depuis le déclenchement de la guerre. Occultant cette réalité, le Premier ministre Guillaume Soro, par ailleurs secrétaire général des Forces nouvelles, a affirmé, en décembre 2008, depuis Paris, que «les préfets exercent pleinement leur autorité dans la zone nord et ouest». Certainement que la communauté internationale prompte à croire à ce genre de litanies s’est inscrite dans cette logique. Les Ivoiriens, pour leur part, ont difficilement accepté cette plaisanterie de mauvais goût. L’unicité des caisses de l’Etat non plus n’a pas connu meilleur début de mise à exécution. Les choses n’avançaient guère. Du moins en ce qui concerne les volets importants de la réunification du pays. Pour booster le processus de paix, les deux parties signataires des accords se retrouvent à nouveau à Ouagadougou. Le 22 décembre 2008, l’accord 4 est signé. Il contient un chronogramme précis et lisible. Il vise à résoudre la question militaire et la réunification définitive du pays. Les deux parties signataires conviennent que la mise en œuvre des dispositions de cet accord nécessite de nouveaux engagements financiers. Dans cette logique, les deux parties éprouvent l’urgence de restaurer l’autorité de l’Etat dans la zone CNO et procéder à l’unicité des caisses de l’Etat au plus tard le 15 janvier 2009. «Conscientes que le financement du processus de sortie de crise est de la responsabilité principale des Ivoiriens eux-mêmes, les deux parties ont décidé de la mise en oeuvre immédiate du redéploiement de l’administration fiscale et douanière dans la zone CNO sur la base de l’unicité des caisses, afin de permettre à l’Etat de disposer des recettes fiscales actuellement perdues et dont le recouvrement pourrait permettre le financement de certaines opérations du processus de paix. L’unicité des caisses devra être effective au plus tard le 15 janvier 2009», estiment les parties signataires. Qui décident aussi que la passation des charges entre les com’zones et les préfets devra être effective à la même date.
Début janvier 2009, les autorités de l’ex-rébellion décident de l’organisation d’un séminaire de sensibilisation des populations sur les nouvelles dispositions. A savoir la nouvelle vie à laquelle les populations restées longtemps en dehors des règles régissant l’Etat devraient s’adapter. A l’issue de ce séminaire, elles choisissent le 2 février 2009 pour la mise en route effective de l’opération de l’unicité des caisses de l’Etat et de la suppression des com’zones. Mais, coup de théâtre. A l’approche de cette date, les Forces nouvelles organisent un deuxième séminaire qui prend fin le 27 janvier. Deux jours avant la fin de ce séminaire, Guillaume Soro lui-même se rend à Bouaké le 25 pour appuyer les résolutions. Quatre missions d’information et de sensibilisation sont déployées dans la partie nord le 30 janvier. Selon l’agenda du Premier ministre, la mise en route officielle et à grande échelle de l’unicité des caisses de l’Etat devrait être effective à l’issue du rapport de synthèse de ces missionnaires. Les missions étant prévues pour prendre fin le 10 février. Guillaume Soro met à profit son séjour à Bouaké pour procéder au lancement de l’opération de l’unicité des caisses. Mais il remet à plus tard la passation des charges entre les com’zones et les préfets pourtant prévue en bonne place sur son agenda politique.

Aujourd’hui encore, l’opération de l’unicité des caisses entrée dans sa phase d’application reste très timide. Après la ferme promesse de M. Soro de faire avancer le processus d’unicité des caisses de l’Etat, la situation, selon une source à Bouaké, laisser planer le doute. A part quelques volontaires qui déclarent leurs engins roulants, rien ne semble bouger. A ce jour, nos sources révèlent que, depuis le lancement de l’opération au début de ce mois, il n’y a qu’une cinquantaine de mobylettes et une vingtaine de véhicules qui ont été dédouanées. La conséquence logique est que la Côte d’Ivoire aura des difficultés à boucler son budget 2009. Qui prend en compte les recettes douanières de la zone nord et ouest estimées en milliards de FCFA. Il en est de même pour les impôts qui sont aussi en souffrance dans cette partie du pays. Et, pourtant, face à l’assèchement des caisses de l’Etat, la communauté internationale financière n’a cessé d’encourager les parties ivoiriennes à réunifier au plus vite les deux caisses.

M. Soro n’a pu convaincre ses amis lors de son séjour à Bouaké. Les deux opérations phares qui sont le signal de la réunification du pays n’ont pu avoir lieu. Le Premier ministre Guillaume Soro s’est plutôt rendu le 4 février au Togo pour prendre part aux cérémonies commémoratives du 4ème anniversaire du décès du président Eyadéma. A la fin de son séjour togolais, Guillaume Soro a directement atterri à Abidjan. Alors même que son calendrier à Bouaké n’était pas encore bouclé. Certainement pour une urgence. Les missions n’ont pu faire la synthèse aussi à Bouaké. Elles sont rentrées à Abidjan. Résultat : rien de sérieux n’a pu être enregistré malgré la promesse ferme de M. Soro de mettre tout en œuvre afin que les taxes et impôts perçus par la Centrale (l’équivalent du ministère de l’Economie et des Finances chapeauté par le ministre Moussa Dosso de l’Enseignement technique, ndlr) pour le compte des ex-rebelles soient reversés dans les caisses de l’Etat. Tous ces exercices improductifs tiennent certainement à des contraintes et réticences. Et la décision prise par le ministre de l’Intérieur Désiré Tagro d’affecter 2000 agents de police dans la zone CNO est apparue aux yeux de ceux qui s’opposent à la paix comme une provocation. Tout porte à croire que Guillaume Soro manœuvre pour gagner du temps. La guerre rapporte gros.

Délon’s Zadé delonszade@yahoo.fr
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