Il est devenu dangereux de parcourir les 366 km de route qui relient le département de Dabou à celui de San Pedro.
Femmes violées, passagers tués et dépouillés de leurs biens, etc. Tel est le lot presque quotidien des usagers de la Côtière, axe long de 336 km. Cette situation a créé une véritable psychose. Pour conjurer le mauvais sort, tous ceux qui empruntent cette route pour se rendre à Grand-Lahou, Fresco, Sassandra et San-Pedro s’adonnent à un rituel. «Ici, chacun fait sa petite prière avant de monter dans le car, pour confier sa route à ses ancêtres, à ses mânes ou au Dieu Tout-Puissant, selon sa croyance, conscient du danger qui le guette», témoigne dame Lou Suzanne, une commerçante en partance pour Sassandra. L’inquiétude se lit sur les visages de tous les voyageurs qui doivent parcourir, que dis-je, affronter ladite route. Plus soucieux sont encore les conducteurs de cars. «Nous sommes souvent les premiers à prendre les balles, parce que si tu n’obéis pas à temps aux injonctions des coupeurs de route, tu es un homme mort », nous rapporte l’un d’eux. Et d’ajouter: «Entre nous les chauffeurs, nous nous appelons cadavres ambulants». Notre conversation avec ce dernier a réveillé de mauvais souvenirs chez une jeune fille qui fond en pleurs. L’histoire de S.R, environ 17 ans, est des plus dramatiques. Elle s’est retrouvée enceinte à 16 ans après avoir été violée par des coupeurs de route sur le tronçon Grand-Lahou-Fresco. «C’était au carrefour “Sedekou” l’année dernière. Il était 17 heures quand nous avons atteint ce lieu marqué par une longue crevasse. Le car roulait lentement. Après le nid-de-poule, cinq individus armés de fusils nous attendaient. Ils ont intimé l’ordre au chauffeur d’amener le car sur un chemin en dehors de la voie principale. Là, ils ont fouillé tout le monde, arraché argent, portable, etc. Après avoir fait coucher tous les passagers, ils ont pris les filles de côté pour les violer une à une. Nous étions cinq jeunes filles. Ma maman leur a demandé de la prendre à ma place. Ils lui ont donné un coup de crosse à la tête et elle s’est évanouie. Ces gens nous ont laissés tard dans la nuit. Après cela, je n’ai pas vu mes menstrues», raconte en larmes la jeune fille.
De fait, sur la Côtière, les premiers coupeurs de route se signalent à 12 Km après Dabou, au pont du village de Bouboury. Là, à la tombée de la nuit, ils dépouillent les passagers qui arrivent dans les deux sens. Cependant à Dabou, ils opèrent le plus souvent sur les pistes qui relient la ville aux villages alentours. Les bandits, informés des entrées d’argent de certains grands planteurs d’hévéa, dressent des barricades sur les routes tortueuses et étroites qui traversent leurs plantations. Et les dépouillent de leur avoir. Souvent, ils attendent les jours de marché pour agresser les femmes qui y viennent. L’exemple de trois coupeurs de route brûlés vifs par les villageois de Kpass (commune de Dabou) l’année dernière est encore vivace dans les esprits. Ces bandits avaient attaqué un car avec à son bord plusieurs femmes revenant du marché. Les paysans des gros campements qui jalonnent l’axe Grand-Lahou-Fresco, principalement Ira, N’Guessankro, Chantier, ne sont pas épargnés. Ils sont la cible quasi permanente de ces malfaiteurs qui écument cette zone cacaoyère. Les coupeurs de route, en véritables conquérants, se sont partagés la zone. Deux groupes, les plus significatifs, ont été répertoriés par les forces de l’ordre, l’un dans le secteur de Grand-Lahou et l’autre, dans la forêt classée de Fresco. Ils opèrent avec des téléphones mobiles pour communiquer les positions de leurs victimes. En effet, ils ont des complices postés à des gares, en face des banques, etc. qui leur donnent l’identité de la personne à attaquer. De même que le montant de la somme qu’elle détient, ainsi que le véhicule qu’elle a emprunté. Ils s’arment généralement de fusils à calibre 12 à canon scié, de coutelas, de pistolets artisanaux. Cependant, depuis l’avènement de la crise, ils utilisent de plus en plus des armes de guerre, notamment les kalachnikovs. La complicité dont ils jouissent au sein de la population se vérifie chaque jour. Yao Kouassi, après en avoir fait les frais, a quitté Fresco. «J’ai perdu mon fils aîné et mon jeune frère. Les coupeurs de route les ont tués froidement à la suite d’une dénonciation. Ce jour-là, mon frère cadet a accompagné mon fils, pour que celui-ci s’achète une moto à Abidjan. Tous les deux avaient au total 1.000.000 FCFA sur eux. Leur car a été attaqué entre le village et la grande voie. Mon fils et mon jeune frère en ont été extraits et abattus après que les assaillants ont pris leur argent. Depuis cette triste affaire, j’ai vendu tous mes biens et toutes mes plantations pour rentrer chez moi à Didiévi », explique notre interlocuteur rencontré à Fresco où il était venu établir des papiers administratifs pour ses enfants. Aux environs de Toupah, dans la sous-préfecture de Dabou, dame D.S., une riche commerçante qui détenait 1.500.000 FCFA, a été également extraite d’un car de transport par des inconnus armés jusqu’aux dents. Ils lui ont réclamé l’argent en précisant le montant. Surprise, elle le leur a néanmoins remis. La gendarmerie de Dabou alertée a procédé à un ratissage systématique de la zone, ce qui a permis de mettre le grappin sur le chef de la bande. Un certain Kaboré Banorgo Karim, qui a vite fait de montrer la cachette de ses complices avec qui de nombreuses armes ont été saisies.
Le 31 décembre dernier, des coupeurs de route ont occasionné un grave accident sur la voie Dabou-Sikensi faisant 2 morts et plusieurs blessés. Ce jour-là, une 504 conduite par Gohi Bi Serges a embarqué plusieurs passagers en cours de route. Parmi eux, un seul dit arriver à Sikensi. Les autres étant descendus, Gohi Bi se retrouve finalement seul dans la voiture avec son passager quand, à une vingtaine de km de Sikensi, à un tournant, ce dernier lui dit: «Gare la voiture et au plus vite…». Ce ton martial inquiète le conducteur qui accélère. Le passager assis sur la banquette arrière se jette sur lui pour l’obliger à s’arrêter. Une lutte s’engage entre les deux occupants de la 504. C’est en ce moment qu’un autre véhicule de transport surgit en sens inverse. La collision est inévitable. Le coupeur de route meurt sur le champ. Sur lui, aucune pièce administrative, sauf de faux billets de banque. Le chauffeur et d’autres blessés sont ramenés à l’hôpital méthodiste de Dabou. Le ratissage mené par la gendarmerie, pour retrouver d’éventuels complices du voyageur indélicat n’a pas porté de fruit.
Signalons que ces coupeurs de route sont pour la plupart, des ressortissants des pays de la Cedeao vivant dans les secteurs agricoles de la région. Ils disposent des troncs d’arbres sur les routes pour contraindre les cars à s’arrêter ou encore prennent position aux abords des crevasses qui, naturellement, obligent les conducteurs à ralentir.
On enregistre plus de victimes sur l’axe Grand-Lahou-Fresco baptisé “zone rouge” car lieu de prédilection de ces individus sans foi ni loi. En effet, il n’y a pas de semaine où des victimes ne tombent dans leur filet. Des endroits comme “carrefour de Sédekou”, “ la forêt classée ”, sont les repères de ces hors-la-loi. Tout voyageur qui a dépassé ces secteurs sans encombre peut pousser un ouf de soulagement. On a encore en mémoire l’affaire des deux jeunes filles de 14 et 17 ans violées dans les environs de cette forêt classée. Alors qu’elles circulaient paisiblement entre deux villages. Elles ont été interceptées par six gaillards sortis de la brousse. Ils les ont soumises à des assauts sexuels intenses. La plus jeune (14 ans), encore frêle, en serait morte. De peur des représailles, les parents de ces jeunes filles n’ont pas saisi la gendarmerie locale. «C’est comme ça ici, les populations, par peur de représailles, ne dénoncent jamais ces malfaiteurs aux forces de sécurité» a témoigné un gendarme sur place.
«Nous avons peur, ils ont des bras séculiers partout au sein de la population, même à la justice. Nous sommes condamnés à nous taire de peur de mourir comme les autres», renchérit L.M, un habitant de Yocoboué (Grand-Lahou).Dans la région même, les coupeurs de route et autres bandits de grand chemin narguent les autorités légales, et pour cause. «Il y a quelques mois, nous avons mis la main sur l’un des chefs influent des coupeurs de route. Ce récidiviste notoire avait à lui seul, 12 téléphones portables. Acculé, il a avoué tous ses forfaits. A notre grande surprise il nous a été demandé de le libérer. Ce que nous avons fait, car l’ordre étant venu “d’en haut”. Cela a créé une démotivation en notre sein», a révélé un gendarme qui a récemment servi dans la zone.
Gueu Edison
Option : Une nouvelle forme de terrorisme!
Une nouvelle forme de terrorisme s'installe à nos portes avec le phénomène des coupeurs de route qui, de plus en plus, abandonnent les méthodes classiques. En effet, les coupeurs de route étaient censés être des allogènes vivant dans la région ou souvent même des fils de la région. Leur méthode consistait à barrer la route avec des troncs d'arbres. De plus, leur moment de prédilection pour opérer, c'était la nuit. Cependant, depuis quelque temps, les usagers de la route voient émerger une nouvelle race de coupeurs de route. Ils opèrent à bord de véhicules 4 x 4 aux vitres teintées. Ils se mettent à des tournants et sifflent les cars à la manière des policiers. Des fois, ils sont en treillis ou portent des tenues avec des insignes de police. Certains pourchassent les voitures à bord de leurs 4 X 4 et leur barrent la voie. Ils opèrent, de plus en plus, en pleine journée. D'autres, pour ne pas se faire prendre, portent des cagoules de fortune. Tout est fait pour brouiller les pistes et compliquer la tâche des enquêteurs judiciaires. C'est dire qu'il y a une certaine organisation qui se met en place. Comment aujourd'hui peut-on arriver à distinguer sur nos routes les honnêtes citoyens des dangereux bandits qui circulent à bord de grosses cylindrées? Une autre facette de cette catégorie de braqueurs, c'est l'utilisation d'armes automatiques et de guerre comme la kalachnikov en lieu et place des coutelas et autres pistolets traditionnels qu'utilisaient leurs devanciers, il y a quelques années. Dans la sous-région, les coupeurs de route ont même changé de stratégie et de cibles. Au Cameroun, par exemple, ils ont pris des villages entiers en otage en 2001 dans le canton de Mayo-Rey. Ils exigeaient des villageois qu'ils leur remettent les tickets de vente de leurs productions agricoles ou les sommes correspondantes. Si en Côte d'Ivoire, on n'en est pas encore là, on n'en est pas loin. Les sentiers de gros campements agricoles sont devenus impraticables à cause des coupeurs de route. Alors question. Faut-il brûler ces hors-la-loi? Si les dangers d'une justice populaire comme cela se pratique au Bénin en la matière sont connus, il faut cependant trouver une option judiciaire qui découragerait cette nouvelle forme de terrorisme propre aux pays qui se partagent l'hémisphère sud.
par Gueu Edison
Diégba Kotro, maire de Fresco : “L’insécurité dans la zone est liée au sous- équipement de nos forces de l’ordre”
Interrogé sur l'insécurité qui règne à Fresco, le maire, M. Diegba Kotro, dit ne pas avoir de solution spécifique à ce problème. Selon lui, il faut aborder le problème dans un cadre général car l'Etat n'a pas doté les Forces de sécurité de moyens adéquats pouvant circonscrire l'insécurité sur tout le territoire national. "Il n'y a qu'à voir partout en Côte d'Ivoire, les gendarmes sont sous-équipés. Ils sont donc freinés dans leur élan par manque de logistique. Et Fresco qui est une zone de grande production agricole n'échappe pas à la règle, elle qui en fait les frais depuis quelques années", a expliqué le maire. Ainsi l'on pourrait amener les opérateurs économiques à aider la brigade à se doter de véhicules tout terrain et autres accessoires. Mais là le hic est que Fresco étant une petite localité, on peut les compter sur les doigts d'une main. Conscient de cet état de fait, le maire propose une autre approche, à savoir l'érection de Fresco en département afin qu'une fois installé, le Conseil général puisse équiper la gendarmerie, puisque la mairie avec son maigre budget n'y parviendra jamais. "C'est une requête que le maire ainsi que tous les cadres de la région de Fresco font à l'intention de l'Etat", a souligné M. Diegba Kotro.
Gueu Edison
Malgré sa réfection, la route n’est toujours pas en bon état
L’un des facteurs qui favorisent le phénomène des coupeurs de route est le mauvais état de la voie qui longe la Côtière. Celle-ci est truffée de crevasses béantes, de nids-de-poule qui obligent les chauffeurs à ralentir à ces endroits. Par exemple, de Grand-Lahou à Fresco, on met 3 heures sur un parcours de 79 km seulement. De quoi faire brûler d’impatience et accentuer la frayeur des passagers qui sont exposés à tout moment à une incursion de coupeurs de route sur la voie. C’est donc avec un ouf de soulagement que les populations ont accueilli l’avènement de la réfection de ce tronçon l’année dernière. Un an après, la mise en état de cette route, les trous sont rouverts aux mêmes endroits, sous le poids du flux routier intense. De quoi remonter les populations contre ceux qui ont exécuté les travaux routiers. Les responsables des entreprises qui avaient à charge les travaux, à savoir l’Ageroute, la Sonitra et le Bnetd sont unanimes pour dire qu’il ne s’agit que d’un saupoudrage. Etant donné que les 3 milliards dégagés par l’Etat ne pouvait en suffire à la réfection totale de la Côtière. «Pour tout dire, notre mission était de boucher les trous, pas autre chose. Cela doit être su par les populations», précise M. Konan Adrien, superviseur des travaux Ageroute. Signalons que le bitumage de la Côtière qui a été célébré avec faste en 1991 est un véritable casse-tête pour l’Etat, quant à son entretien. Des experts nous ont donné quelques explications. Selon M. Konan Adrien (Ageroute), la qualité du goudron utilisé dans le cadre de la côtière serait de moindre teneur et ne répondrait pas aux normes du trafic lourd qui se pratique sur cet axe. Il a même révélé qu’un bitume de qualité supérieure qui correspond au trafic lourd avait été envisagé par des techniciens. Cependant compte tenu du coût de ce matériau (1 Km de ce goudron vaut 2 milliards de nos francs), l’on a opté pour le ‘‘Sand asphalte” moins coûteux, utilisé sur les routes à faible trafic. Pour M. Konan, aujourd’hui, l’ idéal serait de procéder à un renforcement intégral de la Côtière comme c’est le cas pour l’axe Abidjan-Adzopé. Seulement voilà, une telle opération si elle a le mérite d’ériger une voie à durée centenaire (au moins 80 ans), coûterait la bagatelle de 80 milliards de F CFA à l’Etat de Côte d’Ivoire. C’est dire que la fin du calvaire des usagers de la Cotière n’est pas pour demain, eux qui continuent d’être la proie des coupeurs de route qui se font une véritable fortune sur le dos d’honnêtes voyageurs.
Gueu Edison
Focus : Les populations exigent une unité mobile
Face à la menace des coupeurs de route dur la côtière, une kyrielle de propositions ont été faites par la population. Au premier chef, une unité mobile entre Dabou et San-Pedro. C’est le Préfet de Grand-Lahou, M. René Agaud Edmond qui a amorcé le débat. «La couverture sécuritaire de la zone est insuffisante. 36 gendarmes seulement à Grand-Lahou. Il faut une brigade de gendarmerie à Yocoboué», a-t-il suggéré, avant de faire une proposition de taille pour l’ensemble de la Côtière. «II faut une brigade mobile pour sillonner la région jusqu’à San-Pedro», a recommandé le Préfet de Grand-Lahou. Il est suivi par les autorités politiques de la région. Pour le député de Grand-Lahou, M. Lakpa Amessan, l’Etat doit mettre une force spéciale au service de la côtière pour débusquer tous les malfrats qui y pullulent. Niamba Jean-Baptiste, 2ème adjoint au maire de Grand-Lahou, est plus précis. Selon lui, il faut que l’unité mobile parcourt la Côtière à longueur de journée dans les deux sens, afin de dissuader toute tentative de sabotage de la fluidité routière. Cependant, les transporteurs de la région, eux, ont une autre vision de la sécurité routière. Pour la plupart des responsables de transport interrogés sur la question, il serait plus pratique que les forces de sécurité en civil se mélangent aux passagers pour parer à toute éventualité. Cette proposition qui trouve l’assentiment des Fds en poste dans cette région, se heurte à un problème de gestion. «Qui va financer cette opération, car cela ne fait partie de notre mission originelle? Il va falloir s’adresser à un sponsor, alors que tout le monde sait que les transporteurs ne voudrons pas sortir de l’argent», nous a confié un commandant de brigade. Pour les transporteurs, les premiers, concernés dans cette affaire, l’Etat qui a le droit de protéger les citoyens doit financer cette opération. «Nous les transporteurs, payons des patentes à l’Etat, en cas d’incidents graves comme c’est le cas, nous qui sommes victimes devons être assistés par l’Etat», a indiqué l’un d’eux, qui a préféré garder l’anonymat. A côté de ceux-ci, une troisième catégorie de personnes opte pour le transport lagunaire et maritime. Elles estiment que développer le trafic par voie lagunaire ou maritime pour l’axe Abidjan-San-Pedro serait moins coûteux et surtout sécurisant. «Sur l’eau, il n’y a pas de coupeurs de route, et puis en longeant la côte cela permet de développer bien d’activités touristiques et la Côte d’Ivoire y gagnerait», a signalé un chef de canton, dans la sous-préfecture de Grand-Lahou. D’ailleurs, le Conseil général de ce département semble déjà faire la promotion de ce nouveau trafic. En effet M. Alfred Yao, son président, a engagé pour l’exercice annuel de 2008, la bagatelle de cent millions F CFA pour un projet qui permettra de relier Vridi à Grand-Lahou par voie maritime. Si le bateau bus coûte 75.000.000 F CFA, les 15.000.000 autres millions serviront à construire des débarcadères le long des différents villages qui serviront de quais.
Gueu Edison
Repères
Moyens. Vu l'état d'alerte permanente qui prévaut dans la zone, les brigades de gendarmerie de Fresco, Grand-Lahou et Dabou demandent des moyens de lutte adéquats qui se résument en des véhicules tout terrain (4 x 4) et des talkies-walkies. Alternative. A Grand-Lahou, les gens préfèrent longer la côte sur des pirogues, confectionnées à cet effet, pour échapper aux coupeurs de route. Les voyageurs quittent régulièrement Grand-Lahou pour Vridi par la lagune ou la mer. Le Conseil général de Grand-Lahou vient d'acheter un bateau-bus afin de permettre aux populations d'emprunter en toute sécurité cette nouvelle ligne. Poste d'observation. Zégban, une petite ville située à 8 km de Fresco, serait la capitale des coupeurs de route. Ils y viennent pour observer les voyageurs, organiser leurs attaques et même souvent partager le butin.
Quelques exemples de lutte: - faire des campagnes contre l'utilisation des instruments de guerre, interdire les films violents aux plus jeunes.
- Au Cameroun, siège un observatoire contre la violence ;
- Encadrer les jeunes en difficulté ;
- Lutter contre la prolifération des armes légères.
Yocoboué. Les coupeurs de route ont leur quartier général à 300 m de la résidence du nouveau sous-préfet de la localité. De quoi donner des sueurs froides au commandant.
Détour. Pour échapper aux coupeurs de route, les automobilistes se rendant à San-Pedro préfèrent emprunter l'autoroute du nord, continuer sur Tiassalé, Divo, Gagnoa, Soubré, Méagui avant d'arriver à destination. Même si cet itinéraire rallonge leur parcours de plus de 200 Km.
Femmes violées, passagers tués et dépouillés de leurs biens, etc. Tel est le lot presque quotidien des usagers de la Côtière, axe long de 336 km. Cette situation a créé une véritable psychose. Pour conjurer le mauvais sort, tous ceux qui empruntent cette route pour se rendre à Grand-Lahou, Fresco, Sassandra et San-Pedro s’adonnent à un rituel. «Ici, chacun fait sa petite prière avant de monter dans le car, pour confier sa route à ses ancêtres, à ses mânes ou au Dieu Tout-Puissant, selon sa croyance, conscient du danger qui le guette», témoigne dame Lou Suzanne, une commerçante en partance pour Sassandra. L’inquiétude se lit sur les visages de tous les voyageurs qui doivent parcourir, que dis-je, affronter ladite route. Plus soucieux sont encore les conducteurs de cars. «Nous sommes souvent les premiers à prendre les balles, parce que si tu n’obéis pas à temps aux injonctions des coupeurs de route, tu es un homme mort », nous rapporte l’un d’eux. Et d’ajouter: «Entre nous les chauffeurs, nous nous appelons cadavres ambulants». Notre conversation avec ce dernier a réveillé de mauvais souvenirs chez une jeune fille qui fond en pleurs. L’histoire de S.R, environ 17 ans, est des plus dramatiques. Elle s’est retrouvée enceinte à 16 ans après avoir été violée par des coupeurs de route sur le tronçon Grand-Lahou-Fresco. «C’était au carrefour “Sedekou” l’année dernière. Il était 17 heures quand nous avons atteint ce lieu marqué par une longue crevasse. Le car roulait lentement. Après le nid-de-poule, cinq individus armés de fusils nous attendaient. Ils ont intimé l’ordre au chauffeur d’amener le car sur un chemin en dehors de la voie principale. Là, ils ont fouillé tout le monde, arraché argent, portable, etc. Après avoir fait coucher tous les passagers, ils ont pris les filles de côté pour les violer une à une. Nous étions cinq jeunes filles. Ma maman leur a demandé de la prendre à ma place. Ils lui ont donné un coup de crosse à la tête et elle s’est évanouie. Ces gens nous ont laissés tard dans la nuit. Après cela, je n’ai pas vu mes menstrues», raconte en larmes la jeune fille.
De fait, sur la Côtière, les premiers coupeurs de route se signalent à 12 Km après Dabou, au pont du village de Bouboury. Là, à la tombée de la nuit, ils dépouillent les passagers qui arrivent dans les deux sens. Cependant à Dabou, ils opèrent le plus souvent sur les pistes qui relient la ville aux villages alentours. Les bandits, informés des entrées d’argent de certains grands planteurs d’hévéa, dressent des barricades sur les routes tortueuses et étroites qui traversent leurs plantations. Et les dépouillent de leur avoir. Souvent, ils attendent les jours de marché pour agresser les femmes qui y viennent. L’exemple de trois coupeurs de route brûlés vifs par les villageois de Kpass (commune de Dabou) l’année dernière est encore vivace dans les esprits. Ces bandits avaient attaqué un car avec à son bord plusieurs femmes revenant du marché. Les paysans des gros campements qui jalonnent l’axe Grand-Lahou-Fresco, principalement Ira, N’Guessankro, Chantier, ne sont pas épargnés. Ils sont la cible quasi permanente de ces malfaiteurs qui écument cette zone cacaoyère. Les coupeurs de route, en véritables conquérants, se sont partagés la zone. Deux groupes, les plus significatifs, ont été répertoriés par les forces de l’ordre, l’un dans le secteur de Grand-Lahou et l’autre, dans la forêt classée de Fresco. Ils opèrent avec des téléphones mobiles pour communiquer les positions de leurs victimes. En effet, ils ont des complices postés à des gares, en face des banques, etc. qui leur donnent l’identité de la personne à attaquer. De même que le montant de la somme qu’elle détient, ainsi que le véhicule qu’elle a emprunté. Ils s’arment généralement de fusils à calibre 12 à canon scié, de coutelas, de pistolets artisanaux. Cependant, depuis l’avènement de la crise, ils utilisent de plus en plus des armes de guerre, notamment les kalachnikovs. La complicité dont ils jouissent au sein de la population se vérifie chaque jour. Yao Kouassi, après en avoir fait les frais, a quitté Fresco. «J’ai perdu mon fils aîné et mon jeune frère. Les coupeurs de route les ont tués froidement à la suite d’une dénonciation. Ce jour-là, mon frère cadet a accompagné mon fils, pour que celui-ci s’achète une moto à Abidjan. Tous les deux avaient au total 1.000.000 FCFA sur eux. Leur car a été attaqué entre le village et la grande voie. Mon fils et mon jeune frère en ont été extraits et abattus après que les assaillants ont pris leur argent. Depuis cette triste affaire, j’ai vendu tous mes biens et toutes mes plantations pour rentrer chez moi à Didiévi », explique notre interlocuteur rencontré à Fresco où il était venu établir des papiers administratifs pour ses enfants. Aux environs de Toupah, dans la sous-préfecture de Dabou, dame D.S., une riche commerçante qui détenait 1.500.000 FCFA, a été également extraite d’un car de transport par des inconnus armés jusqu’aux dents. Ils lui ont réclamé l’argent en précisant le montant. Surprise, elle le leur a néanmoins remis. La gendarmerie de Dabou alertée a procédé à un ratissage systématique de la zone, ce qui a permis de mettre le grappin sur le chef de la bande. Un certain Kaboré Banorgo Karim, qui a vite fait de montrer la cachette de ses complices avec qui de nombreuses armes ont été saisies.
Le 31 décembre dernier, des coupeurs de route ont occasionné un grave accident sur la voie Dabou-Sikensi faisant 2 morts et plusieurs blessés. Ce jour-là, une 504 conduite par Gohi Bi Serges a embarqué plusieurs passagers en cours de route. Parmi eux, un seul dit arriver à Sikensi. Les autres étant descendus, Gohi Bi se retrouve finalement seul dans la voiture avec son passager quand, à une vingtaine de km de Sikensi, à un tournant, ce dernier lui dit: «Gare la voiture et au plus vite…». Ce ton martial inquiète le conducteur qui accélère. Le passager assis sur la banquette arrière se jette sur lui pour l’obliger à s’arrêter. Une lutte s’engage entre les deux occupants de la 504. C’est en ce moment qu’un autre véhicule de transport surgit en sens inverse. La collision est inévitable. Le coupeur de route meurt sur le champ. Sur lui, aucune pièce administrative, sauf de faux billets de banque. Le chauffeur et d’autres blessés sont ramenés à l’hôpital méthodiste de Dabou. Le ratissage mené par la gendarmerie, pour retrouver d’éventuels complices du voyageur indélicat n’a pas porté de fruit.
Signalons que ces coupeurs de route sont pour la plupart, des ressortissants des pays de la Cedeao vivant dans les secteurs agricoles de la région. Ils disposent des troncs d’arbres sur les routes pour contraindre les cars à s’arrêter ou encore prennent position aux abords des crevasses qui, naturellement, obligent les conducteurs à ralentir.
On enregistre plus de victimes sur l’axe Grand-Lahou-Fresco baptisé “zone rouge” car lieu de prédilection de ces individus sans foi ni loi. En effet, il n’y a pas de semaine où des victimes ne tombent dans leur filet. Des endroits comme “carrefour de Sédekou”, “ la forêt classée ”, sont les repères de ces hors-la-loi. Tout voyageur qui a dépassé ces secteurs sans encombre peut pousser un ouf de soulagement. On a encore en mémoire l’affaire des deux jeunes filles de 14 et 17 ans violées dans les environs de cette forêt classée. Alors qu’elles circulaient paisiblement entre deux villages. Elles ont été interceptées par six gaillards sortis de la brousse. Ils les ont soumises à des assauts sexuels intenses. La plus jeune (14 ans), encore frêle, en serait morte. De peur des représailles, les parents de ces jeunes filles n’ont pas saisi la gendarmerie locale. «C’est comme ça ici, les populations, par peur de représailles, ne dénoncent jamais ces malfaiteurs aux forces de sécurité» a témoigné un gendarme sur place.
«Nous avons peur, ils ont des bras séculiers partout au sein de la population, même à la justice. Nous sommes condamnés à nous taire de peur de mourir comme les autres», renchérit L.M, un habitant de Yocoboué (Grand-Lahou).Dans la région même, les coupeurs de route et autres bandits de grand chemin narguent les autorités légales, et pour cause. «Il y a quelques mois, nous avons mis la main sur l’un des chefs influent des coupeurs de route. Ce récidiviste notoire avait à lui seul, 12 téléphones portables. Acculé, il a avoué tous ses forfaits. A notre grande surprise il nous a été demandé de le libérer. Ce que nous avons fait, car l’ordre étant venu “d’en haut”. Cela a créé une démotivation en notre sein», a révélé un gendarme qui a récemment servi dans la zone.
Gueu Edison
Option : Une nouvelle forme de terrorisme!
Une nouvelle forme de terrorisme s'installe à nos portes avec le phénomène des coupeurs de route qui, de plus en plus, abandonnent les méthodes classiques. En effet, les coupeurs de route étaient censés être des allogènes vivant dans la région ou souvent même des fils de la région. Leur méthode consistait à barrer la route avec des troncs d'arbres. De plus, leur moment de prédilection pour opérer, c'était la nuit. Cependant, depuis quelque temps, les usagers de la route voient émerger une nouvelle race de coupeurs de route. Ils opèrent à bord de véhicules 4 x 4 aux vitres teintées. Ils se mettent à des tournants et sifflent les cars à la manière des policiers. Des fois, ils sont en treillis ou portent des tenues avec des insignes de police. Certains pourchassent les voitures à bord de leurs 4 X 4 et leur barrent la voie. Ils opèrent, de plus en plus, en pleine journée. D'autres, pour ne pas se faire prendre, portent des cagoules de fortune. Tout est fait pour brouiller les pistes et compliquer la tâche des enquêteurs judiciaires. C'est dire qu'il y a une certaine organisation qui se met en place. Comment aujourd'hui peut-on arriver à distinguer sur nos routes les honnêtes citoyens des dangereux bandits qui circulent à bord de grosses cylindrées? Une autre facette de cette catégorie de braqueurs, c'est l'utilisation d'armes automatiques et de guerre comme la kalachnikov en lieu et place des coutelas et autres pistolets traditionnels qu'utilisaient leurs devanciers, il y a quelques années. Dans la sous-région, les coupeurs de route ont même changé de stratégie et de cibles. Au Cameroun, par exemple, ils ont pris des villages entiers en otage en 2001 dans le canton de Mayo-Rey. Ils exigeaient des villageois qu'ils leur remettent les tickets de vente de leurs productions agricoles ou les sommes correspondantes. Si en Côte d'Ivoire, on n'en est pas encore là, on n'en est pas loin. Les sentiers de gros campements agricoles sont devenus impraticables à cause des coupeurs de route. Alors question. Faut-il brûler ces hors-la-loi? Si les dangers d'une justice populaire comme cela se pratique au Bénin en la matière sont connus, il faut cependant trouver une option judiciaire qui découragerait cette nouvelle forme de terrorisme propre aux pays qui se partagent l'hémisphère sud.
par Gueu Edison
Diégba Kotro, maire de Fresco : “L’insécurité dans la zone est liée au sous- équipement de nos forces de l’ordre”
Interrogé sur l'insécurité qui règne à Fresco, le maire, M. Diegba Kotro, dit ne pas avoir de solution spécifique à ce problème. Selon lui, il faut aborder le problème dans un cadre général car l'Etat n'a pas doté les Forces de sécurité de moyens adéquats pouvant circonscrire l'insécurité sur tout le territoire national. "Il n'y a qu'à voir partout en Côte d'Ivoire, les gendarmes sont sous-équipés. Ils sont donc freinés dans leur élan par manque de logistique. Et Fresco qui est une zone de grande production agricole n'échappe pas à la règle, elle qui en fait les frais depuis quelques années", a expliqué le maire. Ainsi l'on pourrait amener les opérateurs économiques à aider la brigade à se doter de véhicules tout terrain et autres accessoires. Mais là le hic est que Fresco étant une petite localité, on peut les compter sur les doigts d'une main. Conscient de cet état de fait, le maire propose une autre approche, à savoir l'érection de Fresco en département afin qu'une fois installé, le Conseil général puisse équiper la gendarmerie, puisque la mairie avec son maigre budget n'y parviendra jamais. "C'est une requête que le maire ainsi que tous les cadres de la région de Fresco font à l'intention de l'Etat", a souligné M. Diegba Kotro.
Gueu Edison
Malgré sa réfection, la route n’est toujours pas en bon état
L’un des facteurs qui favorisent le phénomène des coupeurs de route est le mauvais état de la voie qui longe la Côtière. Celle-ci est truffée de crevasses béantes, de nids-de-poule qui obligent les chauffeurs à ralentir à ces endroits. Par exemple, de Grand-Lahou à Fresco, on met 3 heures sur un parcours de 79 km seulement. De quoi faire brûler d’impatience et accentuer la frayeur des passagers qui sont exposés à tout moment à une incursion de coupeurs de route sur la voie. C’est donc avec un ouf de soulagement que les populations ont accueilli l’avènement de la réfection de ce tronçon l’année dernière. Un an après, la mise en état de cette route, les trous sont rouverts aux mêmes endroits, sous le poids du flux routier intense. De quoi remonter les populations contre ceux qui ont exécuté les travaux routiers. Les responsables des entreprises qui avaient à charge les travaux, à savoir l’Ageroute, la Sonitra et le Bnetd sont unanimes pour dire qu’il ne s’agit que d’un saupoudrage. Etant donné que les 3 milliards dégagés par l’Etat ne pouvait en suffire à la réfection totale de la Côtière. «Pour tout dire, notre mission était de boucher les trous, pas autre chose. Cela doit être su par les populations», précise M. Konan Adrien, superviseur des travaux Ageroute. Signalons que le bitumage de la Côtière qui a été célébré avec faste en 1991 est un véritable casse-tête pour l’Etat, quant à son entretien. Des experts nous ont donné quelques explications. Selon M. Konan Adrien (Ageroute), la qualité du goudron utilisé dans le cadre de la côtière serait de moindre teneur et ne répondrait pas aux normes du trafic lourd qui se pratique sur cet axe. Il a même révélé qu’un bitume de qualité supérieure qui correspond au trafic lourd avait été envisagé par des techniciens. Cependant compte tenu du coût de ce matériau (1 Km de ce goudron vaut 2 milliards de nos francs), l’on a opté pour le ‘‘Sand asphalte” moins coûteux, utilisé sur les routes à faible trafic. Pour M. Konan, aujourd’hui, l’ idéal serait de procéder à un renforcement intégral de la Côtière comme c’est le cas pour l’axe Abidjan-Adzopé. Seulement voilà, une telle opération si elle a le mérite d’ériger une voie à durée centenaire (au moins 80 ans), coûterait la bagatelle de 80 milliards de F CFA à l’Etat de Côte d’Ivoire. C’est dire que la fin du calvaire des usagers de la Cotière n’est pas pour demain, eux qui continuent d’être la proie des coupeurs de route qui se font une véritable fortune sur le dos d’honnêtes voyageurs.
Gueu Edison
Focus : Les populations exigent une unité mobile
Face à la menace des coupeurs de route dur la côtière, une kyrielle de propositions ont été faites par la population. Au premier chef, une unité mobile entre Dabou et San-Pedro. C’est le Préfet de Grand-Lahou, M. René Agaud Edmond qui a amorcé le débat. «La couverture sécuritaire de la zone est insuffisante. 36 gendarmes seulement à Grand-Lahou. Il faut une brigade de gendarmerie à Yocoboué», a-t-il suggéré, avant de faire une proposition de taille pour l’ensemble de la Côtière. «II faut une brigade mobile pour sillonner la région jusqu’à San-Pedro», a recommandé le Préfet de Grand-Lahou. Il est suivi par les autorités politiques de la région. Pour le député de Grand-Lahou, M. Lakpa Amessan, l’Etat doit mettre une force spéciale au service de la côtière pour débusquer tous les malfrats qui y pullulent. Niamba Jean-Baptiste, 2ème adjoint au maire de Grand-Lahou, est plus précis. Selon lui, il faut que l’unité mobile parcourt la Côtière à longueur de journée dans les deux sens, afin de dissuader toute tentative de sabotage de la fluidité routière. Cependant, les transporteurs de la région, eux, ont une autre vision de la sécurité routière. Pour la plupart des responsables de transport interrogés sur la question, il serait plus pratique que les forces de sécurité en civil se mélangent aux passagers pour parer à toute éventualité. Cette proposition qui trouve l’assentiment des Fds en poste dans cette région, se heurte à un problème de gestion. «Qui va financer cette opération, car cela ne fait partie de notre mission originelle? Il va falloir s’adresser à un sponsor, alors que tout le monde sait que les transporteurs ne voudrons pas sortir de l’argent», nous a confié un commandant de brigade. Pour les transporteurs, les premiers, concernés dans cette affaire, l’Etat qui a le droit de protéger les citoyens doit financer cette opération. «Nous les transporteurs, payons des patentes à l’Etat, en cas d’incidents graves comme c’est le cas, nous qui sommes victimes devons être assistés par l’Etat», a indiqué l’un d’eux, qui a préféré garder l’anonymat. A côté de ceux-ci, une troisième catégorie de personnes opte pour le transport lagunaire et maritime. Elles estiment que développer le trafic par voie lagunaire ou maritime pour l’axe Abidjan-San-Pedro serait moins coûteux et surtout sécurisant. «Sur l’eau, il n’y a pas de coupeurs de route, et puis en longeant la côte cela permet de développer bien d’activités touristiques et la Côte d’Ivoire y gagnerait», a signalé un chef de canton, dans la sous-préfecture de Grand-Lahou. D’ailleurs, le Conseil général de ce département semble déjà faire la promotion de ce nouveau trafic. En effet M. Alfred Yao, son président, a engagé pour l’exercice annuel de 2008, la bagatelle de cent millions F CFA pour un projet qui permettra de relier Vridi à Grand-Lahou par voie maritime. Si le bateau bus coûte 75.000.000 F CFA, les 15.000.000 autres millions serviront à construire des débarcadères le long des différents villages qui serviront de quais.
Gueu Edison
Repères
Moyens. Vu l'état d'alerte permanente qui prévaut dans la zone, les brigades de gendarmerie de Fresco, Grand-Lahou et Dabou demandent des moyens de lutte adéquats qui se résument en des véhicules tout terrain (4 x 4) et des talkies-walkies. Alternative. A Grand-Lahou, les gens préfèrent longer la côte sur des pirogues, confectionnées à cet effet, pour échapper aux coupeurs de route. Les voyageurs quittent régulièrement Grand-Lahou pour Vridi par la lagune ou la mer. Le Conseil général de Grand-Lahou vient d'acheter un bateau-bus afin de permettre aux populations d'emprunter en toute sécurité cette nouvelle ligne. Poste d'observation. Zégban, une petite ville située à 8 km de Fresco, serait la capitale des coupeurs de route. Ils y viennent pour observer les voyageurs, organiser leurs attaques et même souvent partager le butin.
Quelques exemples de lutte: - faire des campagnes contre l'utilisation des instruments de guerre, interdire les films violents aux plus jeunes.
- Au Cameroun, siège un observatoire contre la violence ;
- Encadrer les jeunes en difficulté ;
- Lutter contre la prolifération des armes légères.
Yocoboué. Les coupeurs de route ont leur quartier général à 300 m de la résidence du nouveau sous-préfet de la localité. De quoi donner des sueurs froides au commandant.
Détour. Pour échapper aux coupeurs de route, les automobilistes se rendant à San-Pedro préfèrent emprunter l'autoroute du nord, continuer sur Tiassalé, Divo, Gagnoa, Soubré, Méagui avant d'arriver à destination. Même si cet itinéraire rallonge leur parcours de plus de 200 Km.