Les médecins et techniciens de santé de Côte d'Ivoire ont entamé depuis hier matin, une grève dite, "d'avertissement de trois jours", avec un service minimum dans les hôpitaux publics.
Que de risques, pour réclamer l'application des mesures concernant une revalorisation de salaires ! C'est du moins l'explication donnée par le Secrétaire général du syndicat national des cadres supérieurs de la santé de Côte d’Ivoire (Synacass-ci) Dr. Atté Boka Ernest. Elle est reconductible 72 heures après, si le protocole d'accord conclu le 14 août 2007 entre le gouvernement et le Synacass-ci, pour la satisfaction de leurs revendications, n'est pas respecté. Mais, pour donner l'impression que les médecins possèdent en eux une conscience professionnelle, ils ont décrété une grève avec un service minimum. Rien que pour se donner de la contenance. Ils ont donc balayé du revers de la main, la déclaration du ministère de tutelle qui a qualifié leur grève d'“illégale”. C'est dire que les trois centres hospitaliers et universitaires (Chu) d'Abidjan, où seuls les services d'urgences recevaient des patients, vont fonctionner au ralenti, et cela, pendant trois jours et peut-être même plus. Assurément cette mesure ne réduira pas le nombre de morts, bien au contraire. Déjà en temps normal, le service hospitalier enregistre des pertes en vie humaine. Cette grève se transformera sans doute en une hécatombe pour les populations déjà éprouvées. Qu'adviendra-t-il avec un service minimum qui se résume seulement à une consultation rapide aux urgences, après quoi le médecin en service prend acte et… au revoir… Quitte au patient de se débrouiller pour avoir le remède qu'il lui faut pour se soulager. Traitement pour lequel il n'a reçu aucune ordonnance, après la rapide consultation. A qui va-t-on donc se plaindre, en cas de décès ? C'est ici toute la crainte des Ivoiriens. Les populations de Côte d'Ivoire sont scandalisées, rien qu'à y penser. Parce qu'elles s'en souviennent. Lors de l'arrêt de travail de deux semaines en septembre 2007, l'on a dénombré plusieurs victimes (des morts notamment) dans les rangs des malades admis dans les centres hospitaliers et universitaires (Chu) et hôpitaux généraux. Ces morts auraient pu être évitées si le gouvernement ivoirien avait ouvert très tôt la fenêtre de la négociation avec les acteurs de ce secteur. Aujourd'hui encore, ils remettent le couvert avec des responsabilités partagées. Les médecins clament leur bonne foi en pointant la responsabilité sur le gouvernement qui tarde à résoudre leurs problèmes. Des promesses se résumant à l'application dès janvier 2009, du décret portant régime indemnitaire particulier des cadres supérieurs de la santé et des personnels des emplois techniques de la santé, à l'octroi d'une augmentation indiciaire de 400 points, en faveur des cadres supérieurs de la Santé, au glissement catégoriel de 345 syndiqués qui ont plus de 13 ans de service etc. De son côté, le gouvernement, par la voix du ministre de la Fonction publique M. Hubert Oulaye, a brandi l'argument de la situation économique et financière difficile de la Côte d'Ivoire, au cours d'une rencontre le 3 février dernier. Alors que celui-ci avait rassuré, en décembre dernier, que le gouvernement tiendrait ses promesses. On le voit bien. Chaque camp prend les usagers des services de santé à témoin. Cette situation inquiète les populations qui auront à payer, une fois de plus, un lourd tribut à cette grève si le service minimum tant annoncé n'est scrupuleusement pas suivi. Bien qu'on leur reconnaisse leur droit à lutter pour obtenir de bonnes conditions de travail, l'extrémisme des hommes en blouse peut paraître comme un manquement à leur serment d'hypocrite. Puisqu'ils ont déposé les blouses blanches pour une revalorisation salariale et non pour salaires impayés. Le risque d'un tel acte est aussi grand que la mort. A méditer, pour un service minimum bien suivi.
Frimo Koukou Djipro
koukoudf@yahoo.fr
Que de risques, pour réclamer l'application des mesures concernant une revalorisation de salaires ! C'est du moins l'explication donnée par le Secrétaire général du syndicat national des cadres supérieurs de la santé de Côte d’Ivoire (Synacass-ci) Dr. Atté Boka Ernest. Elle est reconductible 72 heures après, si le protocole d'accord conclu le 14 août 2007 entre le gouvernement et le Synacass-ci, pour la satisfaction de leurs revendications, n'est pas respecté. Mais, pour donner l'impression que les médecins possèdent en eux une conscience professionnelle, ils ont décrété une grève avec un service minimum. Rien que pour se donner de la contenance. Ils ont donc balayé du revers de la main, la déclaration du ministère de tutelle qui a qualifié leur grève d'“illégale”. C'est dire que les trois centres hospitaliers et universitaires (Chu) d'Abidjan, où seuls les services d'urgences recevaient des patients, vont fonctionner au ralenti, et cela, pendant trois jours et peut-être même plus. Assurément cette mesure ne réduira pas le nombre de morts, bien au contraire. Déjà en temps normal, le service hospitalier enregistre des pertes en vie humaine. Cette grève se transformera sans doute en une hécatombe pour les populations déjà éprouvées. Qu'adviendra-t-il avec un service minimum qui se résume seulement à une consultation rapide aux urgences, après quoi le médecin en service prend acte et… au revoir… Quitte au patient de se débrouiller pour avoir le remède qu'il lui faut pour se soulager. Traitement pour lequel il n'a reçu aucune ordonnance, après la rapide consultation. A qui va-t-on donc se plaindre, en cas de décès ? C'est ici toute la crainte des Ivoiriens. Les populations de Côte d'Ivoire sont scandalisées, rien qu'à y penser. Parce qu'elles s'en souviennent. Lors de l'arrêt de travail de deux semaines en septembre 2007, l'on a dénombré plusieurs victimes (des morts notamment) dans les rangs des malades admis dans les centres hospitaliers et universitaires (Chu) et hôpitaux généraux. Ces morts auraient pu être évitées si le gouvernement ivoirien avait ouvert très tôt la fenêtre de la négociation avec les acteurs de ce secteur. Aujourd'hui encore, ils remettent le couvert avec des responsabilités partagées. Les médecins clament leur bonne foi en pointant la responsabilité sur le gouvernement qui tarde à résoudre leurs problèmes. Des promesses se résumant à l'application dès janvier 2009, du décret portant régime indemnitaire particulier des cadres supérieurs de la santé et des personnels des emplois techniques de la santé, à l'octroi d'une augmentation indiciaire de 400 points, en faveur des cadres supérieurs de la Santé, au glissement catégoriel de 345 syndiqués qui ont plus de 13 ans de service etc. De son côté, le gouvernement, par la voix du ministre de la Fonction publique M. Hubert Oulaye, a brandi l'argument de la situation économique et financière difficile de la Côte d'Ivoire, au cours d'une rencontre le 3 février dernier. Alors que celui-ci avait rassuré, en décembre dernier, que le gouvernement tiendrait ses promesses. On le voit bien. Chaque camp prend les usagers des services de santé à témoin. Cette situation inquiète les populations qui auront à payer, une fois de plus, un lourd tribut à cette grève si le service minimum tant annoncé n'est scrupuleusement pas suivi. Bien qu'on leur reconnaisse leur droit à lutter pour obtenir de bonnes conditions de travail, l'extrémisme des hommes en blouse peut paraître comme un manquement à leur serment d'hypocrite. Puisqu'ils ont déposé les blouses blanches pour une revalorisation salariale et non pour salaires impayés. Le risque d'un tel acte est aussi grand que la mort. A méditer, pour un service minimum bien suivi.
Frimo Koukou Djipro
koukoudf@yahoo.fr