Une affaire d’avion «pirate» ou «clandestin» (c’est selon), défraie la chronique à Abidjan depuis lundi dernier. Un aéronef HS-129 immatriculé 5 N- JMA de la compagnie Arik Air Nigéria est actuellement immobilisé sur le tarmac de l’aéroport Félix Houphouët-Boigny, sur recommandation de l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC). Le directeur général de l’ANAC, Jean Abonoua, s’est expliqué sur cette affaire devant la presse, mardi dernier. Si on ne peut rien reprocher au parton de l’ANAC pour avoir agi avec promptitude, il demeure cependant des zones d’ombre dans cette affaire. Pour mémoire, il est bon de savoir que l’aéronef en question a été affrété par des hommes d’affaires nigérians pour Abidjan, en vue de rencontrer les responsables d’une société pétrolière basée dans la capitale ivoirienne. Ces hommes devraient, aussitôt après la rencontre, repartir pour Lagos. A l’instar de tout autre avion, l’aéronef est soumis à une autorisation de survol et/ou d’atterrissage à l’aéroport Houphouët-Boigny. L’ANAC introduit une demande d’autorisation d’atterrissage auprès de l’Etat-Major particulier de la Présidence de la République, comme il est de coutume pour les vols charter. L’Etat major de la Présidence l’accorde sous le N.R : 107/ PR/ EMP/ du 16 /02/ 2009. Cela n’a pas été notifié à Arik Air Nigéria quand l’aéronef a atterri sur le tarmac avec une autorisation portant le code : Abidjan.100/ Pr / EMP/ 09. Premier point d’ombre : Qui a donné à l’équipage de l’aéronef, cette autorisation différente de celle venue de l’Etat Major particulier du chef de l’Etat? Y a-t-il eu des complicités à la Présidence de la République? Pourquoi tant de bruits autour d’une affaire qui paraît banale? Secundo, sur la fiche d’autorisation d’atterrissage, il n’est nullement mentionné le nombre de passagers à bord de l’appareil. Or, on nous apprend qu’il y en avait quatre plus les trois membres de l’équipage. Etaient-ils vraiment des hommes d’affaires? Il est prouvé aujourd’hui que l’aéronef de type Falcon n’est pas un avion ennemi. Pourquoi alors reste-t-il cloué au tarmac alors que ses occupants ont été autorisés à regagner le Nigeria? De même aucune indication n’est faite quant à la nature du fret. Cette affaire rappelle celle non moins étrange du Probo Koala du nom de ce navire battant pavillon panaméen, qui a déversé des tonnes de déchets toxiques à Abidjan en 2006 après avoir été autorisé par les autorités portuaires d’accoster. Au procès du 2e semestre, le responsable de la société Tomy qui avait réceptionné les déchets toxiques a dit n’être pas informé sur la nature réelle du produit et qu’il ne savait pas qu’il était toxique. Il est clair que les Ivoiriens voudront avoir des réponses claires aux questions relatives à cette affaire d’avion non autorisé et dont les passagers, non identifiés, ont déjà regagné leur pays. Car un chat échaudé a peur de l’eau froide, dit l’adage.
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté