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Politique Publié le jeudi 19 février 2009 | Le Patriote

Interview/ Malan Jean Paul (coordonnateur du PSCN) - “Nous avons donné la priorité à ceux qui ont touché aux armes”

En 2008, dans un contexte financier particulièrement difficile, l’Etat de Côte d’Ivoire a assuré au programme de Service Civique national, les moyens de son établissement et de son fonctionnement. A cet effort hautement appréciable, s’est ajouté celui important de l’Union Européenne et du Programme des Nations Unies pour le Développement, dont les apports techniques et financiers ont garanti la fonctionnalité du Programme. La réalisation d’actions significatives de formation et d’accompagnement à l’insertion socioprofessionnelle au bénéfice de populations cibles à Bouaké et à Man, ainsi que l’élaboration des documents clé de fonctionnement du programme en sont les principaux résultats. Sur cette base, on peut affirmer modestement que le Service Civique se porte bien malgré les difficultés du moment. C’est ce qui ressort de l’entretient de son Coordonnateur Jean Paul Malan.
Le Patriote: Vous avez dit que le service civique se porte bien. Mais, dans l’imagerie populaire, le programme cherche ses marques.
Jean-Paul Malan : On peut dire que les attentes sont énormes et nombreuses. Nous sommes dans un contexte de sortie de crise et tout le monde souhaite qu’on avance rapidement. Pour cela, il faut prendre le temps de bien préparer les choses, il faut mobiliser les ressources et il faut enfin que ces ressources soient disponibles. C’est ce travail qui a été fait en 2008.
L’année 2009 commence sous de bons auspices avec la perspective certaine d’un appui de la Banque Mondiale et de l’Union Européenne ( 11milliards de Fcfa) pour la prise en charge , la formation et l’insertion de douze mille bénéficiaires ainsi que la réhabilitation de trois nouveaux centres sur la période 2009-2010.
En outre, le Gouvernement, au titre du budget 2009, réaffirme son engagement en faveur du soutien à la mise en œuvre des actions de formation et de réinsertion des ex-combattants et des ex-jeunes de groupes d’auto-défense d’âge compris entre 18 et 35 ans, en faisant bénéficier le PSCN, des ressources nécessaires à la démultiplication de ses actions de terrain.
Assurément, 2009 constituera une étape décisive dans la réalisation de notre mission et une année d’envergure pour le Programme.
LP. Il y a quelques semaines vous avez lancé à grande échelle, le recrutement de votre personnel. Sommes-nous en droit de penser que c’est la mise en œuvre définitive du service civique sur toute l’étendue du territoire ?
JP M : Effectivement, vous avez pu voir dans les journaux qu’un appel à candidature a été lancé pour recruter environ une centaine de personnes à plusieurs postes. Ces personnes vont animer dans les prochains jours, les Centres de services civiques sur l’ensemble du territoire.
Ce personnel sera affecté précisément dans nos centres de : Guiglo, Man, Gotonguoiné, Bouaké, Guingreni à Boundiali, et M’Bahiakro.
A ces six centres déjà opérationnels, grâce à un financement de l’Union Européenne, il faudra ajouter trois nouveaux centres qui seront réhabilités cette année. Il s’agit des centres de Korhogo, Daloa et Bondoukou. Ce qui portera à neuf, les Centres de Service Civique en 2009.
Au fur et à mesure de la disponibilité des moyens, tous les anciens centres du service civique seront réhabilités sur l’ensemble du territoire national en vue d’accroître nos capacités d’accueil.
LP : Dans vos prévisions vous aviez évoqué la formation de 40.000 jeunes. Est-ce qu’avec vos difficultés de financement, ce projet reste réalisable ?
JP M : En réalité, aujourd’hui, dans notre pays, la question de la formation civique et citoyenne concerne tous les Ivoiriens même si les critères parlent de jeunes de 18 à 35 ans.
Dans le cadre de la sortie de crise, on avait effectivement estimé le nombre de personnes à former et à insérer par le Programme à environ 40.000.
Avec les difficultés financières évoquées, il est clair qu’il s’agit là d’un objectif qui s’inscrit dans la durée. Chaque année, nous faisons une programmation et cette année, nous tablons sur 8000 jeunes en tenant compte des moyens mis à notre disposition.
Nous bénéficions du soutien ferme de la Banque Mondiale et de l’Union Européenne. Ces deux instituions financent le Programme pour 11 milliards de FCFA sur deux ans (2009-2010) avec GTZ comme opérateur Technique. La convention a été signée le 11 février 2009, par le ministre de l’Economie et des Finances.
A côté de cet appui fort appréciable, le Gouvernement a inscrit au budget cette année, 5 milliards de FCFA pour le Service Civique. La mobilisation d’une partie importante de cette inscription nous permettra de démultiplier nos actions sur le terrain.
LP : Vous avez lancé, depuis quelques jours, une formation des éléments du GPP. Comment ont-ils été sélectionnés ?
JP M : Effectivement, tout le monde en parle. Souvenez-vous qu’il y a environ un mois et demi, le général Mangou Philippe, Chef d’Etat Major des Armées a démantelé un groupe d’auto défense ( GPP) qui résidait à l’hôtel Akwaba à Vridi. Et ce sont quelques uns parmi ces éléments que nous avons reçus. Le Service Civique étant volontaire, ce sont ces jeunes eux-mêmes qui se sont manifestés. Bien sûr, avec à leur tête, l’un de leur chef. Nous avons discuté avec eux. Nous avons vu leur profil. Etant donné, qu’ils ont été démantelés, pour nous c’était une cible. Et il fallait commencer quelque chose avec eux.
Grâce à un financement du PNUD et du Gouvernement de Côte d’Ivoire, nous avons lancé cette opération. L’opération se déroule d’ailleurs bien à la maison des retraités et à la maison des jeunes de Yopougon.
Ces jeunes suivent des formations civiques et citoyennes et apprennent des métiers. Ils resteront quatre mois avec nous. A près les formations théoriques et pratiques, ils recevront des appuis, sous forme de kits pour les aider à s’installer à leur propre compte.
Au même moment à Issia, nous avons ouvert depuis le 3 février 2009, avec l’implication de la Mairie et du conseil général, un centre provisoire de formation qui accueille cette fois, 100 bénéficiaires. Ces jeunes sont formés au civisme et aux métiers du transport. Ils resteront également 4 mois.
Nous avons également obtenu l’accord du ministre de la Défense pour offrir des formations en mécanique auto, peinture, chaud et froid à l’EGS en Zone 4. Ce seront 120 éléments des groupes d’auto défense d’Abidjan qui bénéficieront de cette formation d’ici la fin du mois de février.
Nous comptons beaucoup sur les ressources propres pour multiplier ce type d’actions aussi à Abidjan qu’à l’intérieur du Pays. Et le directeur Général du Trésor que nous avons rencontré a été très sensible à notre démarche. Elle nous a promis son soutien et nous lui disons merci pour ce qu’elle a déjà fait pour le Service Civique dans un contexte de forte tension de trésorerie.
Pour les actions d’envergure, sur financement de la Banque Mondiale et de l’ Union européenne, évoqué plus haut, nous allons ouvrir à partir du 24 février, le Centre de Guiglo avec 250 personnes , ensuite, Man : 200 bénéficiaires et Gotoguiné : 200 bénéficiaires, Guingréni : 150 bénéficiaires , Bouaké et M’Bahiakro enfin , tout cela en liaison avec la GTZ. Tous ces centres seront ouverts avant la fin du premier trimestre 2009. On le fera savoir à travers la presse.
LP : Est-ce que les éléments qui ont été démantelés par l’état major des armées ont été profilés ?
JP M : Le profilage a été annoncé il y a seulement une semaine. A partir du moment où ces éléments ont été démantelés, recensés et enregistrés sur une liste, cette dernière a été transmise effectivement au CCI qui est chargé de faire le profilage de ces éléments. Et nous avons eu la confirmation du Cci que ces éléments appartenaient effectivement à un groupe d’autodéfense. Et c’est comme cela que nous fonctionnons. Car, chaque fois que des éléments se présentent à nous, nous prenons soin de vérifier qu’ils appartiennent en effet à un groupe d’autodéfense. Et le seul moyen de le faire c’est de prendre attache ave le CCI.
LP : Jusque-là, seuls des ex combattants ou des groupes d’auto défense bénéficient du programme du SCN. Doit-on croire en définitive que le service civique ne se limite qu’à ces cibles ?
JP M : Non, ce n’est pas ce que nous disons. Le Service Civique s’adresse à l’ensemble des jeunes de 18 à 35 ans qui souhaitent venir au programme de façon volontaire. Le service civique a été créé pour tous les jeunes Ivoiriens. En tout cas, c’est le vœu du chef de l’état et du gouvernement.
C’est vrai, dans le cadre de la sortie de crise, les ressources étant limitées, nous avons donné la priorité à ceux qui ont touché aux armes.
Et au fur et à mesure, le programme sera étendu à tous les jeunes ivoiriens. Avec le volet du Programme financé par la Banque et l’Union Européenne, nous introduisons parmi les bénéficiaires une catégorie « des jeunes à risques ». Ce sont des jeunes sans qualification qu’il faut absolument prendre en compte dans les programmes de réinsertion.
LP : Que faites-vous de ces jeunes après leur formation ?
JP M : Après les formations théoriques et pratiques, ces jeunes sont installés à leur propre compte dans les métiers qu’ils ont appris. Et nous les suivons durant cette phase d’installation pour être sûr qu’ils mettent bien en œuvre ce qu’ils ont appris et font bon usage des kits reçus. Ce travail est fait avec l’aide des cabinets qui ont participé aux formations de base.
LP : A qui revient la charge des kits d’installation ?
JP M : Le kit d’installation comprend les outils, les équipements et autres accompagnements offerts au bénéficiaire, en fonction du métier choisi. On aura le kit de l’électricien, du plombier, du maçon, du couturier, de la mécanique, etc.
L’acquisition des kits est à la charge du Programme. C’est une façon pour le programme, d’accompagner les jeunes dans leur futur métier.
LP : Il est dit dans les accords complémentaires de Ouaga que chaque ex combattant qui est démobilisé aura droit à la somme de 500.000 FCFA. Comment la question est-elle réglée au niveau du service civique ?
JP M : Effectivement, c’est une décision qui a été prise au cours du dernier accord complémentaire de Ouaga.
Les modalités pratiques de la mise en œuvre de cette décision seront définies et portées à la connaissance de tous. C’est un travail qui se fait au Cabinet du Premier ministre.
réalisée par Coulibaly Brahima
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