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Économie Publié le vendredi 20 février 2009 | Fraternité Matin

Affaires étrangères : Le ministre et les diplomates accordent leurs violons

Malgré la crise et la conjoncture économique difficile que connaît le pays depuis plus de six ans, nous avons fait des efforts substantiels. Le gouvernement est parvenu à améliorer le statut de certains corps de métier: l’administration préfectorale, les magistrats, les médecins et les diplomates.» Cette déclaration, faite par le Président de la République lors de la cérémonie de présentation des vœux de nouvel an de la nation au palais de la présidence, diversement interprétée, a failli mettre le feu aux poudres. En tous cas, les jeunes diplomates, en voulant prendre le Chef de l’Etat aux mots, ont initié, début février, un mouvement d’humeur dont s’est saisie par la suite, l’union syndicale des diplomates de carrière du ministère des Affaires étrangères. La réunion d’information du 11 février a permis de trouver une issue favorableLe mécontentement des diplomates s’articule autour de deux points essentiels: le blocage du mouvement diplomatique depuis 2008 et le retard observé dans la signature du décret d’application de leur statut spécial. Lequel a été adopté le 27 décembre 2007 par l’Assemblée nationale et promulgué sous le n°2007-669 et publié dans le journal officiel du jeudi 13 mars 2008. Le décret portant statut du Corps diplomatique dans le titre V en son article 43, stipule: «Dans le cadre du déroulement de la carrière, le Mouvement diplomatique s’étend du redéploiement régulier et statutaire du membre du Corps diplomatique entre les services de l’Administration centrale et les missions diplomatiques et postes consulaires d’une part, et entre les services extérieurs d’une part. Il s’agit notamment de l’affectation, de la mutation et du rappel». Et l’article 44 de préciser la périodicité du mouvement: «Le Mouvement diplomatique a lieu tous les ans. Les règles et modalités d’exécution du Mouvement diplomatique sont fixées par décret pris en Conseil des ministres». Comme second motif de mécontentement, les diplomates de carrière et leur syndicat comprennent difficilement que, alors que le Président de la République met en avant les efforts du gouvernement en faveur de leur Corps, ils n’aient jusque-là senti les effets financiers de la mise en application de leur statut spécial. Et ils ne paient pas de mine pour soupçonner leur ministre de vouloir faire du dilatoire et de refuser de présenter à signature du Président de la République les décrets d’application. Deux revendications fort légitimes, mais posées à contre-temps, faute d’informations utiles. Lors des débats parlementaires pour adoption du statut spécial du Corps diplomatique, le premier depuis 1960, le ministre des Affaires étrangères avait convaincu les parlementaires réticents du fait des effets financiers que devrait induire ce statut des diplomates, en regard de la tension de la trésorerie de l’Etat. Il était parvenu à leur arracher le vote dudit statut en indiquant que les décrets d’application seraient exécutés une fois que la situation économique du pays serait redevenue normale. Les diplomates, du reste dans la salle, avaient souscrit à cette idée tant le statut leur donnait de nombreux avantages. Dans le titre III, section I qui a trait aux Droits et avantages, l’article 20 indique: «le Conjoint non membre du Corps diplomatique qui est amené à suivre le membre du Corps diplomatique affecté dans une mission diplomatique ou poste consulaire, perçoit une indemnité mensuelle». L’article 21 accentue les acquis: «Le membre du Corps diplomatique en service dans une mission diplomatique ou poste consulaire a droit à un congé de soixante jours à passer en Côte d’Ivoire, au terme de deux années de service effectif. Durant ce congé, il conserve l’intégralité de son traitement». Les congés lui sont également dus et payés conséquemment. L’article 26 dit à cet effet: «A son rappel à l’Administration centrale, le membre du Corps diplomatique a droit à trois mois de congé pour le service accompli en poste à l’étranger. Pendant ces mois de congé pour services rendus en poste à l’étranger, le membre du Corps diplomatique perçoit la contre-valeur en monnaie locale l’intégralité du traitement auquel il a eu régulièrement droit durant son séjour à l’étranger». Comment parvenir à se battre et à arracher aux parlementaires la promesse du Président de la république de donner un statut spécial aux diplomates et sacs être soupçonné de vouloir agir comme le margouillat, pour s’opposer à l’application dudit statut? Le ministre des Affaires étrangères est un diplomate de carrière et il bénéficie autant que tous les autres des avantages substantiels qu’offre ce statut. Ce n’est un secret pour personne, la Côte d’Ivoire sort de crise et tout fonctionne en urgence. Le Président de la République n’a de cesse de demander au ministre de l’Economie et des Finances, hormis le fonctionnement de l’Etat, de mobiliser l’essentiel des ressources financières pour le financement du programme de sortie de crise. Parce qu’il faut «aller vite, vite… aux élections». Le ministre des Affaires étrangères compte également avec cette réalité. Le Mouvement diplomatique, arrêté depuis août 2008, n’a pu être exécuté parce qu’il a un coût. Même avec les diplomates sans véritables charges familiales, il n’a pas été totalement possible de faire le redéploiement. La tendance comme dans bien des pays y compris ceux développés comme le Japon, est à la concentration des représentations diplomatiques. Il faut donc aux diplomates. un peu plus de compréhension comme ils l’ont toujours montré. Ils ont une fonction de représentation et partiront dès que possible. La mise en œuvre de leur statut commande qu’aucune des étapes ne soit bâclée pour éviter d’autres désagréments. Les décrets d’application doivent être approuvés par les ministres de la Fonction publique et de l’Emploi et de l’Economie et des Finances, en dernier ressort, après avoir évalué le coût financier. Les trois ministres devront soutenir le projet et le défendre en conseil de gouvernement et des ministres pour qu’il soit signé par le Président de la République et entre en vigueur. Avec le budget ambitieux de 2009 et le point de décision et l’initiative PPTE qui sont à portée de main du gouvernement, le ministre de l’Economie et des finances devra faire diligence en volant au secours de son collègue des Affaires étrangères.

Franck A. Zagbayou
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