“Ils ont brûlé mon bureau… ", déclare monsieur Mamadou Koulibaly, le Président de notre inénarrable Assemblée Nationale, deuxième personnalité du pays, au journal télévisé de 20 heures de la grande RTI.
"Ils ont brûlé notre Assemblée Nationale ", reprend "Le Nouveau Réveil" à sa " UNE " du lundi 16 février 2009.
La République est en feu ! Les flammes atteignent la République ! pouvons-nous renchérir.
Quand le bureau de la deuxième personnalité du pays part en fumée, c'est bien la République qui est en feu ! Après les flammes des magasins ORCA DECO, entièrement calcinés par un violent incendie dans la nuit du vendredi 12 au samedi 13 janvier 2007, après les flammes du grand marché de Cocody dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 janvier2007, après l'incendie qui a ravagé le Trésor dans la nuit du vendredi 28 au samedi 29 janvier 2007 et les flammes officielles de la paix à Bouaké le lundi 30 juillet 2007, on croyait en avoir fini, pour un bon bout de temps, avec les incendies. Que nenni.
Car, avec l'incendie survenu le samedi 14 février 2009 au matin, cette fois-ci à l'Assemblée Nationale, nous nous rendons compte que le cycle infernal se poursuit et que le feu, après les marchés et les usines, a décidé, devant le silence des autorités, de s'en prendre désormais aux symboles de l'Etat. Et si on s'en tient aux explications qui tendent à faire croire que l'incendie survenu à l'Assemblée Nationale a pour cause la vétusté du bâtiment, on est alors légitimement fondé à se dire que le Palais de la Présidence de la République risque aussi de partir en fumée si rien n'est fait, un de ces jours, puisque ce bâtiment est aussi vieux, sinon plus vieux que celui de l'Assemblée National.
Y a t-il d'ailleurs un seul bâtiment public qui, à l'heure actuelle, n'est pas rongé par la vétusté ? La télévision ne nous montre t-elle pas de temps en temps des reportages sur l'état dans lequel se trouvent certaines des Tours administratives qui naguère faisaient la fierté des Ivoiriens que nous sommes ? Jusque là, l'on n'a pas encore déploré de pertes en vies humaines au cours de ces incendies parce que de façon providentielle, ils se sont déclarés soit pendant la nuit, soit à une heure où il n'y avait personne dans lesdits bâtiments. Que se passerait-il si un violent incendie (nous touchons du bois), se déclarait à 10 heures, un jour de travail, au deuxième étage d'un immeuble au Plateau ? A t-on déjà géré une telle catastrophe dans notre pays ? Ces interrogations devraient nous amener à approfondir le débat et à nous préoccuper sérieusement de ce qui se passe. Pourquoi est-ce que tout part en fumée ? Quelles sont les mesures qui ont été prises chaque fois qu'un incendie a ravagé un édifice public pour que les autres ne connaissent pas le même sort ?
Il y a trop d'incendie dans notre pays. Jugez-en vous mêmes en prenant seulement la période du 1er décembre 2007 au 14 février 2009.
Le samedi 1er décembre 2007, l'usine de la société Industrap, une société spécialisée dans la peinture et située dans la zone industrielle de Yopougon est partie en fumée. Le 20 janvier 2008, quand des gamins ont voulu débusquer des rats et autres souris dans les hautes herbes de la cour du CAFOP de la ville de Man, ce sont les bâtiments qui ont trinqué, dévastés qu'ils ont été, par le feu allumé par les bambins qui ont usé d'une méthode bien connue dans notre pays et qui a déjà fait ses preuves dans les régions de savane.
Dans la nuit du samedi 9 février 2008, le laboratoire de biologie animale de l'Université d'Abobo-Adjamé a été calciné par un incendie. Le silence qu'il y a eu à l'époque autour de cet incendie de la part des autorités compétentes continue de nous choquer.
Le lundi 11 février 2008, c'est en direct sur le plateau du journal télévisé de 20 heures de la RTI 1ère chaîne, que le peuple de Côte d'Ivoire a été informé de la survenue d'un incendie dans la salle d'éclairage du bâtiment technique de notre télévision. Le lundi 16 février 2009, le chef de l'Etat a déclaré à propos de cet incendie, que la télévision a été sauvée parce que les sapeurs pompiers étaient non loin de là, en train d'éteindre un feu survenu dans un bus de la Sotra. Que serions-nous devenus sans la Sotra?
Le 12 février 2008, cette fois-ci, c'est le repos éternel des morts qui a été troublé à Yamoussoukro quand les flammes ont léché les tombes du cimetière municipal du quartier Kokrénou, calcinant toutes les tombes modernes et autres gerbes de fleurs déposées par les parents et amis des morts.
Le 13 mars 2008, ce fut le tour du Centre Culturel de la ville d'Affery de partir en fumée. On n'en sait rien, au jour d'aujourd'hui, sur l'origine de cet incendie.
Le grand marché d'Abobo a été visité par le feu dans la nuit du mercredi 9 avril 2008. Dans cette commune, les flammes, clémentes, n'ont léché que le dixième de la superficie totale du marché.
Dans la nuit du lundi 21 au mardi 22 juillet 2008, c'est la société Polymousse, située à Yopougon et spécialisée dans la fabrication de matelas, qui a été entièrement dévastée part un incendie, causant des dégâts matériels estimés à 700 millions FCFA.
Le lundi 4 août 2008, le grand marché de la ville d'Abengourou a été entièrement calciné par les flammes suite à un violent incendie dont l'origine reste encore un mystère total. Le Préfet de Région, Préfet d'Abengourou, monsieur Marie François Gragbé, constatant les dégâts, a déclaré : " …dommage, on va réfléchir pour éviter que cela arrive prochainement… ". Ouf !
Le marché d'Anono, dans la commune de Cocody, est parti en fumée le mardi 14 octobre 2008. " on a tout perdu. Qui a fait ça ? Qu'est-ce qu'on va devenir ? ", avaient interrogé les commerçants. Questions restées sans réponse.
"Construit dans un marécage, dans du poto poto… ", selon le chef de l'Etat (15 décembre 2008 à Gagnoa, notre voie 19/08), la boue n'a pu empêcher le grand marché de Gagnoa de partir entièrement en fumée dans la nuit du samedi 20 octobre 2008. Le préjudice subi par les 1039 commerçants de ce marché s'élève selon leur porte-parole, Lassissi Karim, à 1.981.604.703 FCFA. " Est-ce normal que tous les marchés du pays brûlent ? ", s'était écrié le chef de l'Etat.
Trois jours seulement après le marché de Gagnoa, ce fut le tour du marché de Belleville, dans la commune de Treichville, d'être détruit six semaines seulement après sa réouverture (un incendie l'avait ravagé trois mois plus tôt), par un autre incendie survenu dans la nuit du samedi 29 au dimanche 30 novembre 2008. Signalons avant de poursuivre que le marché de Belleville est le 38ème marché ivoirien qui part en fumée depuis 1985 et le sixième grand marché qui brûle en 18 mois, sans que les enquêteurs ne parviennent jamais à en déterminer les causes réelles. Sans doute fatigué de traîner sa bosse dans les marchés, le dieu des incendies a changé de stratégie en ce début d'année en s'en prenant d'abord, dans la nuit du vendredi 9 au samedi 10 janvier 2009, à la cité universitaire (cité rouge) de Cocody qu'il a incendié avant de brûler le bureau du président de l'Assemblée Nationale, le samedi 14 février 2009.
Jusque-là, aucune des nombreuses enquêtes ouvertes depuis des années après chaque incendie n'a donné des réponses claires sur l'origine de tous ces incendies qui ravagent nos édifices publics et qui s'en prennent à présent aux symboles de la République. Chaque fois, c'est le même scénario. Un incendie ravage un bâtiment. Les sapeurs pompiers, tant bien que mal, parviennent à l'éteindre en profitant pour démontrer combien de fois ils sont démunis. Les autorités arrivent, constatent et déplorent les dégâts, font quelques discours appropriés et confient le soin aux enquêteurs de déterminer les causes de l'incendie en affirmant dans le même temps que c'est la vétusté du bâtiment qui est à la base dudit incendie.
Les enquêteurs qui ne sont pas dupes, rangent alors leurs instruments et rentrent chez eux ou essaient tant bien que mal de faire un travail sérieux. Mais les résultats ne sortent pas et on avance. Il faut arrêter cette attitude qui consiste à hausser les épaules et à poursuivre son chemin devant un sinistre. L'ampleur des incendies dans notre pays est telle qu'on ne devrait plus les considérer comme des faits divers mais plutôt comme de vrais problèmes de société auxquels il faut apporter des solutions en ouvrant le débat. A moins qu'on ait fait le choix, après l'Assemblée Nationale, d'accepter que le Palais Présidentiel parte une nuit, en fumée en ridiculisant tout le peuple. Car, quand le bureau du président de l'Assemblée Nationale part en fumée, c'est toute la République qui est en flammes. Il faut faire profil bas et ouvrir le débat avant que l'irréparable ne se produise.
Par ASSALE TIEMOKO
"Ils ont brûlé notre Assemblée Nationale ", reprend "Le Nouveau Réveil" à sa " UNE " du lundi 16 février 2009.
La République est en feu ! Les flammes atteignent la République ! pouvons-nous renchérir.
Quand le bureau de la deuxième personnalité du pays part en fumée, c'est bien la République qui est en feu ! Après les flammes des magasins ORCA DECO, entièrement calcinés par un violent incendie dans la nuit du vendredi 12 au samedi 13 janvier 2007, après les flammes du grand marché de Cocody dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 janvier2007, après l'incendie qui a ravagé le Trésor dans la nuit du vendredi 28 au samedi 29 janvier 2007 et les flammes officielles de la paix à Bouaké le lundi 30 juillet 2007, on croyait en avoir fini, pour un bon bout de temps, avec les incendies. Que nenni.
Car, avec l'incendie survenu le samedi 14 février 2009 au matin, cette fois-ci à l'Assemblée Nationale, nous nous rendons compte que le cycle infernal se poursuit et que le feu, après les marchés et les usines, a décidé, devant le silence des autorités, de s'en prendre désormais aux symboles de l'Etat. Et si on s'en tient aux explications qui tendent à faire croire que l'incendie survenu à l'Assemblée Nationale a pour cause la vétusté du bâtiment, on est alors légitimement fondé à se dire que le Palais de la Présidence de la République risque aussi de partir en fumée si rien n'est fait, un de ces jours, puisque ce bâtiment est aussi vieux, sinon plus vieux que celui de l'Assemblée National.
Y a t-il d'ailleurs un seul bâtiment public qui, à l'heure actuelle, n'est pas rongé par la vétusté ? La télévision ne nous montre t-elle pas de temps en temps des reportages sur l'état dans lequel se trouvent certaines des Tours administratives qui naguère faisaient la fierté des Ivoiriens que nous sommes ? Jusque là, l'on n'a pas encore déploré de pertes en vies humaines au cours de ces incendies parce que de façon providentielle, ils se sont déclarés soit pendant la nuit, soit à une heure où il n'y avait personne dans lesdits bâtiments. Que se passerait-il si un violent incendie (nous touchons du bois), se déclarait à 10 heures, un jour de travail, au deuxième étage d'un immeuble au Plateau ? A t-on déjà géré une telle catastrophe dans notre pays ? Ces interrogations devraient nous amener à approfondir le débat et à nous préoccuper sérieusement de ce qui se passe. Pourquoi est-ce que tout part en fumée ? Quelles sont les mesures qui ont été prises chaque fois qu'un incendie a ravagé un édifice public pour que les autres ne connaissent pas le même sort ?
Il y a trop d'incendie dans notre pays. Jugez-en vous mêmes en prenant seulement la période du 1er décembre 2007 au 14 février 2009.
Le samedi 1er décembre 2007, l'usine de la société Industrap, une société spécialisée dans la peinture et située dans la zone industrielle de Yopougon est partie en fumée. Le 20 janvier 2008, quand des gamins ont voulu débusquer des rats et autres souris dans les hautes herbes de la cour du CAFOP de la ville de Man, ce sont les bâtiments qui ont trinqué, dévastés qu'ils ont été, par le feu allumé par les bambins qui ont usé d'une méthode bien connue dans notre pays et qui a déjà fait ses preuves dans les régions de savane.
Dans la nuit du samedi 9 février 2008, le laboratoire de biologie animale de l'Université d'Abobo-Adjamé a été calciné par un incendie. Le silence qu'il y a eu à l'époque autour de cet incendie de la part des autorités compétentes continue de nous choquer.
Le lundi 11 février 2008, c'est en direct sur le plateau du journal télévisé de 20 heures de la RTI 1ère chaîne, que le peuple de Côte d'Ivoire a été informé de la survenue d'un incendie dans la salle d'éclairage du bâtiment technique de notre télévision. Le lundi 16 février 2009, le chef de l'Etat a déclaré à propos de cet incendie, que la télévision a été sauvée parce que les sapeurs pompiers étaient non loin de là, en train d'éteindre un feu survenu dans un bus de la Sotra. Que serions-nous devenus sans la Sotra?
Le 12 février 2008, cette fois-ci, c'est le repos éternel des morts qui a été troublé à Yamoussoukro quand les flammes ont léché les tombes du cimetière municipal du quartier Kokrénou, calcinant toutes les tombes modernes et autres gerbes de fleurs déposées par les parents et amis des morts.
Le 13 mars 2008, ce fut le tour du Centre Culturel de la ville d'Affery de partir en fumée. On n'en sait rien, au jour d'aujourd'hui, sur l'origine de cet incendie.
Le grand marché d'Abobo a été visité par le feu dans la nuit du mercredi 9 avril 2008. Dans cette commune, les flammes, clémentes, n'ont léché que le dixième de la superficie totale du marché.
Dans la nuit du lundi 21 au mardi 22 juillet 2008, c'est la société Polymousse, située à Yopougon et spécialisée dans la fabrication de matelas, qui a été entièrement dévastée part un incendie, causant des dégâts matériels estimés à 700 millions FCFA.
Le lundi 4 août 2008, le grand marché de la ville d'Abengourou a été entièrement calciné par les flammes suite à un violent incendie dont l'origine reste encore un mystère total. Le Préfet de Région, Préfet d'Abengourou, monsieur Marie François Gragbé, constatant les dégâts, a déclaré : " …dommage, on va réfléchir pour éviter que cela arrive prochainement… ". Ouf !
Le marché d'Anono, dans la commune de Cocody, est parti en fumée le mardi 14 octobre 2008. " on a tout perdu. Qui a fait ça ? Qu'est-ce qu'on va devenir ? ", avaient interrogé les commerçants. Questions restées sans réponse.
"Construit dans un marécage, dans du poto poto… ", selon le chef de l'Etat (15 décembre 2008 à Gagnoa, notre voie 19/08), la boue n'a pu empêcher le grand marché de Gagnoa de partir entièrement en fumée dans la nuit du samedi 20 octobre 2008. Le préjudice subi par les 1039 commerçants de ce marché s'élève selon leur porte-parole, Lassissi Karim, à 1.981.604.703 FCFA. " Est-ce normal que tous les marchés du pays brûlent ? ", s'était écrié le chef de l'Etat.
Trois jours seulement après le marché de Gagnoa, ce fut le tour du marché de Belleville, dans la commune de Treichville, d'être détruit six semaines seulement après sa réouverture (un incendie l'avait ravagé trois mois plus tôt), par un autre incendie survenu dans la nuit du samedi 29 au dimanche 30 novembre 2008. Signalons avant de poursuivre que le marché de Belleville est le 38ème marché ivoirien qui part en fumée depuis 1985 et le sixième grand marché qui brûle en 18 mois, sans que les enquêteurs ne parviennent jamais à en déterminer les causes réelles. Sans doute fatigué de traîner sa bosse dans les marchés, le dieu des incendies a changé de stratégie en ce début d'année en s'en prenant d'abord, dans la nuit du vendredi 9 au samedi 10 janvier 2009, à la cité universitaire (cité rouge) de Cocody qu'il a incendié avant de brûler le bureau du président de l'Assemblée Nationale, le samedi 14 février 2009.
Jusque-là, aucune des nombreuses enquêtes ouvertes depuis des années après chaque incendie n'a donné des réponses claires sur l'origine de tous ces incendies qui ravagent nos édifices publics et qui s'en prennent à présent aux symboles de la République. Chaque fois, c'est le même scénario. Un incendie ravage un bâtiment. Les sapeurs pompiers, tant bien que mal, parviennent à l'éteindre en profitant pour démontrer combien de fois ils sont démunis. Les autorités arrivent, constatent et déplorent les dégâts, font quelques discours appropriés et confient le soin aux enquêteurs de déterminer les causes de l'incendie en affirmant dans le même temps que c'est la vétusté du bâtiment qui est à la base dudit incendie.
Les enquêteurs qui ne sont pas dupes, rangent alors leurs instruments et rentrent chez eux ou essaient tant bien que mal de faire un travail sérieux. Mais les résultats ne sortent pas et on avance. Il faut arrêter cette attitude qui consiste à hausser les épaules et à poursuivre son chemin devant un sinistre. L'ampleur des incendies dans notre pays est telle qu'on ne devrait plus les considérer comme des faits divers mais plutôt comme de vrais problèmes de société auxquels il faut apporter des solutions en ouvrant le débat. A moins qu'on ait fait le choix, après l'Assemblée Nationale, d'accepter que le Palais Présidentiel parte une nuit, en fumée en ridiculisant tout le peuple. Car, quand le bureau du président de l'Assemblée Nationale part en fumée, c'est toute la République qui est en flammes. Il faut faire profil bas et ouvrir le débat avant que l'irréparable ne se produise.
Par ASSALE TIEMOKO